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Astronomie, le bêta rame

Le 7 mars, François Bayrou, accompagné de Elisabeth Borne et de Aurore Bergé, était invité à une matinée organisée au Muséum national d’Histoire naturelle sur les "Femmes en science". En préambule, il précise qu'il n'est pas du genre féminin et il nous prouve par la suite n'être pas plus une lumière.
Alors, je le sais, il ne faut pas se moquer, il ne faut pas tirer sur l'ambulance et l'erreur est humaine. Moi, ça m'amuse de voir un type aussi prétentieux s'imaginer ramener sa science devant un parterre de scientifiques et ne se rendre compte de sa bêtise qu'à l'extrême fin de sa prise de parole.
Vous pouvez voir et surtout entendre le premier ministre dans ses œuvres en cliquant sur l'image qui suit (source le Figaro).

Macron reste populaire

Selon ce que l'on m'a reporté, avec 21% de satisfaits Macron atteint là son plus beau record d'impopularité depuis 2017 parvenant même à dépasser celui enregistré lors de l'épisode des Gilets jaunes. Nous ne pouvons que l'encourager à continuer sur cette voie et lui souhaitons de bientôt découvrir les abysses insondables. Bravo Manu !

A côté de la plaque

Dans ma poursuite de l'apprentissage du logiciel Blender, j'ai eu l'idée de modéliser une plaque émaillée. Mes premiers essais ont été assez catastrophiques et j'ai eu besoin de demander l'aide de Didier, utilisateur du logiciel depuis de nombreuses années et créateur de la chaîne Youtube "Blender en français" dans laquelle il propose des tutoriels à mon avis très formateurs.
Grâce à lui, j'ai mieux compris comment m'y prendre pour la réalisation de cette plaque. Pour l'image elle-même qui allait être plaquée sur la plaque, je suis parti d'une photo que j'avais faite de métal rouillé. Dans le logiciel Affinity Photo (peu ou prou l'équivalent de Photoshop ou de GIMP ou d'autres logiciels du genre) j'ai utilisé beaucoup de calques et de masques pour donner un aspect réaliste de plaque abimée. Ensuite, il a suffit de plaquer cette image sur la surface de la modélisation et de faire un rendu.

Fausse plaque émaillée
Plaque émaillée modélisée avec Blender

Démocratie représentative

Est-on vraiment représenté par l'Assemblée nationale ? Les députés·es et leur suppléant ou suppléante composent-ils un échantillon représentatif de la population ?
Pour 2023, l'INSEE présente un panorama des catégories socioprofessionnelles selon le sexe ou l'âge (source). On peut voir que sur 1000 personnes (pour supprimer les virgules), on trouve 15 agriculteurs, 67 artisans, commerçants et chefs d'entreprises, 224 cadres, 251 professions intermédiaires, 252 employés, 186 ouvriers et 5 "non déterminés". Dans ces catégories, on ne compte pas les personnes qui ne sont pas en emploi (retraités, chômeurs, personnes en situation de handicap et autres)
Pour les sondages, on s'appuie sur un échantillon représentatif de la population d'environ 1000 personnes. On ne se base pas uniquement sur les catégories socioprofessionnelles, on tient compte d'autres facteurs absents ici mais on va dire qu'on s'en fout. La représentation de la population à l'Assemblée nationale n'est pas en accord avec la réalité de la population française, c'est à ça que je veux en venir.

