source d'agacement

FCKTRMP

Il n'y a pas si longtemps, j'ai été vertement tancé alors que je me laissais aller à qualifier Trump de "con". J'ai bien entendu les arguments et en tiens compte. Je ne le ferai plus et, pourtant, ce n'est pas l'envie qui me manque.
Aujourd'hui, je voudrais revenir sur la récente décision de Trump d'effacer plusieurs dizaines de milliers de documents photographiques qui ont la malchance de représenter soit une personne racisée soit une femme soit plein d'autres tares très graves. On note que les objets manufacturés sont également touchés puisque, par exemple, une photographie de l'avion Enola Gay tristement célèbre pour avoir largué Little boy sur Hiroshima. Pourquoi ? Parce que l'on trouve le mot "gay" sur la carlingue de l'aéronef et que cela ne passe pas.

Alors, je pose une question aux personnes qui m'interdisent d'utiliser le mot qu'aujourd'hui je préfère taire : quel est le qualificatif qui collerait le mieux à Trump ? Merci.

métal roulé
feuilles de métal

Contre l'archéologie préventive

A Thenon, avant la bifurcation vers Ajat, existe un projet qui devrait permettre à une ou plusieurs entreprises de s'implanter sur un terrain de quelques milliers de mètres carrés. Ce projet est soutenu par la communauté de communes.
La France a ratifié la convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique et s'engage à mettre en œuvre les moyens nécessaires à cette protection. Cela implique qu'il y ait un diagnostic établi avant tout travaux. Que vous soyez un particulier, un service public, une entreprise privée ou un établissement public, vous devez respecter la loi. C'est comme ça.

La communauté de commune dont fait partie Thenon est présidée par M. Dominique Bousquet, conseiller départemental. Francine Bourra est élue avec M. Bousquet comme conseillère départementale. Ces deux élus clament leur détestation de l'obligation qui est faite aux initiateurs de ce projet d'implantation de se plier à la loi. Francine Bourra a écrit au ministre de l'industrie Marc Ferracci afin qu'il intercède en sa faveur et qu'il permette que l'on passe outre la loi.
L'argument est que le canton a été durement touché par le dernier plan social des Papeteries de Condat et que le projet d'implantation de Thenon pourrait permettre de procurer des emplois.
Ça, c'est le contexte brossé rapidement avec sans doute quelques approximations vu que l'on n'en sait pas beaucoup plus ni sur le projet ni sur ce qu'a pu donner le diagnostic archéologique.

La colère de ces élus est alimentée par le coût que pourrait avoir un programme de fouille préventive et le retard que cela pourrait engendrer. Pour faire pencher l'opinion populaire de leur côté, on met en avant les emplois potentiels. Combien ? Quels emplois ? Pour qui ? Mystère. Des emplois. Il en va de la "dynamisation des territoires". Bien.
On peut comprendre la frustration des élus. La vie n'est que frustrations. Tenez, là, à l'instant, j'aurais bien envie d'un gros gâteau à la crème. Je n'en ai pas, je suis frustré. Je n'écris pas au ministre pour autant. On comprend moins que ces élus veuillent enfreindre la loi et encore-encore moins qu'ils se laissent aller au populisme.
S'il y a des chômeurs, s'il n'y a pas de boulot, c'est la faute à l'archéologie, à l'Europe, à l'État. Pas à nous, élus locaux, qui avons tout fait pour que une ou des (on ne sait pas) entreprise(s) s'implantent à Thenon. C'est du populisme. De ce beau populisme qui vous fait monter la grogne contre la science, les institutions, les lois et le vote pour l'extrême-droite au passage.

Alors oui, ça va prendre un peu de temps et coûter un peu d'argent. Mais, tout de même, soyons sérieux, ce n'est pas comme si la Dordogne vivait sur son tourisme, sur sa préhistoire, sur son histoire. Imaginons un instant une fiction qui ferait que des salopards d'archéologues mettent à jour une cavité ornée plus belle que Lascaux ou Chauvet. Ah là… Évidemment, ce serait une autre affaire. Thenon attirerait enfin les touristes, il. y aurait des hôtels, des restaurants, des boutiques de souvenir.
Il est probable, puisque l'on aperçoit déjà des tranchées de diagnostic comblées, que l'on a trouvé des signes d'occupation. En Dordogne, ce n'est pas rare. Possible que l'on aille un peu plus loin, que l'on fouille, que l'on recense et préserve des traces du passé. Peut-être que le projet sera repoussé. Peut-être qu'il sera même abandonné. Je me dis que ce projet rencontrera les mêmes obstacles ailleurs et que toute cette histoire n'est rien de plus qu'un coup politique chargé de se faire mousser par la population. Voyez bien qu'on fait des trucs mais qu'on nous met des bâtons dans les roues !

Ben moi, ça m'agace.

Vivre sans Coca Cola ?

Donc, les États-Unis d'Amérique ne sont plus nos amis. C'était annoncé, c'était attendu, le trumpisme est bien une forme de fascisme qui lorgne ouvertement vers le nazisme. Il a fallu attendre que Trump humilie Zelensky pour que l'on se rende compte du fait. Il ne faut plus rien attendre des États-Unis d'Amérique.
Alors, il faut résister et combattre. Déjà, les ventes de Tesla chutent. On ne veut plus cautionner Musk en lui achetant ses voitures. C'est bien mais peut-on faire mieux ? Ne plus aller chez Mc Donald, ne plus acheter de Coca Cola, ça ne va pas m'être difficile. Ne pas acheter de Harley-Davidson ou de grosse voiture américaine, je dois pouvoir le faire sans trop de souci. Je regarde autour de moi et je vois que j'ai un briquet Zippo, un ordinateur Apple, un iPhone de la même marque, une bouteille de Jack Daniels (vide), un vieil appareil photo Kodak. Bien sûr, j'ai aussi des romans écrits par des auteurs et autrices américains, de la musique américaine, des films américains. Évidemment, j'ai un "style" vestimentaire légèrement marqué par le soft power américain. Je ne porte pratiquement que des jeans, mes lunettes sont des Ray-Ban[1]. Disons que je suis plus influencé par les États-Unis d'Amérique que par les autres pays. C'est insidieux, ça se cache dans des petits détails dont je n'ai même pas conscience. C'est un habitus légèrement inconscient.

