Contre l'archéologie préventive

A Thenon, avant la bifurcation vers Ajat, existe un projet qui devrait permettre à une ou plusieurs entreprises de s'implanter sur un terrain de quelques milliers de mètres carrés. Ce projet est soutenu par la communauté de communes.
La France a ratifié la convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique et s'engage à mettre en œuvre les moyens nécessaires à cette protection. Cela implique qu'il y ait un diagnostic établi avant tout travaux. Que vous soyez un particulier, un service public, une entreprise privée ou un établissement public, vous devez respecter la loi. C'est comme ça.

La communauté de commune dont fait partie Thenon est présidée par M. Dominique Bousquet, conseiller départemental. Francine Bourra est élue avec M. Bousquet comme conseillère départementale. Ces deux élus clament leur détestation de l'obligation qui est faite aux initiateurs de ce projet d'implantation de se plier à la loi. Francine Bourra a écrit au ministre de l'industrie Marc Ferracci afin qu'il intercède en sa faveur et qu'il permette que l'on passe outre la loi.
L'argument est que le canton a été durement touché par le dernier plan social des Papeteries de Condat et que le projet d'implantation de Thenon pourrait permettre de procurer des emplois.
Ça, c'est le contexte brossé rapidement avec sans doute quelques approximations vu que l'on n'en sait pas beaucoup plus ni sur le projet ni sur ce qu'a pu donner le diagnostic archéologique.

La colère de ces élus est alimentée par le coût que pourrait avoir un programme de fouille préventive et le retard que cela pourrait engendrer. Pour faire pencher l'opinion populaire de leur côté, on met en avant les emplois potentiels. Combien ? Quels emplois ? Pour qui ? Mystère. Des emplois. Il en va de la "dynamisation des territoires". Bien.
On peut comprendre la frustration des élus. La vie n'est que frustrations. Tenez, là, à l'instant, j'aurais bien envie d'un gros gâteau à la crème. Je n'en ai pas, je suis frustré. Je n'écris pas au ministre pour autant. On comprend moins que ces élus veuillent enfreindre la loi et encore-encore moins qu'ils se laissent aller au populisme.
S'il y a des chômeurs, s'il n'y a pas de boulot, c'est la faute à l'archéologie, à l'Europe, à l'État. Pas à nous, élus locaux, qui avons tout fait pour que une ou des (on ne sait pas) entreprise(s) s'implantent à Thenon. C'est du populisme. De ce beau populisme qui vous fait monter la grogne contre la science, les institutions, les lois et le vote pour l'extrême-droite au passage.

Alors oui, ça va prendre un peu de temps et coûter un peu d'argent. Mais, tout de même, soyons sérieux, ce n'est pas comme si la Dordogne vivait sur son tourisme, sur sa préhistoire, sur son histoire. Imaginons un instant une fiction qui ferait que des salopards d'archéologues mettent à jour une cavité ornée plus belle que Lascaux ou Chauvet. Ah là… Évidemment, ce serait une autre affaire. Thenon attirerait enfin les touristes, il. y aurait des hôtels, des restaurants, des boutiques de souvenir.
Il est probable, puisque l'on aperçoit déjà des tranchées de diagnostic comblées, que l'on a trouvé des signes d'occupation. En Dordogne, ce n'est pas rare. Possible que l'on aille un peu plus loin, que l'on fouille, que l'on recense et préserve des traces du passé. Peut-être que le projet sera repoussé. Peut-être qu'il sera même abandonné. Je me dis que ce projet rencontrera les mêmes obstacles ailleurs et que toute cette histoire n'est rien de plus qu'un coup politique chargé de se faire mousser par la population. Voyez bien qu'on fait des trucs mais qu'on nous met des bâtons dans les roues !

Ben moi, ça m'agace.

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