Sur le site de l'Assemblée nationale, on trouve une liste des députés par catégorie socioprofessionnelle (source). J'ignore si celle-ci est à jour.
Il en ressort que les catégories les plus présentes sont les cadres de la fonction publique, professions intellectuelles et artistiques avec 188 personnes, les cadres d'entreprise avec 120 personnes et les professions libérales et assimilés avec 80 personnes. Rien que ces trois catégories engrangent 388 personnes. On ne trouve qu'un technicien, un ouvrier agricole, un ouvrier non qualifié, inactif divers et un ancien employé et/ou ouvrier.
Il n'est certes pas impossible que l'on puisse être sensible aux questions qui intéressent le peuple tout en étant membre d'une certaine élite mais il ne me semble pas normal que l'on ne donne pas la parole aux intéressés·es d'une manière plus directe.
De plus, il est à mon avis un autre problème, c'est que beaucoup de ces députés·es sont en fait de vrais professionnels·les de la politique qui, c'est humain, pensent en premier lieu à assurer leur poste.
“La démocratie est le plus mauvais système de gouvernement - à l’exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l’histoire.”, a dit Churchill. Il prononce cette phrase alors qu'il n'est plus au commandes du pays. Il a été battu par le travailliste Clement Attlee en 1945. Il est donc dans l'opposition.
Cette phrase est tirée d'un discours à la Chambre des Lords dans lequel il dit également :

«Comment l'honorable gentleman conçoit-il la démocratie? Laissez-moi la lui expliquer, M. le président, ou au moins certain de ses éléments les plus basiques. La démocratie n'est pas un lieu où ou obtient un mandat déterminé sur des promesses, puis où on en fait ce qu'on veut. Nous estimons qu'il devrait y avoir une relation constante entre les dirigeants et le peuple. "Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple": voilà qui reste la définition souveraine de la démocratie. ... Démocratie, dois-je expliquer au ministre, ne signifie pas "Nous avons notre majorité, peu importe comment, et nous avons notre bail pour cinq ans, qu'allons-nous donc en faire?". Cela n'est pas la démocratie, c'est seulement du petit baratin partisan, qui ne va pas jusqu'à la masse des habitants de ce pays. et, plus loin :

Ce n'est pas le Parlement qui doit régner; c'est le peuple qui doit régner à travers le Parlement. avant le passage d'où est tirée la phrase restée célèbre :

Beaucoup de formes de gouvernement ont été testées, et seront testées dans ce monde de péché et de malheur. Personne ne prétend que la démocratie est parfaite ou omnisciente. En effet, on a pu dire qu'elle était la pire forme de gouvernement à l'exception de toutes celles qui ont été essayées au fil du temps ; mais il existe le sentiment, largement partagé dans notre pays, que le peuple doit être souverain, souverain de façon continue, et que l'opinion publique, exprimée par tous les moyens constitutionnels, devrait façonner, guider et contrôler les actions de ministres qui en sont les serviteurs et non les maîtres.

Aujourd'hui en France, nous avons eu des élections législatives et nous avons eu les résultats que nous connaissons. La situation est apparemment inextricable et Macron n'a pas l'intention d'aider le parlement à faire ce pour quoi il a été élu. Le seul "plan" qu'il semble avoir encore en main, c'est de laisser pourrir la situation pour dissoudre l'Assemblée dans un an et, peut-être, dans cette attente, de tenter de faire des accords avec la droite voire l'extrême droite.

Alors, oui, peut-être bien que la démocratie est la moins pire des formes de gouvernement mais il me semble qu'il serait bon qu'elle soit au moins réellement représentative de la population française dans sa composition.

Donc !

Tandis que Macron, ses sbires et sa clique s'acharnent à faire en sorte que l'extrême droite raciste prenne le pouvoir, pendant que les macronistes envahissent les plateaux de télévision et les studios des radios pour dire tout le mal qu'ils pensent de la France insoumise, organisation dangereuse et éloignée des principes élémentaires de la République, pour dire, aussi, comment eux seuls (les macronistes) peuvent représenter la seule voie envisageable pour que tout continue à aller bien dans ce pays, alors que Macron, Attal et les autres crétins clarifient leurs opinions en montrant qu'ils préfèrent le Rassemblement national à une coalition de gauche, il existe des personnes qui bricolent dans leur garage.