Là où je pourrais faire des efforts si je voulais boycotter les produits américains, ce serait de me passer de Apple. Je n'utilise plus les produits de chez Adobe depuis plusieurs années, je fuis tout ce qui est de près ou de loin lié à Microsoft.
La solution serait un PC sur lequel j'installerais un Linux. J'utilise déjà plusieurs logiciels libres. Il faudrait alors me passer de la suite Affinity qui remplace les logiciels Adobe chez moi. GIMP, Inkscape, Krita et Scribus sont sensés le permettre. A l'avenir, je me dirigerai peut-être vers cette solution. Ce n'est pas pour tout de suite.

Cela ne permettra pas à l'Ukraine de remporter la guerre contre Poutine. Ça n'évitera pas la montée des idées d'extrême droite en France, en Europe. Pour Azerat, c'est perdu. Pour mémoire, au deuxième tour des législatives de 2024, la candidate RN a obtenu 50,39% des voix. Je me console en notant qu'à Thenon, la même candidate a été choisie à 56,51% des voix. Bon.
De nombreux titres de presse ont choisi la voie du libéralisme et de son acolyte le fascisme. Par exemple, je vois dans la version en ligne de Sud-Ouest que sans les USA, l'Europe devrait mobiliser 300000 personnes pour défendre l'Ukraine. Il faut décortiquer un peu pour comprendre que ces centaines de milliers de personnes ne seraient pas mobilisées que pour l'Ukraine mais pour la défense de l'Europe face aux risques de conflit en général. Le journal fait état des armes et les infrastructures fournies par les USA. Par exemple le système Starlink de Musk. Ce journal parle du désaccord apparu entre Zelensky et Trump mais n'analyse pas beaucoup l'objectif soutien de ce Trump vers Poutine dans ce conflit. Bien plus qu'un simple désengagement des USA dans ce conflit, c'est bien un revirement en faveur des Russes qu'opère Trump.

Trump l'a affirmé, en l'élisant le peuple américain n'aura plus jamais besoin de voter. L'Histoire n'est pas écrite mais on peut entrevoir la naissance d'un état fédéral fasciste au goût nazi de l'autre côté de l'océan Atlantique. De notre côté de l'océan, les extrêmes droites montent aussi et on peut prétendre que c'est une source d'inquiétude. On peut se demander ce qui se passera dans les quelques années à venir. A n'en pas douter, si les partis d'extrême-droite arrivent au pouvoir, il y aura un rapprochement avec les USA et avec la Russie.
L'idéologie libérale de Trump, de Musk, de Macron, ce n'est pas de faire de la politique mais de faire du fric, du commerce. Alors, consommons et taisons-nous. Be quiet, comme on dit.

Note

[1] mais la marque a été rachetée par les Luxottica, une entreprise italienne

Bullshit et journalisme

samedi 15 et dimanche 16 février 2025, à la salle du marché couvert de Thenon : artistes, créateurs et thérapeutes pour apporter du mieux être, du réconfort dans vos vies, week-end de la Saint Valentin, ateliers, conférences et voyages sonores, un cercle de parole sur l’amour, des cercles de tambours et didjerridoo, de la harpe de cristal, la découverte de la numérologie, du tarot, des annales akhashiques et autres surprises… Le salon est organisé par Terre d’Alma Loba. Source Ewanews

Ça sert à quoi, le journalisme ?

Si la tolérance c'est accepter ce qui nous dérange, alors je ne suis pas tolérant. Et je ne pense pas qu'il faille être tolérant. Du moins, je ne pense pas qu'il faille être tolérant tout le temps et à propos de tout.

Hier, je faisais un petit tour sur quelques sites censés rapporter des informations sur la marche du monde. J'ai fini cette revue de presse par Ewanews, un site d'informations locales attaché au Terrassonnais et à ses alentours plus ou moins proches.
J'ai trouvé là un article annonçant la tenue d'un salon du bullshit à Thenon ce week-end. Ça m'a agacé et m'a conforté une fois de plus dans l'idée que je ne suis pas tolérant. Ça m'a agacé parce que je ne supporte pas ces manifestations consacrées à des conneries phénoménales et à des croyances stupides. Je pourrais m'en foutre, je serais bien avisé d'ignorer ces trucs mais c'est plus fort que moi, ça m'irrite.
Plutôt que de partir sur un texte qui tenterait de dissuader le public d'aller à ce salon comme j'en avais l'intention, je me suis demandé s'il ne serait pas plus pertinent de questionner le rôle du journaliste dans la promotion d'initiatives qui n'ont finalement pas d'autre objectif que celui de piquer leur fric aux gogos attirés par les promesses de charlatans et d'illuminés notoires.
Il n'existe pas qu'une forme de journalisme. La liberté de la presse implique qu'il n'y a pas de contrôle a priori de la presse. La calomnie, la diffamation, l'injure, l'incitation à la haine raciale, l'apologie du terrorisme, la divulgation de fausses nouvelles peuvent constituer des délits de presse. Dans le cas qui m'occupe, on peut considérer que le journaliste ne fait qu'annoncer la tenue d'un salon. Il ne fait pas autre chose lorsqu'il annonce une fête de village, un concert, une séance de cinéma, un spectacle ou un concours de belote.
Tout de même, pour moi qui suis intolérant, je considère qu'il serait bon d'observer une certaine réserve avant d'annoncer la tenue d'un événement problématique. Ou alors, et c'est la voie que je choisirais si j'étais amené à écrire sur l'information locale, j'annoncerais le salon en donnant mon point de vue sur la question. Dans mon cas, ce serait assassin mais je n'interdis pas l'idée que l'on puisse conseiller de s'y rendre. C'est juste que je pense qu'il faut que le journaliste se positionne.
C'est mon idée de la chose et je sais qu'elle peut faire débat. Le journaliste ne se doit-il pas d'être neutre ? A mon avis, c'est non. La neutralité n'est pas le factuel. Si, pour la rubrique des faits divers, j'écris qu'il y a eu un accident de la route à tel endroit à telle heure qui a occasionné telle et telle conséquences, je peux et sans doute dois resté rester très neutre. Je n'ai pas à supposer quoi que ce soit. Si la gendarmerie me dit que l'un ou l'une des conducteurs ou conductrices a été contrôlé positif à l'alcool ou aux stupéfiants, peut-être à la limite puis-je le rapporter bien que je puisse me demander si cela est bien l'unique cause de l'accident. Je suppose qu'il est préférable de garder une grande neutralité tant que les faits ne sont pas clairement établis.
L'information locale est généralement très pauvre. Une fois enlevés les faits divers, les inaugurations, les commémorations et les communications officielles, il faut se creuser le ciboulot pour trouver des sujets. L'un des problèmes du localier, c'est qu'il peut être risqué de se mettre mal avec les pontes locaux, celles et ceux qui ont un peu de pouvoir ou d'influence. De ce fait, je comprends bien que l'on soit tenté de faire feu de tout bois et que l'on prenne tout ce qui arrive pour remplir, pour faire du contenu. Il est bien difficile de reconnaître qu'il n'y a rien à dire ou à écrire tellement il ne se passe rien.

