Quatre-vingt sept pour sang

Ayé ! Poutine, il est réélu haut la main, en place pour les six années à venir. Ce n'est que justice, Poutine est aimé par les citoyens russes, c'est quasiment le meilleur dirigeant qui ait jamais existé dans ce beau et noble pays. En plus, il est beau, intelligent et vachement fort en empathie et il n'a pas attendu Macron pour œuvrer en faveur de l'aide à mourir. Le fait est que les jeux n'étaient pas faits. Jusqu'à peu, il restait encore quelques candidats d'opposition mais, et c'est un grand malheur, ils sont tous morts dans de terribles conditions. Du côté du Kremlin, on recherche activement les 13% de personnes qui se sont trompées en choisissant de voter pour quelqu'un d'autre que Vladimir Vladimirovitch. Les médecins russes estiment qu'il convient de proposer toute une gamme de soins très efficaces à ces malades mentaux.
Poutine lui même a été surpris par sa réélection. Selon quelques sources bien informées proches du pouvoir, le guide suprême aurait rechigné à terminer son repas tellement il était anxieux et tendu. C'est avec un grand soulagement qu'il a pris note de la victoire, avec soulagement mais aussi avec beaucoup d'émotion et d'humilité. Il a remercié le peuple russe avant d'aller se laver les dents.

Ça ne nous rajeunit pas

Je viens de me rendre compte que ce mois ci marque la sortie du premier album des Bérurier Noir, groupe 'punk" ou "alternatif" français nettement engagé politiquement. Je ne pourrais pas dire quand j'ai découvert les Bérus. Sans doute pas lors de la sortie de cet album. Sans doute un peu après.


Il y a donc une quarantaine d'années (à quelques minutes près), je découvrais ce groupe majeur de la scène "punk" française. Jusque là, en matière de punkitude, je m'étais un peu arrêté aux fondamentaux, aux Sex Pistols, à The Clash et à Television, trois groupes (anglais pour les deux premiers, étazunien pour le troisième) apparus vers 1977.
J'ai pu voir les Bérurier Noir en concert lors du Printemps de Bourges de 1987. Un grand moment, un concert avec plein de groupes invités, une nuit de musique punk qui m'a marqué. Je me souviens d'une ambiance assez incroyable avec des punks parés de tous les accessoires nécessaires comme les épingles à nourrice, les jeans troués, les Doc Martens ou les rangers, les blousons de cuir ou les T-shirts, les crêtes vertes ou rouges ou jaunes ou bleues, les maquillages noirs et, bien sûr, les canettes de bière. Pas une seule baston, pas de problème particulier durant toute la nuit. Impeccable.
Au petit matin, les oreilles bourdonnantes, il y avait une foule à la gare de Bourges. Une foule de punks qui avait conduit la SNCF à ne pas ouvrir la gare. Au moment où le train arrivait pour Châteauroux, les voitures étaient prises d'assaut. L'idée était de rejoindre Châteauroux pour prendre la correspondance soit vers Paris, soit vers Toulouse. Bien sûr, il n'y avait pas grand monde à être muni de son billet dûment composté. A un moment, un contrôleur arrive pour faire son métier. Il demande son billet au premier venu, il commence à sortir son carnet d'amendes et il se fait encercler par des punks dissuasifs. Il tente de continuer mais bon, il se dit que, finalement, bon, hein…
Par contre, il y avait un comité d'accueil à Châteauroux, peut-être une dizaine de flics. Je ne sais pas trop bien ce qu'il s'est passé à partir de ce moment. Moi, je me suis esquivé et j'ai attendu le train qui allait me conduire vers Brive à l'extérieur de la gare. Pour tout dire, j'avais bien un titre de transport, délivré par les autorités militaires.
Par la suite, j'ai suivi un peu cette scène du rock alternatif français avec les Garçons bouchers, Pigalle, la Mano Negra et les Négresses vertes… Les Bérus reviennent de temps à autres dans l'actualité avec un nouveau concert, un nouvel album. J'avoue ne plus suivre le groupe et ce qu'il fait.