Ainsi Jean-Bertrand qui, avec l'idée de faire de substantielles économies, décide de construire sa motocyclette à partir d'éléments disparates puisés çà et là au petit bonheur la chance.
Las ! Jean-Bertrand n'est pas un bon bricoleur et n'a que quelques vagues notions en mécanique. Nous le voyons sur l'illustration ci-après insérée lors du tout premier essai de sa monture motorisée et on constate des soucis de serrage de boulons évidents. Tout fout le camp, rien ne tient, mais ce n'est que partie remise. Quoi qu'il en soit, nous saluons Jean-Bertrand et le félicitons pour son acharnement à rouler en deux roues motorisé.

moto en kit
Une belle motocyclette bricolée de bric et de broc



Et !

Appel à manifester
Soyons nombreux à combattre les idées d'extrême droite et son arrivée au pouvoir.

Collectif de vigilance et de lutte contre les extrêmes droites en Dordogne

L'inflation est une opportunité pour les foyers les plus modestes

Les Français sont amusants. Ils se pensent supérieurs à tous, s'imaginent une gloire sans nulle autre pareille, s'estiment phares de la pensée universelle, se racontent que leur gastronomie est la meilleure, voient leurs paysages, leurs monuments, leurs châteaux, leur histoire comme autant de merveilles que le reste du monde leur envie, persistent malgré les classements internationaux et les chiffres à se croire intelligents, glorifient leur langue pour mieux refuser d'en parler d'autres et ne comprennent pas que, tout autour de leurs frontières, on rit d'eux.
Le Français n'est jamais content. Il conteste, il revendique, il proteste, il se met en grève pour un oui et pour un non, il accuse les autres d'être à la source de ses malheurs et, pendant ce temps, alors que le monde avance, il recule. Le Français est un éternel reliquat du passé. Il ne sait pas vivre dans le présent, est incapable de penser l'avenir et se réfugie dans un passé fantasmé. Il est un peu pitoyable, si vous me permettez l'expression.
Le Français a ses valeurs bien à lui. Le vin, le fromage et le cassoulet. Il n'aime pas la réussite, est presque inquiet lors d'une victoire sportive, vit dans la crainte des mauvais jours, se rue sur les rouleaux de papier toilette à la moindre alerte, vitupère contre ceux qui gagnent, les riches. Le Français vit dans un monde clos. Ce qui est hors de ses limites territoriales n'existe pas. Il vit dans un monde imaginaire forgé de traditions qu'il croit millénaires. Il se dit que la France a su gagner des guerres et que l'ensemble des pays étrangers doivent bien comprendre qu'il ne fait pas bon s'attaquer à un puissant pays comme le sien, le meilleur, le plus beau, le plus fort. Il se persuade avoir encore de l'influence sur le reste du monde et est prompt au cocorico qui fait si bien sourire à l'extérieur. Pour tout dire, le Français est "has been". On ne peut pas être et avoir été et, si jamais la France a été grande un jour, ce n'est aujourd'hui qu'un pays en pleine décrépitude perdu dans une Europe qui patauge.

Et pourtant, il suffirait d'un peu de vision, d'un poil d'optimisme, d'une pincée d'intelligence supplémentaire pour que le Français perçoive la réalité et, surtout, la chance qu'il a. Par exemple, l'inflation. Il ne se passe pas un jour sans que l'on entende l'un ou l'autre de ces Français se plaindre (ça, il sait faire) de l'inflation. Et les prix qui s'envolent, et les fins de mois de plus en plus difficiles, et les repas que l'on doit sauter, et le prix de l'immobilier, la difficulté à trouver où se loger, le prix du carburant. Il accuse ses dirigeants, les dit incapables quand il ne les dit pas à la solde des plus riches, est contre les réformes. Il les a élus, il les a voulus, il les a eus, pourtant, ces dirigeants politiques.
Pour autant que je m'en souvienne, Emmanuel Macron a été choisi, voire plébiscité, sans que les électeurs et électrices soient menacés d'une arme dans l'isoloir. Le programme n'a jamais été caché, ce qu'il a fait, c'est peu ou prou ce qu'il avait dit qu'il allait faire. Le peuple de France n'a pas été pris en traitre et le passage d'Emmanuel Macron lors du quinquennat de François Hollande montrait bien la direction que celui-ci souhaitait pour le pays. Alors, que certains Français soient fâchés et auraient souhaité qu'il en aille autrement, c'est entendable mais, si l'on accepte l'idée de la démocratie et du scrutin majoritaire, il faut accepter.