Pourtant, je me dis qu'il y a une arme qui est idéale pourvu que l'on sache l'utiliser. Avec de l'humour et de l'ironie, il doit bien être possible de traiter un sujet tel que ce salon pourri qui me hérisse le poil. Par exemple, j'apprends que le salon des Arts divins thérapeutiques et énergétiques est organisé par TERRE D'ALMA LOBA. Sans travestir, sans mentir, sans même faire usage d'humour ou de mauvais esprit, il suffit de recopier le texte trouvé sur le site de l'organisatrice pour éclairer un peu le lecteur sur ce qu'il pourra y trouver.

Ce que je reproche parfois aux journalistes, c'est la fainéantise dont ils font preuve. Peut-on raisonnablement se contenter de publier un communiqué de presse sans ajouter un peu d'esprit critique ou au moins un peu d'informations supplémentaires, de contexte, de travail ?

Du temps du papier, il était assez simple de savoir combien on vendait d'exemplaires. Aujourd'hui, avec les media en ligne, il peut arriver que l'on ne sache même pas lire les statistiques fournis par des opérateurs chargés de la chose. On va annoncer des chiffres farfelus en confondant le nombre de clics et le nombre d'articles réellement lus. Et encore, je ne parle pas des visites des robots d'indexation qui sont parfois comptabilisés dans les scores d'audience.
Du temps du papier, la place était comptée. Aujourd'hui, les limites ont sauté et on peut remplir un site à volonté. Est-ce pour autant une raison de ne pas choisir, de ne pas sélectionner ? Est-ce une raison pour publier n'importe quoi ? Je ne le pense pas. A trop publier, on prend le risque de noyer le lecteur. Alors, peut-être faut-il privilégier les informations utiles ou les vraies informations.

Une autre question que celle du journalisme concerne la mise à disposition par une mairie d'une salle des fêtes pour un événement qui fait une large place à tout ce qui est "pseudoscience". Il est possible qu'il soit bon d'agir ainsi au nom de la pluralité des idées et que, après tout, cela n'attirera pas autant de monde que ça. Possible, oui. C'est une question politique que de choisir ou non de protéger la population des fausses informations et des pratiques au mieux inutiles et au pire dangereuses. Mais je le répète, je ne suis pas tolérant.


À propos de l'organisatrice selon elle-même

J'ai essayé de m'adapter des années à un monde où je ne me reconnaissais pas. J'ai été 10 ans toxicomane à l'héroïne. Et je peux te dire que la meilleure thérapie, c'est d'oser réaliser ses plus grands rêves.

Mes 20 ans de psychothérapie, 5 années de coaching, 10 années d'exploration de l'intelligence émotionnelle & d'états modifiés conscience avec des plantes sacrées & auprès de grands maîtres m'ont aidée à me réaliser.

Je me suis d'abord transformée moi-même en profondeur avant d'accompagner la transformation de mes clientes.

Dans ma carrière professionnelle, au début, j'étais cheffe de projet dans les grands groupes du CAC40, puis je suis devenue naturopathe-énergéticienne. J’ai aussi évolué dans l’univers des start-ups, incubateur & accélérateur.

J'ai longtemps cherché pourquoi j'avais autant exploré les opposés. Et c'est en accompagnant à la fois dans la voie du business & de la spiritualité que j'ai réussi à rassembler toutes ces parts de moi.

Je suis entrepreneure depuis 2017 et j'ai accompagné des centaines de femmes à s'élever dans leur puissance personnelle, à développer des entreprises à succès.

Mon truc à moi ? T'accompagner à allier l’énergétique & la connaissance de soi à la stratégie pour t'élever en tant que grande prêtresse de la vie, inarrêtable et initiatrice de projets qui impactent le monde.

Je suis convaincue qu'un nouveau paradigme est en marche.
https://www.lesterresdalma.fr/a-propos

L'absence de prépuce n'est pas compatible avec l'humour

Sauf à vivre dans une fort, fort lointaine galaxie dans un autre espace-temps, ou, pour le moins, loin des petites actualités françaises sans grande importance, vous ne pouvez pas ignorer totalement l'affaire de l'humoriste Guillaume Meurice et de la direction de France Inter, radio du groupe Radio France.
Pour les quelques personnes qui ne sont pas au courant, qui n'écoutent pas cette radio, qui ne lisent pas les journaux, qui refusent l'actualité, Guillaume Meurice a fait une blague, en octobre dernier, à quelques jours de Halloween. Dans cette blague, il assimilait Benyamin Netanyahou à une "sorte de nazi sans prépuce". Soudain, les accusations d'antisémitisme fusèrent de toute part. Par la suite, il a été convoqué par les services de police et il a dû expliquer sa blague. Le procureur saisi de l'affaire l'a classée sans suite. Fin du premier acte.
Deuxième acte. Dans l'émission "Le grand dimanche soir" où il officie en tant qu'humoriste, Guillaume Meurice remet une pièce dans la machine en racontant que la plainte portée contre lui a été officiellement été classée sans suite et que donc, il a le droit de dire que Benyamin Netanyahou est un nazi sans prépuce.
Là, la direction de France Inter convoque Guillaume Meurice qui est mis à pied en attendant de possibles sanctions.