Cyber-attaques russes

Hier, j'écoutais sur LCP[1] les débats relatifs à l'accord signé avec l'Ukraine pour leur fournir des aides matérielles et autres dans le conflit actuel avec la Russie. C'était assez intéressant, mine de rien. Par exemple, personne parmi les députés·es présents·es n'a pris la défense de Poutine. Tout le monde semble reconnaître le statut d'agresseur pour la Russie et celui de victime pour l'Ukraine. C'est déjà ça.
Bon. Il y a bien eu quelques moments dérangeants comme celui où un député (MoDem me semble-t-il) a martelé combien nous avions des points commun avec le peuple ukrainien et combien l'Ukraine était proche de nous géographiquement. Hormis le fait que l'Ukraine soit un pays chrétien (enfin vous comprenez ce que je veux dire, ce n'est pas une théocratie), je ne vois pas bien. La couleur de peau ? Non parce que de l'histoire commune, on en a beaucoup plus avec pas mal de pays africain, par exemple. Il se trouve même que pour certains, ces pays sont "chrétiens" eux aussi. Des pays où l'on parle français, aussi. Par contre, oui, on ne va pas se le cacher, on n'a pas exactement la même pigmentation.
Que partage-t-on donc avec l'Ukraine ? A mon avis, ce n'est pas cela qui est important. Je suppose qu'il est honorable de défendre ce pays contre la Russie et qu'il est bon de défendre d'une manière générale la démocratie face à la dictature. Maintenant, devrions-nous déployer les mêmes efforts pour défendre la démocratie dans des pays africains ? La question mérite que l'on y réfléchisse. Lorsque l'on refuse l'accueil à des Africains et que, dans le même temps, on ouvre grands nos bras aux Ukrainiens, il y a un petit malaise. Tant mieux pour les quelques Ukrainiens qui ont choisi de partir de leur pays, hein.

Au cours de ce débat, on a insisté sur le fait que nous sommes déjà en guerre contre la Russie. La guerre des années 2020 n'est plus celle d'autrefois. Aujourd'hui, la guerre se fait par exemple avec des cyber-attaques qui perturbent les services de l'État ou par la propagation de fausses informations. Pour contrer cela, la France pourrait se couper d'Internet et revenir au Minitel. On peut en rire mais il fut un temps où la France était en avance sur le reste du monde dans le domaine des télécommunications.

Cyber-attaques russes
Sortez vos minitels !

Il y avait un aspect assez anxiogène dans ce débat avec un appel à relancer l'industrie militaire, la production d'explosifs (comme à Bergerac la poudre), d'armements, de véhicules. Bien sûr, ça peut faire penser que nous nous dirigeons vers un conflit ouvert avec la Russie et, comme l'a proposé Macron, un envoi de militaires français sur le terrain.
Il a été dit qu'il ne fallait pas être lâche. Il a été fait mention des accords de Munich de 1938 durant lesquels un accord est signé entre le Royaume-Uni, la France, l'Italie et l'Allemagne pour ce que l'on appelle la crise des Sudètes. On a alors voulu croire que Hitler s'arrêterait là et que, bon, finalement, la Tchécoslovaquie, on s'en bat un peu les couilles. Là, il est fait un parallèle avec Poutine qui ne s'arrêterait pas à l'Ukraine et souhaiterait s'attaquer au reste des pays de l'ancien bloc soviétique. C'est de la spéculation mais nous ne sommes pas dans la tête de Poutine. Poutine qui n'hésite pas à braquer la menace nucléaire, tout de même.
Et puis, peut-être bien que l'Europe doit réfléchir à son réarmement à l'heure où, du côté des USA, on semble ne plus vouloir trop s'occuper de ce qui se passe ailleurs. Gabriel Attal parle d'une économie de guerre et, bien que je ne sois pas un spécialiste (ni de l'économie ni de la guerre), je vois vaguement ce que cela signifie. D'ici à ce que l'on nous dise qu'il y a enfin du travail pour tous…
Hier, on parlait d'énergie et on peut en reparler aujourd'hui. Avec son gaz et son pétrole (en plus de la sidérurgie et de l'industrie), la Russie a des avantages sur les pays européens. Je veux bien que nous soyons en mesure de fabriquer de superbes avions de chasse ou des drones militaires de toute beauté, la question est de savoir comment on équipera tout ça en belle électronique le jour où la Chine refusera de nous vendre les composants nécessaires.
Faites provision de sucre, de pâtes, de conserves. On ne sait jamais.

Note

[1] La Chaîne parlementaire

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