Soyons sérieux. Voyons, tous ensemble, la chance incroyable, l'opportunité qui se présente à nous et, en particulier, à la France des plus modestes d'entre-nous. L'inflation est une magnifique occasion de faire des profits. Imaginez un peu. Vous achetez un bien de consommation aujourd'hui, vous pouvez doubler voire tripler sa valeur de revente dans quelques mois. C'est un peu plus rémunérateur qu'un livret A à la papa, ça. Je reste stupéfait de constater combien on peut se lamenter alors que la chance de (ou le risque) devenir riche à brève échéance s'ouvre à mes chers compatriotes. Si j'avais un conseil à vous donner, ce serait celui-ci : faites des profits ! Et d'ailleurs, Bruno Le Maire le sait bien. Il comprend, lui, la marche du monde et ce qui est bon pour vous. Alors, cessez de vous plaindre, de pleurer, de vous lamenter. Acceptez les promesses du libéralisme, source de bonheur intarissable, fontaine de réussite garantie par l'État, geyser de gloire. Les petits ruisseaux font les grandes rivières. Les petits profits d'aujourd'hui construisent les milliardaires de demain et, je vous le souhaite ardemment, contribueront à vous rendre plus riches, plus puissants, en un mot plus heureux.

l'inflation est une chance pour les personnes les plus modestes
Faites des profits grâce à l'inflation

Menteur !

Peu de temps après la polémique de l'annonce par l'Elysée de l'invitation à un grand débat du mouvement des « soulèvement de la Terre » en plus des syndicats du monde agricole et de la déclaration de l'exécrable Macron selon laquelle jamais (ô grand jamais !) il n'avait eu cette idée (mais en fait, tous les indices semblent bien indiquer que si), voilà que l'exécrable en remet une couche avec des propos relayés par le journal La Marseillaise attribués à, donc, notre exécrable en chef.
Il aurait dit, lors d'une rencontre avec les représentants de nombreux syndicats agricoles, que « les smicards préfèrent des abonnements VOD à une alimentation plus saine ». Aussitôt, il s'est trouvé des gens pour hurler au mépris de classe et il faut bien convenir ici que l'on trouve toujours des gens qui n'ont rien d'autre à faire que de s'émouvoir de bien peu.
Quoi qu'il en soit, une fois de plus, Macron a assuré n'avoir jamais tenu de tels propos. Sauf que, flûte, voilà que plusieurs personnes présentes lors de cette rencontre avec les syndicats agricoles disent avoir entendu cela ou, tout du moins, quelque chose qui allait dans ce sens. Qui ment ?
Alors, on peut évidemment critiquer le journal marseillais pour avoir mis en une et entre guillemets des propos rapportés sans qu'aucun journaliste puisse les tenir pour véridiques. Là, il y a un petit problème. Cependant, il faut tenir compte des témoignages qui disent que l'exécrable Macron a bien dit ce qu'il a dit et que, même si la citation n'est pas clairement authentique, le sens était bien celui rapporté par le journal.

Que Macron mente, ça ne devrait plus étonner grand monde. Cette affaire me fait penser à celle de l'ineffable Jean-Michel Blanquer qui déclarait regretter que l’allocation de rentrée soit parfois utilisée pour acheter « des écrans plats » et non des fournitures scolaires. Le hic, c'est qu'il n'a pas été difficile de vérifier les chiffres de ventes de téléviseurs et que rien ne montre une hausse de celles-ci dans la période suivant le versement de cette allocation de rentrée scolaire. Macron soutenait son ministre néanmoins. Mépris de classe, vous dites ?