Bon. Nous en sommes là. Guillaume Meurice a écrit un livre qui se vend bien et retrace cette histoire. On peut ne pas apprécier Guillaume Meurice, ne pas goûter son humour, le considérer comme "trop de gauche" ou "pas impartial" ou "pas drôle". On peut juger sa blague comme "mauvaise", "nulle", "à chier". On a surtout le droit de ne pas l'écouter.
Je ne pense pas qu'il soit bon que soit instituée une police de l'humour. Individuellement, nous avons tous le droit d'apprécier l'humour d'autrui à la lumière de ses idées, de sa culture, de son éducation, de son histoire. L'humour n'est pas universel. Lorsque l'on fait de l'humour sa profession, on sait que l'on ne peut pas être bon à chaque fois. Lorsque l'on fait de l'humour en lien avec l'actualité (c'est le cas dans l'affaire présente), on sait qu'il n'est pas toujours simple de trouver matière à rigoler. La question n'est pas de savoir si la blague de Guillaume Meurice est bonne ou mauvaise. C'est à chacun de voir. Même, je comprends que l'on puisse être choqué. Bon. Maintenant, il y a le contexte. Benyamin Netanyahou est le Premier ministre de l'état d'Israël comme Gabriel Attal l'est de la France. La chronique de Guillaume Meurice et sa blague visaient le chef d'état et son action vis-à-vis de la Palestine. Sur ce point, on peut penser ce que l'on veut (on peut même ne pas penser). Guillaume Meurice pense ce qu'il pense et il le fait savoir. Il condamne l'attitude d'Israël. Il est peut-être bon de préciser ici que certaines organisations (Nations unies, Fédération internationale pour les droits humains, Cour internationale de justice ou encore l'Afrique du sud) parlent de génocide contre le peuple palestinien. A ce que j'ai pu entendre, personne ne prend la défense du Hamas (qui a tué plus de mille Israéliens lors de l'attaque du 7 octobre 2023.
Faire le parallèle entre nazi et absence de prépuce, c'est dire que Netanyahou est juif (c'est probable), qu'il est circoncis (ce n'est pas impossible) et qu'il agit comme les nazis l'ont fait en leur temps. Si on simplifie, c'est dire que juif=nazi. Forcément, ça crispe les esprits.
Maintenant, peut-on critiquer Israël sans être antisémite (ou plutôt contre les Juifs) ? Selon moi, oui. Peut-on faire de l'humour contre le Premier ministre de l'état d'Israël ? Pour moi, oui aussi. Peut-on dénoncer Israël pour défendre les Palestiniens ? Pourquoi pas. Peut-on être provocateur dans une émission radiophonique a succès qui est appréciée justement pour son ton ? Bien sûr.
Dans les années 80, dans le sillage de Hara-Kiri, Jean-Marie Gourio et Philippe Vuillemin sortent "Hitler=SS". Les deux auteurs sont accusés de racisme, d'antisémitisme et la bande dessinée est interdite (de vente aux mineurs et d'exposition). Ils sont jugés coupables. Que l'humour de Gourio et Vuillemin soit notoirement de mauvais goût, cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Que cette bande-dessinée soit un plaidoyer pour le nazisme et une incitation à la haine contre les Juifs, certainement pas. Je l'ai lue, cette BD. D'abord dans les pages de Hara-Kiri et, plus tard, en album. Bien sûr que c'est crade, bien sûr que c'est outrancier, bien sûr que c'est de l'humour noir ! Evidemment et bien entendu et heureusement. Est-ce que cette BD nie l'holocauste, la Shoah, le génocide et les six millions de Juifs assassinés par les nazis ? Non. Est-ce qu'elle glorifie cela ? Non. Est-ce qu'elle excuse tout ça ? Non.

La vraie question est à présent de décider s'il est bon pour la société d'interdire certaines formes d'humour. On peut soutenir que tout humour qui risque de déplaire à un individu ou à un groupe humain, de stigmatiser, de se moquer est susceptible de créer mécontentement et colère et que cela peut nuire au calme auquel tout un chacun aspire. Une charte de l'humour de bon goût, validée par les instances supérieures, contrôlée par une assemblée constituée de personnes issues de la diversité culturelle, ethnique, confessionnelle, philosophique (…) pourrait être rédigée. Chaque candidat à la profession d'humoriste devrait s'engager à respecter cette charte et la société serait plus sereine. Ce serait bien.

Humour de bon goût
Ne rions pas de tout

Menteur !

Peu de temps après la polémique de l'annonce par l'Elysée de l'invitation à un grand débat du mouvement des « soulèvement de la Terre » en plus des syndicats du monde agricole et de la déclaration de l'exécrable Macron selon laquelle jamais (ô grand jamais !) il n'avait eu cette idée (mais en fait, tous les indices semblent bien indiquer que si), voilà que l'exécrable en remet une couche avec des propos relayés par le journal La Marseillaise attribués à, donc, notre exécrable en chef.
Il aurait dit, lors d'une rencontre avec les représentants de nombreux syndicats agricoles, que « les smicards préfèrent des abonnements VOD à une alimentation plus saine ». Aussitôt, il s'est trouvé des gens pour hurler au mépris de classe et il faut bien convenir ici que l'on trouve toujours des gens qui n'ont rien d'autre à faire que de s'émouvoir de bien peu.
Quoi qu'il en soit, une fois de plus, Macron a assuré n'avoir jamais tenu de tels propos. Sauf que, flûte, voilà que plusieurs personnes présentes lors de cette rencontre avec les syndicats agricoles disent avoir entendu cela ou, tout du moins, quelque chose qui allait dans ce sens. Qui ment ?
Alors, on peut évidemment critiquer le journal marseillais pour avoir mis en une et entre guillemets des propos rapportés sans qu'aucun journaliste puisse les tenir pour véridiques. Là, il y a un petit problème. Cependant, il faut tenir compte des témoignages qui disent que l'exécrable Macron a bien dit ce qu'il a dit et que, même si la citation n'est pas clairement authentique, le sens était bien celui rapporté par le journal.

Que Macron mente, ça ne devrait plus étonner grand monde. Cette affaire me fait penser à celle de l'ineffable Jean-Michel Blanquer qui déclarait regretter que l’allocation de rentrée soit parfois utilisée pour acheter « des écrans plats » et non des fournitures scolaires. Le hic, c'est qu'il n'a pas été difficile de vérifier les chiffres de ventes de téléviseurs et que rien ne montre une hausse de celles-ci dans la période suivant le versement de cette allocation de rentrée scolaire. Macron soutenait son ministre néanmoins. Mépris de classe, vous dites ?

Le terme « smicard », s'il est compris et souvent admis n'en est pas moins lourd d'une charge péjorative. Dans la langue française, les mots se terminant avec ce « ard » (politicard, chauffard, tubard, snobinard, soiffard… (mais pas antibrouillard, Léonard ou canard)) ont cette charge. Prétendre que les moins riches préfèrent (parce qu'ils sont idiots) regarder la télévision à manger sainement, c'est dire qu'ils ne méritent pas mieux que leur position au plus bas de l'échelle sociale et qu'en plus, en ne faisant aucun effort pour ne serait-ce que paraître plus intelligents, ils coûtent un pognon de dingue à la société en mangeant n'importe quoi qui, à terme, les rendra malades. Faut bien dire que les pauvres sont cons et nocifs.