Le terme « smicard », s'il est compris et souvent admis n'en est pas moins lourd d'une charge péjorative. Dans la langue française, les mots se terminant avec ce « ard » (politicard, chauffard, tubard, snobinard, soiffard… (mais pas antibrouillard, Léonard ou canard)) ont cette charge. Prétendre que les moins riches préfèrent (parce qu'ils sont idiots) regarder la télévision à manger sainement, c'est dire qu'ils ne méritent pas mieux que leur position au plus bas de l'échelle sociale et qu'en plus, en ne faisant aucun effort pour ne serait-ce que paraître plus intelligents, ils coûtent un pognon de dingue à la société en mangeant n'importe quoi qui, à terme, les rendra malades. Faut bien dire que les pauvres sont cons et nocifs.

Si, par exemple, on prend Netflix et que l'on choisit le plus haut tarif, c'est un peu moins de 20 euros par mois. Si on parle d'un couple avec un enfant, ça fait de la distraction pour pas si cher si l'on compare avec le prix de trois places de cinéma. Si l'on convertit ces 20 euros en nourriture saine, ça ne fait pas bézef dans l'assiette. Et puis, bon, prétendre que les pauvres ne savent pas gérer leur budget, ça a été battu en brèche par des études sociologiques depuis longtemps. Pire, ces études montrent que dans bien des cas, les moins riches gèrent étonnamment mieux leur budget que les plus riches. Juste pour rigoler un peu, il serait amusant de mettre Macron dans des conditions de vie d'un smicard durant trois mois, histoire de voir. Un truc du genre télé réalité. Juste pour rigoler.

Les propos injurieux de Macron, ce n'est pas nouveau, souvenons-nous, pour l'exemple, de cette petite phrase : « Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. ». Il est assez difficile de croire l'exécrable lorsqu'il affirme n'avoir jamais tenu les propos relayés par la Marseillaise.


Clément Viktorovitch raconte tout ça bien mieux que moi sur sa chaîne YouTube.

Macron abuse du mensonge
Macron prétend que les pauvres préfèrent se payer des chaînes VOD à de l'alimentation saine.

Quarante ans

Quel est le point commun entre Tino Rossi, Léopolp III (roi des Belges), David Niven, Klaus Nomi, Mohamed Zerbout, Joan Miró, René Bonnet, Louis de Funès, Jean-Marc Reiser, Tennessee Williams, Georges Rémi (Hergé) et tant d’autres qui ne sont pas passés à la postérité ? Ils sont tous morts en 1983.

Reiser est mort le 5 novembre 1983. Pourquoi pense-je à Reiser depuis plusieurs jours ? Je me souviens bien qu’il est mort en 1983, ça, pas de problème. Je me souviens même comment je l’ai appris et où je l’ai appris. C’était à Brive-la-Gaillarde, à la devanture d’un marchand de journaux. Une couverture rouge avec un dessin de Reiser, celui qu’il avait fait pour la mort du dictateur Franco[1]. Ça avait été un choc pour moi. J’espérais que ce soit une blague de mauvais goût de la part de l’équipe de Hara Kiri sans y croire. J’ai acheté ce numéro spécial, je dois l’avoir quelque part.
Reiser, je ne sais pas en quelle année je l’ai découvert mais je sais où. C’était à Saint-Germain-en-Laye, chez mon oncle, le frère de ma mère. J’étais petit. Je ne sais pas trop ce que je foutais là, peut-être que l’on m’avait confié au tonton histoire d’avoir un peu la paix. J’aimais bien aller chez mon tonton. Il y avait plein de revues qui n’étaient clairement pas destinées à la jeunesse. J’y lisais Hara Kiri mais aussi L’Écho des Savanes (celui de Brétécher, Mandryka et Gotlib). Je me souviens que j’avais tout de suite été séduit par les dessins de Reiser. C’est curieux parce que, a priori, les gribouillis tremblotants de Reiser ne sont pas de nature à séduire. Je ne sais pas, c’est comme ça. Dans mon souvenir, il me semble que les premières BD de Reiser qui me sont tombées sous les yeux sont celles qui sont dans l’album “La vie au grand air”. Un autre souvenir, celui d’un mot sur lequel je buttais, un mot que je ne comprenais pas : cul. Je demande à mon oncle qui, comme si vraiment j’étais trop con, comme s’il était désolant d’avoir un neveu aussi bête que moi, en haussant les épaules et d’un ton méprisant et outré, m’explique ce qu’est un cul. Je lui dois beaucoup pour mon parcours éducatif.
Par contre, voyez comme les souvenirs sont fourbes, ça ne peut pas être dans les planches de “La vie au grand air” puisque, me semble-t-il, il n’y a pas un mot “prononcé” dans toutes les histoires qui composent cet album, histoires parues d’abord dans Hara kiri. Ce n’est pas grave mais je tiens à être clair en affirmant que tout ce dont je peux me souvenir de cette époque peut tout à fait être totalement faux ou, du moins, n’avoir jamais existé sous la forme gravée dans ma mémoire. Mais nous ne sommes pas là pour discourir de la fabrication des souvenirs et je n’ai aucune qualification pour le faire.
Par exemple, là, il faudrait réussir à déjà s’assurer de la période à laquelle mon oncle a vécu dans son petit appartement de Saint-Germain-en-Laye. Lui, il n’est plus là pour le dire ; ses enfants n’étaient pas nés, je n’ai pas de contact avec son ancienne femme, ses parents sont morts. Il faudrait que je demande à ma mère. On va dire que c’est entre la fin des années 60 et le début des années 70. L’histoire c’est que selon que ça s’est passé (ou pas) lorsque j’avais, disons, quatre ou cinq ans ou que j’en avais sept ou huit, ce n’est pas la même histoire. Je passe tantôt pour un enfant légèrement précoce ou pour un attardé. Aujourd’hui, franchement, si je raconte un souvenir qui s’est passé dans les dix dernières années sans me souvenir vraiment quand, ça n’a pas la même implication.