Si, par exemple, on prend Netflix et que l'on choisit le plus haut tarif, c'est un peu moins de 20 euros par mois. Si on parle d'un couple avec un enfant, ça fait de la distraction pour pas si cher si l'on compare avec le prix de trois places de cinéma. Si l'on convertit ces 20 euros en nourriture saine, ça ne fait pas bézef dans l'assiette. Et puis, bon, prétendre que les pauvres ne savent pas gérer leur budget, ça a été battu en brèche par des études sociologiques depuis longtemps. Pire, ces études montrent que dans bien des cas, les moins riches gèrent étonnamment mieux leur budget que les plus riches. Juste pour rigoler un peu, il serait amusant de mettre Macron dans des conditions de vie d'un smicard durant trois mois, histoire de voir. Un truc du genre télé réalité. Juste pour rigoler.

Les propos injurieux de Macron, ce n'est pas nouveau, souvenons-nous, pour l'exemple, de cette petite phrase : « Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. ». Il est assez difficile de croire l'exécrable lorsqu'il affirme n'avoir jamais tenu les propos relayés par la Marseillaise.


Clément Viktorovitch raconte tout ça bien mieux que moi sur sa chaîne YouTube.

Macron abuse du mensonge
Macron prétend que les pauvres préfèrent se payer des chaînes VOD à de l'alimentation saine.

Ta gueule, c'est quantique !

C’est à la maison Guerlain, propriété de LVMH (Bernard Arnault), que l’on doit la première grosse poilade de l’année 2024. Cette maison qui fait dans le produit de cosmétique de luxe (et je ne suis concerné ni par la beauté ni par le luxe) a réjouit Internet avec une crème anti-âge pleine de promesses grâce à sa technologie Gold Quantum. Le terme “quantum” étant probablement là pour faire “quantique”. Guerlain parle de “soin prodigieux anti-âge lumière” mais ce qui est encore plus prodigieux que tout, c’est que la marque propose sa crème à un tarif hyper méga quantique. Pour offrir le meilleur du quantique à son épiderme, il faut pouvoir débourser la somme de 650 euros pour un flacon de 50ml. Et encore, ça, c’est pour les plus pauvres. Pour les riches en recherche de jeunesse quantique, ce sera 1350 euros (mais là, c’est vrai que l’on a droit à la version orchidée impériale black. Finalement, ça ne fait pas si cher que ça, si on prend le temps d’y réfléchir un instant.
La maison Guerlain cause de “science quantique”. Selon les avis autorisés des spécialistes du domaine, ça ne veut rien dire. On parle de physique quantique, de mécanique quantique, de chimie quantique mais pas de science quantique. A moins que le message soit que, si l’on admet que “la quantique” s’intéresse à l’infiniment petit, on est en présence de science minuscule, de l’ordre du picomètre.
Il paraît que Guerlain aurait réussi à mettre la perfection d’une orchidée rare trouvée dans l’Himalaya dans sa pommade. Cette orchidée serait pleine de lumière (ou quelque chose du genre) et la pommade permettrait donc de déposer une fine couche de lumière quantique issue de ces orchidées sur la peau, ce qui aurait l’avantage certain de faire paraître beaucoup plus jeune. Moi, je dis pas. Si c’est vrai, c’est ballot que ça ne soit pas arrivé plus tôt. Le patron de LVMH aurait pu utiliser l’onguent précieux et éviter ainsi de montrer une figure assez particulière que l’on ne rencontre habituellement que chez certaines momies particulièrement décédées. La chirurgie esthétique n’est pas quantique et c’est bien regrettable.

Et donc, Internet rigole, se moque, parodie, plaisante beaucoup. Tant et si bien que Guerlain, se rendant compte que sa communication délirante a des ratées à l’allumage, revoit sa copie et dit, en substance, que, bon, d’accord, ce n’est peut-être pas si quantique qu’annoncé ou, tout du moins, on va moins en causer.
Cela donne un argumentaire nettoyé de ce genre :

AMPLIFIE 10 SIGNES DE JEUNESSE, RAVIVE 6 FACTEURS DE LUMIÈRE

Après 20 ans de recherche, Guerlain crée Orchidée Impériale Gold Nobile et révèle une nouvelle voie de réjuvénation cosmétique pour la peau. La recherche Guerlain a concentré les pouvoirs d’une orchidée prodigieuse, l’orchidée Gold Nobile, capable d’agir à l’échelle de l’infiniment petit pour aider à restaurer l’émission de biophotons à un niveau se rapprochant d’une cellule jeune. La crème, rechargeable, amplifie visiblement 10 signes de jeunesse et ravive 6 facteurs de lumière. Sa texture ultra fine, fraiche et légère, composée à 94% d’ingrédients d’origine naturelle, fond sur la peau pour la sublimer instantanément.

Passons sur la notions de biophoton et de facteur de lumière. Comme le fait remarquer un internaute, une pommade telle que celle-ci, si elle est réellement composée de 94% d’ingrédients d’origine naturelle, est certainement composée d’une bonne partie d’eau la plus naturelle qui soit. D’ailleurs, tant que j’y suis, je vous encourage vivement à aller voir la vidéo que G Milgram a faite à ce sujet. Guerlain (et LVMH) a demandé à ce que cette vidéo soit effacée. Courez la voir tant qu’elle est en ligne : vidéo de G Milgram (YouTube)

Je doute qu’il y ait beaucoup de clientes ou clients potentiels pour cette crème ici et je ne ressens pas le besoin de vous enjoindre à boycotter les produits du groupe LVMH. Ce qui m’amuse dans tout ça, c’est que l’on ait pu penser que l’on pouvait raconter du bullshit sans que ça soulève quelques haussements de sourcils.

Quarante ans

Quel est le point commun entre Tino Rossi, Léopolp III (roi des Belges), David Niven, Klaus Nomi, Mohamed Zerbout, Joan Miró, René Bonnet, Louis de Funès, Jean-Marc Reiser, Tennessee Williams, Georges Rémi (Hergé) et tant d’autres qui ne sont pas passés à la postérité ? Ils sont tous morts en 1983.