Je suis là pour parler de Reiser mais je me souviens bien qu’il y avait un autre dessinateur qui m’étonnait et me plaisait beaucoup. C’était Gébé et aujourd’hui on n’en cause plus beaucoup (hormis pour l’An O1). Mais bon, Reiser, donc. Voilà, il était mort. D’un cancer des os. Je ne savais pas qu’il était malade. Dans le numéro spécial que sort Hara Kiri, on peut lire des textes hommages. J’apprends qu’il est mort de ce cancer et qu’il a refusé l’amputation de la jambe malade (la gauche ou la droite ? Je ne me souviens pas que ça a été dit. Ça pèche d’un cruel manque de précision, cette histoire). Moi, me dis-je à l’époque, c’est vraiment trop bête de mourir pour une jambe. On peut dessiner avec une jambe en moins, non ? A moins de dessiner comme un pied mais bon…
Ce dont j’avais conscience, en cette fin d’année 1983, c’est qu’il n’y aurait plus de dessins de Reiser. J’allais cependant, plus ou moins régulièrement, continuer à acheter Hara Kiri. Je ne sais plus en quelle année avait cessé la parution de Hara Kiri Hebdo. 1981 ? 1982 ? Je suis presque certain qu’il n’existait plus en 1983. De tout façon, c’était le début de la fin. Il y avait eu le “Droit de réponse” de Michel Polac, le constat que le public attendait autre chose, que l’humour bête et méchant (et sale et grossier et vulgaire et pornographique…) n’intéressait plus voire même dégoûtait. C’est dans ces années là que la bande dessinée de Gourio et Vuillemin, “Hitler=SS”, dont les planches sont d’abord parues dans Hara Kiri, est au centre d’une polémique qui conduira à la quasi interdiction de vente de l’album en 1987. On accusera alors les auteurs de faire l’apologie du nazisme (ce qui est à mon sens ridicule).
C’est en 1983, en mars, que j’obtiens mon permis de conduire. Je suis majeur. De cette année 1983, je ne me souviens presque que de ces deux faits. Le permis et la mort de Reiser. J’avais oublié que Hergé et de Funès (mais aussi Luis Buñuel) étaient morts cette même année. D’ailleurs, en allant vérifier la liste des morts de l’année sur wikipedia, je découvre que Reiser n’y est pas. Bon. Peut-être bien que Reiser n’aura pas non plus tant marqué les esprits que je le peux penser. Je n’ai pas suffisamment de contact avec les jeunes générations pour savoir s’il est encore un peu connu et lu par d’autres que les vieux cons. Ça n’a pas grande importance.
J’aurais aimé savoir dessiner comme Reiser. Comme ça, on peut penser que c’est facile, que ce ne sont que quelques traits mal foutus jetés sur du papier sans souci de la belle facture, de la noblesse du travail au pinceau ou à la plume. Fichtre ! C’est que l’on est bien loin d’un Hugo Pratt, d’un Franquin ou d’un Uderzo ! Alors, oui, certes. Il n’empêche qu’il est terriblement risqué de s’essayer à pomper son style (ou son absence de style si l’on n’aime pas). Peut-être Salch se rapproche-t-il un peu de lui dans l’idée mais il est bien loin de l’égaler. Reiser, c’était aussi une poésie, un désespoir fou. D’une ligne, il vous dessinait une femme qui vous faisait lever la quéquette, il vous émouvait, il vous faisait ressentir la détresse humaine, la bêtise humaine, la beauté humaine. Reiser vous faisait aimer l’écologie, il arrivait à vous expliquer la marche du monde, la vacuité des riches, la tristesse des pauvres. Tenez, une planche qui reste gravée dans ma mémoire. Une petite vieille arpente un trottoir bordé de voitures. Elle est avec un sécateur et, systématiquement, elle coupe les antennes radio les unes après les autres. Tchak ! Tchak ! Dernière case, elle est chez elle, devant la cheminée où elle a placé les antennes et elle maugrée après ce bois qui ne veut pas prendre. Si ce n’est pas du génie, ça ! Et puis, il y a Jeanine, mère indigne belle à craquer, il y a Gros dégueulasse, sorte de Diogène détesté de tous qui vous explique la société à partir d’une boîte de cassoulet. Génie, je vous dis. Il y a du vrai engagement dans Reiser. De la dénonciation, de l’amour, de la satire sociale.
Aujourd’hui, il aurait 82 ans. Pas sûr qu’il trouverait où publier ses dessins s’il dessinait toujours. On a dit que Hara Kiri Hebdo n’avait pas survécu à l’arrivée de la gauche au pouvoir. C’est peut-être vrai. Il est possible même que Hara Kiri n’ait jamais été de gauche. Ses heures de gloire ont toutes été durant les successifs pouvoirs de droite et on peut supposer que Hara kiri devait beaucoup à la droite, à cette France de beaufs, de veaux, de crétins, de salopards. Lorsque Mitterrand arrive, il y a une fange frange du “peuple de gauche” qui va faire naître la “gauche caviar” avide de bon goût, de beaux sentiments et de bien-pensance. Ça nous a conduit à ce que l’on a connu de pire, du Charlie Hebdo de Philippe Val jusqu’à Macron. C’est con à dire mais il me semble que avait plus de liberté d’expression sous de Gaulle, Pompidou et Giscard qu’après eux. Malgré la censure. En fait, ce n’est pas si con. Il y avait une vraie presse de gauche qui mordait aux fesses les détritus de droite, une presse de gauche offensive, hargneuse. Voyez, pour ne citer que ces titres, ce que sont devenus Libé ou le Nouvel Obs depuis les années 80. Du bling-bling en veux-tu en voilà, de la dégoulinance obséquieuse à longueur de pages, de la critique retenue. C’est à chier, c’est à vomir. Ça sort par les orifices.
Pour vous dire la force de Reiser par-delà la mort. Rien que de penser à lui depuis quelques jours, je sens une sourde colère et un bruyant désespoir me gagner et je vois rien qui fasse écho à cela comme aurait pu le faire Reiser.

Lisez, relisez Reiser.