Reiser est mort le 5 novembre 1983. Pourquoi pense-je à Reiser depuis plusieurs jours ? Je me souviens bien qu’il est mort en 1983, ça, pas de problème. Je me souviens même comment je l’ai appris et où je l’ai appris. C’était à Brive-la-Gaillarde, à la devanture d’un marchand de journaux. Une couverture rouge avec un dessin de Reiser, celui qu’il avait fait pour la mort du dictateur Franco[1]. Ça avait été un choc pour moi. J’espérais que ce soit une blague de mauvais goût de la part de l’équipe de Hara Kiri sans y croire. J’ai acheté ce numéro spécial, je dois l’avoir quelque part.
Reiser, je ne sais pas en quelle année je l’ai découvert mais je sais où. C’était à Saint-Germain-en-Laye, chez mon oncle, le frère de ma mère. J’étais petit. Je ne sais pas trop ce que je foutais là, peut-être que l’on m’avait confié au tonton histoire d’avoir un peu la paix. J’aimais bien aller chez mon tonton. Il y avait plein de revues qui n’étaient clairement pas destinées à la jeunesse. J’y lisais Hara Kiri mais aussi L’Écho des Savanes (celui de Brétécher, Mandryka et Gotlib). Je me souviens que j’avais tout de suite été séduit par les dessins de Reiser. C’est curieux parce que, a priori, les gribouillis tremblotants de Reiser ne sont pas de nature à séduire. Je ne sais pas, c’est comme ça. Dans mon souvenir, il me semble que les premières BD de Reiser qui me sont tombées sous les yeux sont celles qui sont dans l’album “La vie au grand air”. Un autre souvenir, celui d’un mot sur lequel je buttais, un mot que je ne comprenais pas : cul. Je demande à mon oncle qui, comme si vraiment j’étais trop con, comme s’il était désolant d’avoir un neveu aussi bête que moi, en haussant les épaules et d’un ton méprisant et outré, m’explique ce qu’est un cul. Je lui dois beaucoup pour mon parcours éducatif.
Par contre, voyez comme les souvenirs sont fourbes, ça ne peut pas être dans les planches de “La vie au grand air” puisque, me semble-t-il, il n’y a pas un mot “prononcé” dans toutes les histoires qui composent cet album, histoires parues d’abord dans Hara kiri. Ce n’est pas grave mais je tiens à être clair en affirmant que tout ce dont je peux me souvenir de cette époque peut tout à fait être totalement faux ou, du moins, n’avoir jamais existé sous la forme gravée dans ma mémoire. Mais nous ne sommes pas là pour discourir de la fabrication des souvenirs et je n’ai aucune qualification pour le faire.
Par exemple, là, il faudrait réussir à déjà s’assurer de la période à laquelle mon oncle a vécu dans son petit appartement de Saint-Germain-en-Laye. Lui, il n’est plus là pour le dire ; ses enfants n’étaient pas nés, je n’ai pas de contact avec son ancienne femme, ses parents sont morts. Il faudrait que je demande à ma mère. On va dire que c’est entre la fin des années 60 et le début des années 70. L’histoire c’est que selon que ça s’est passé (ou pas) lorsque j’avais, disons, quatre ou cinq ans ou que j’en avais sept ou huit, ce n’est pas la même histoire. Je passe tantôt pour un enfant légèrement précoce ou pour un attardé. Aujourd’hui, franchement, si je raconte un souvenir qui s’est passé dans les dix dernières années sans me souvenir vraiment quand, ça n’a pas la même implication.

Je suis là pour parler de Reiser mais je me souviens bien qu’il y avait un autre dessinateur qui m’étonnait et me plaisait beaucoup. C’était Gébé et aujourd’hui on n’en cause plus beaucoup (hormis pour l’An O1). Mais bon, Reiser, donc. Voilà, il était mort. D’un cancer des os. Je ne savais pas qu’il était malade. Dans le numéro spécial que sort Hara Kiri, on peut lire des textes hommages. J’apprends qu’il est mort de ce cancer et qu’il a refusé l’amputation de la jambe malade (la gauche ou la droite ? Je ne me souviens pas que ça a été dit. Ça pèche d’un cruel manque de précision, cette histoire). Moi, me dis-je à l’époque, c’est vraiment trop bête de mourir pour une jambe. On peut dessiner avec une jambe en moins, non ? A moins de dessiner comme un pied mais bon…
Ce dont j’avais conscience, en cette fin d’année 1983, c’est qu’il n’y aurait plus de dessins de Reiser. J’allais cependant, plus ou moins régulièrement, continuer à acheter Hara Kiri. Je ne sais plus en quelle année avait cessé la parution de Hara Kiri Hebdo. 1981 ? 1982 ? Je suis presque certain qu’il n’existait plus en 1983. De tout façon, c’était le début de la fin. Il y avait eu le “Droit de réponse” de Michel Polac, le constat que le public attendait autre chose, que l’humour bête et méchant (et sale et grossier et vulgaire et pornographique…) n’intéressait plus voire même dégoûtait. C’est dans ces années là que la bande dessinée de Gourio et Vuillemin, “Hitler=SS”, dont les planches sont d’abord parues dans Hara Kiri, est au centre d’une polémique qui conduira à la quasi interdiction de vente de l’album en 1987. On accusera alors les auteurs de faire l’apologie du nazisme (ce qui est à mon sens ridicule).
C’est en 1983, en mars, que j’obtiens mon permis de conduire. Je suis majeur. De cette année 1983, je ne me souviens presque que de ces deux faits. Le permis et la mort de Reiser. J’avais oublié que Hergé et de Funès (mais aussi Luis Buñuel) étaient morts cette même année. D’ailleurs, en allant vérifier la liste des morts de l’année sur wikipedia, je découvre que Reiser n’y est pas. Bon. Peut-être bien que Reiser n’aura pas non plus tant marqué les esprits que je le peux penser. Je n’ai pas suffisamment de contact avec les jeunes générations pour savoir s’il est encore un peu connu et lu par d’autres que les vieux cons. Ça n’a pas grande importance.
J’aurais aimé savoir dessiner comme Reiser. Comme ça, on peut penser que c’est facile, que ce ne sont que quelques traits mal foutus jetés sur du papier sans souci de la belle facture, de la noblesse du travail au pinceau ou à la plume. Fichtre ! C’est que l’on est bien loin d’un Hugo Pratt, d’un Franquin ou d’un Uderzo ! Alors, oui, certes. Il n’empêche qu’il est terriblement risqué de s’essayer à pomper son style (ou son absence de style si l’on n’aime pas). Peut-être Salch se rapproche-t-il un peu de lui dans l’idée mais il est bien loin de l’égaler. Reiser, c’était aussi une poésie, un désespoir fou. D’une ligne, il vous dessinait une femme qui vous faisait lever la quéquette, il vous émouvait, il vous faisait ressentir la détresse humaine, la bêtise humaine, la beauté humaine. Reiser vous faisait aimer l’écologie, il arrivait à vous expliquer la marche du monde, la vacuité des riches, la tristesse des pauvres. Tenez, une planche qui reste gravée dans ma mémoire. Une petite vieille arpente un trottoir bordé de voitures. Elle est avec un sécateur et, systématiquement, elle coupe les antennes radio les unes après les autres. Tchak ! Tchak ! Dernière case, elle est chez elle, devant la cheminée où elle a placé les antennes et elle maugrée après ce bois qui ne veut pas prendre. Si ce n’est pas du génie, ça ! Et puis, il y a Jeanine, mère indigne belle à craquer, il y a Gros dégueulasse, sorte de Diogène détesté de tous qui vous explique la société à partir d’une boîte de cassoulet. Génie, je vous dis. Il y a du vrai engagement dans Reiser. De la dénonciation, de l’amour, de la satire sociale.
Aujourd’hui, il aurait 82 ans. Pas sûr qu’il trouverait où publier ses dessins s’il dessinait toujours. On a dit que Hara Kiri Hebdo n’avait pas survécu à l’arrivée de la gauche au pouvoir. C’est peut-être vrai. Il est possible même que Hara Kiri n’ait jamais été de gauche. Ses heures de gloire ont toutes été durant les successifs pouvoirs de droite et on peut supposer que Hara kiri devait beaucoup à la droite, à cette France de beaufs, de veaux, de crétins, de salopards. Lorsque Mitterrand arrive, il y a une fange frange du “peuple de gauche” qui va faire naître la “gauche caviar” avide de bon goût, de beaux sentiments et de bien-pensance. Ça nous a conduit à ce que l’on a connu de pire, du Charlie Hebdo de Philippe Val jusqu’à Macron. C’est con à dire mais il me semble que avait plus de liberté d’expression sous de Gaulle, Pompidou et Giscard qu’après eux. Malgré la censure. En fait, ce n’est pas si con. Il y avait une vraie presse de gauche qui mordait aux fesses les détritus de droite, une presse de gauche offensive, hargneuse. Voyez, pour ne citer que ces titres, ce que sont devenus Libé ou le Nouvel Obs depuis les années 80. Du bling-bling en veux-tu en voilà, de la dégoulinance obséquieuse à longueur de pages, de la critique retenue. C’est à chier, c’est à vomir. Ça sort par les orifices.
Pour vous dire la force de Reiser par-delà la mort. Rien que de penser à lui depuis quelques jours, je sens une sourde colère et un bruyant désespoir me gagner et je vois rien qui fasse écho à cela comme aurait pu le faire Reiser.

Lisez, relisez Reiser.

Note

[1]

Nous en sommes donc là

Fort heureusement, le ministre est sauvé, lavé de tout soupçon, de toute infamie. Il est innocent parce qu'il ne savait pas, qu'il ignorait, que l'on ne lui avait pas dit. Si nous sommes loin de ce vieil adage qui dit que nul n'est censé ignorer[1] la loi (Ignorantia juris non excusat), si nous pouvons nous demander comment un avocat pénaliste, un ministre de la justice, peut ignorer ce qu'est une prise illégale d'intérêt et ignorer encore plus que ce n'est pas bien, on peut se réjouir du fait que la justice a su laver l'honneur de ce ministre de la République.
Et bon, après l'annonce de la relaxe, la vie continue sans grand changement pour tout un chacun. Les jours se suivent et se ressemblent et à force on s'habitue. On ne fait plus trop attention à ce que peuvent dire les Darmanin, Lemaire, Borne, Dupont-Moretti. On s'en fout et on tente de se persuader que tout n'est pas perdu, qu'il y a encore des beaux jours devant nous, que bientôt, nous pourrons nous réjouir d'accueillir les Jeux olympiques, que ce n'est pas dit que l'extrême droite prendra le pouvoir bientôt. Non, tout va bien, l'inflation n'existe pas plus que le chômage, les violences policières sont des fantasmes, la dérive autoritaire prétendue un délire. Tout va bien.

Moi, ça fait à peu près six mois que j'expérimente de ne plus m'informer. Je n'écoute plus la radio, je ne lis plus les journaux (les versions en ligne), je ne regarde plus trop les vidéos de Mediapart. Il m'arrive, parce que je suis en voiture ou chez ma mère, d'entendre quelque chose au sujet de la marche du monde mais je fais comme si, vraiment, ça ne me concerne pas.
Ça ne marche pas. Je n'arrive pas à me sentir parfaitement serein et détaché de tout. Il y a toujours une bribe d'information qui vient à mes oreilles. Le coup de la CJR était prévisible. On s'habitue à tout. Le nombre de ministres et de personnes gravitant autour de Macron à avoir affaire à la justice est assez colossal et ça fait que, en fin de compte, ça semble faire partie de la marche normale. Dussopt qui est soupçonné de favoritisme lors de l'attribution de marchés publics ? Bah… Oui et alors ?

Et il y a bien plus grave que ça. J'apprends ce matin la mort de Shane MacGowan. Shane MacGowan, c'était le chanteur des Pogues, c'était un de mes héros du rock, quelqu'un qui m'a accompagné dans les années 80, quelqu'un à qui je dois un amour inconsidéré pour la Guinness et l'Irlande.

Note

[1] je suis allé jusqu'à ignorer "ignorer", c'est dire !