Note

[1]

C'est fou ce qu'on s'en fout

Deux informations entendues hier. La première concerne le classement des politiques préférés des Françaises et Français. Alors, le top number one arrivé en premier sur la liste est (roulement de tambour) : Edouard Philippe ! Sous vos applaudissements mesdames et messieurs ! Le deuxième est, je le découvre en même temps que vous… Bruno le Maire ! On l'applaudit bien fort. Et le troisième, quel suspense, est François Bayrou. Incroyable.
L'autre information est moins glamour. Elle concerne ce que l'on appelle les Uber files. Là, une commission d'enquête parlementaire pointe « une relation opaque et privilégiée » entre la société américaine et Emmanuel Macron. Bravo ! Superbe ! Magnifique !

Si l'on extrapole un peu, on note donc que les Françaises et Français apprécient particulièrement les politiques proches de Macron et que, donc, Macron est finalement apprécié. Il faut se faire à l'idée que c'est ainsi et qu'il faut se ranger du côté de cette majorité de personnes qui s'est prononcée pour établir ce palmarès.%% Bien sûr, on m'aurait demandé mon avis, ce ne sont pas les politiques que j'aurais choisis. On ne me l'a pas demandé. Ça n'aurait rien changé au résultat. Je suis un peu étonné tout de même et c'est parce que je suis un doux rêveur. Mon avis sur la macronie, c'est que c'est un ramassis de dangereux salopards. Il me semblait envisageable que nous soyons plus nombreux à partager ce sentiment mais en fait, non. Globalement, on l'aime bien, notre Macron.
Je vais vous dire. Avec les manifestations contre la réforme des retraites, je pensais, naïf que je suis, que la cote de popularité des composantes de cette macronie allait s'effondrer. Il n'en est rien et j'en suis assez étonné. C'est comme si tout glissait et s'oubliait. Oubliés Benalla, les yeux crevés, les mains arrachées, les premiers mensonges au sujet de la pandémie, les mensonges qui suivirent les premiers, les attestations, les confinements, les interdictions, les scandales (de Rugy, Damanin, Dupond-Moretti, Kohler, Bayrou, Delevoye, Nyssen…). Hop, envolées toutes ces broutilles. Les Français ne sont pas du genre à reprocher. Ils ont le pardon facile.

Pendant ce temps, alors que Macron effectue un rapprochement insistant avec la droite de plus en plus marqué, le jeu consiste à taper de plus en plus sur la gauche. J'essaie de faire des efforts pour comprendre ce qui peut conduire les gens normaux à ne pas aimer les idées de gauche sans y arriver. Mais peu importe. Le message de la macronie est : plutôt trop à droite qu'à gauche pour le prochain quinquennat. D'accord, au moins, il doit être sincère sur ce coup.
On dit que la démocratie est en mauvaise posture. Pour nombre d'entre-nous, elle se limite au rendez-vous avec les urnes de temps à autres. On glisse un bulletin dans la fente et on a la conscience d'avoir fait ce que l'on a à faire. Par contre, on ne va pas militer ou se battre sur le terrain des idées. Ce n'est pas notre métier. Et puis, en plus, on n'est pas payés. Parler politique, c'est mal vu. Mieux vaut se taire, ne pas trop en dire.
Ce qui me démonte, c'est lorsque je me trouve en présence de personnes qui s'affichent "de gauche" qui clament que oui, elles voteront Macron (ou quelqu'un proche de lui) s'il fallait voter. Pour ces personnes, Macron serait tout de même un peu de gauche. J'ai même entendu dire qu'il n'était certainement pas libéral puisque, par exemple, il est assez social lorsqu'il distribue des chèques énérgie ou des aides aux moins riches. Pour ces personnes (de gauche, hein, je le rappelle), c'est déjà presque trop de l'assistanat.

Mais c'est l'été, il ne fait pas froid, on est heureux et tout va bien. J'étais parti pour publier un dessin et voilà que je m'égare.

Moto décharge, juil. 2023
Moto décharge

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