Un point c'est tout

L'utilisation du point médian divise alors que ça ne devrait pas. En aucun cas. Jamais. Il en est de la langue uniquement ce que l'on en fait et souhaite faire. Si, par exemple, je n'utilise pas toutes les formes de ponctuation qui sont à ma disposition, je fais par exemple volontiers l'impasse sur le point virgule que je ne sais pas bien utiliser, je ne milite pas pour que l'on en interdise l'usage. Umberto Eco qui a pour principal défaut d'avoir été Italien militait contre l'utilisation des points de suspension (il avait des raisons recevables), il n'a pas empêché que son usage perdure. La langue, fut-elle française, évolue, change, emprunte aux langues étrangères, s'invente des mots et des tournures, range au placard des formes qui apparaissent comme frappées de désuétude, se simplifie et se complexifie au rythme du temps, des modes, des époques et des façons de faire des locuteurs.
La langue française n'est pas partout la même et on ne la parle pas de la même manière à Paris qu'à Marseille, Lyon, Toulouse, Lille ou Bordeaux. À Québec, on ne parle pas le français que l'on parle à Bruxelles ou à Alger, à Dakar, à Kinshasa, à Genève ou à Vientiane. En France, on a un ramassis de vieilles peaux qui tentent de se convaincre qu'elles sont là pour protéger une langue menacée de toutes parts et qui souhaitent nous dire les bons usages de la langue et édicter des règles qu'elles-mêmes sont bien en peine d'expliquer.
Ce qui différencie une langue vivante d'une langue morte, c'est sa capacité à se modifier, à muter. Le Latin n'évolue plus et on ne peut pas trouver de mot latin pour nommer une cafetière. Or, voilà que les presque déjà morts de l'Académie française veulent faire chier le monde en prétendant être l'institution garante de tout ce qui concerne l'emploi de cette langue. Pourtant, dans les faits, et peut-être juste parce que je navigue dans des cercles de gens qui ne savent pas parler, il me semble que le Français causé habituellement est plein de fautes sans que cela soit embêtant outre mesure. Et Macron, comme s'il n'y avait rien de plus important, se prononce contre l'emploi du point médian. Je n'ai pas d'avis particulier à propos de cette ponctuation qui est, à mon avis toujours, utile pour marquer son désir d'inclure tout le monde, de le signifier et d'éviter les doubles du genre ''les grands et les grandes". Pour Macron et la cohorte de conservateurs-réactionnaires qu'il tente de séduire, le point médian est quasi un crime de lèse majesté qui mérite la mise au pilori. Moi, parce que je n'aime pas du tout Macron, ça me donne presque envie de l'utiliser, par pur esprit de contradiction, pour le faire chier un peu.
Il y a un point sur lequel je suis d'accord, c'est sur l'utilisation de ce point médian à l'oral. Comment lit-on ce point médian ? Ça, je ne le sais pas. Par contre, que l'on ne vienne pas me raconter que ça gêne la lecture et la compréhension d'un texte. Faut tout de même pas pousser. Prétendre que le point médian met en péril la langue et qu'il faut le montrer du doigt comme le responsable d'une prétendue baisse de qualité de cette langue est à mon avis une énorme connerie.

Les casse-couilles

casse-couilles \kas.kuj\ ou \ka.sə.kuj\ masculin et féminin identiques (orthographe traditionnelle) (Vulgaire) (Injurieux) Individu qui a le don d’énerver. Tiens, rien qu'hier… Je reçois un email d'un type. Il me raconte qu'il essaie de m'appeler mais qu'il ne doit pas avoir le bon numéro de téléphone (numéro que l'on trouve aisément, par exemple en allant sur mon site. Il me demande de lui redonner mon numéro de téléphone, je lui communique deux numéros, celui du portable et celui de la ligne fixe. Normalement, il avait toutes les cartes en main pour m'appeler.

C'est pour le boulot. Ça commence à faire quelque temps que ça dure. C'est un "client" qui a des demandes très spéciales, très précises, qui pinaille souvent sur tel ou tel point de détail à mon avis sans importance. C'est pour un site internet.
Cela fait des semaines que je lui demande ce qu'il m'a assuré pouvoir me fournir sans problème et rapidement. Des textes, des noms, des images, des photos, un logo. Pour l'instant, j'ai le logo (mais ce n'est pas le bon, le nouveau va arriver incessamment sous peu). J'essaie de lui expliquer que sur certains points, je ne peux pas avancer sans ces données. Je peux bien mettre du "lorem ipsum" un peu partout, des images d'exemple, un mauvais logo, mais je ne peux pas deviner ni le nom des rubriques ni les données techniques. Sans ces dernières, je ne peux pas travailler sur les pages et leur mise en page autrement qu'en restant sur du très basique. C'est aussi que je n'ai pas l'envie de travailler en pure perte, pour rien, juste pour le plaisir de tout refaire.
Je lui envoie des emails, je réclame les données et je n'ai pas de réponse. Hier, il m'apprend qu'il cherche à m'appeler. Je doute qu'il puisse me donner les fichiers par voie téléphonique mais bon… J'ai attendu toute la journée son appel. J'ai même tenté de l'appeler. A la fin, je me suis fait à manger et je suis allé bouquiner.

Blast redessine le monde

Blast, c'est une chaîne d'information, une web TV mais pas que, plutôt de gauche, plutôt écologiste, plutôt anti-Macron. Elle a été créée en partie par Denis Robert après son éviction d'une autre chaîne d'information créée, elle, sous l'impulsion de la France Insoumise.
Cette chaîne, Blast donc, se veut indépendante des "pouvoirs" et est majoritairement financée par les dons des spectateurs. Il y a du bon, parfois, et aussi, à d'autres moments, du moins bon. C'est une petite structure qui n'a pas des moyens financiers énormes, on peut imaginer qu'ils font ce qu'ils peuvent pour assurer leur présence et la pérennité des dons.
Tout à l'heure, j'étais en train de dessiner et je regardais une émission d'un œil distrait. A un moment, cet œil a été attiré par quelque chose qui lui semblait bizarre. Je suis revenu un peu en arrière et, oui, il y avait bien un détail troublant, étrange, étonnant, novateur.

Comme on peut le voir sur cette petite capture d'écran, l'infographiste de service a voulu montrer les hautes températures enregistrées ces jours derniers en notre beau pays. Pour mieux illustrer le propos, il a placer la France bien au centre, bien en gros. Jusque là, je n'ai rien à dire de spécial. Après tout, on se fout des températures enregistrées à Ouagadougou ou à Hafnarfjördur.
Mais là où ça ne va pas du tout, c'est que l'infographiste a jugé bon de placer cette portion du globe sur un cercle cerné de noir. Un peu comme si nous étions en présence d'une photo satellitaire de notre planète. La France et l'Europe occupent une place considérable. Il ne reste pas beaucoup d'espace pour le reste du monde.
Ça a le don de m'agacer un poil.

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