connerie

Une effroyable erreur judiciaire ?

De temps à autre, à l'occasion d'une discussion, il m'arrive d'être confronté à des personnes qui œuvrent dans le domaine du négationnisme. C'est ennuyeux. Cela arrive le plus souvent alors qu'est abordée la question de la Shoah.

Je ne sais pas, je n'étais pas là pour voir.

Et bien sûr ! Je n'y étais pas non plus. J'ai l'excuse d'être né trop tard pour voir ça. Ceci dit, de celles et ceux qui ont réellement été présents, peu sont sortis vivants de l'expérience.

Au collège avait été organisée une rencontre avec des personnes qui avaient été déportées. Je me souviens assez bien des témoignages. Je me souviens aussi du tatouage que montrait une femme déjà assez âgée. Ces personnes me mentaient-elles ? J'ai lu des livres, j'ai vu des films , des documentaires. Peut-être ai-je été abusé.
Récemment, j'ai vu la série consacrée au procès Barbie[1]. Puis-je penser que le vieillard accusé était tout simplement étranger aux faits qui lui étaient reprochés ? Et si oui, alors s'agit-il là d'une grave erreur judiciaire ?
Je n'étais pas né, je n'ai rien vu de mes yeux, je n'ai pas expérimenté la sauvagerie nazie. Je fais juste confiance aux multiples preuves qui semblent concordantes. Je n'étais pas né mais je suis tout de même assez vieux pour avoir discuté avec des enfants et petits-enfants de personnes qui ne sont jamais revenues des camps d'extermination. Je n'ai rien vu mais rien ne me permet de douter. Oui, il a bien existé une entreprise d'extermination de grande ampleur. Oui, on a tué des Juifs (et aussi des homosexuels, des Roms, des malades mentaux…). On estime à six millions de vies anéanties par le régime nazi pour l'unique raison que ces personnes étaient de confession juive.

En réalité, je ne comprends pas ce qui peut pousser certaines personnes à prétendre que tout est mensonge et mascarade. Il n'y a pas que du côté de l'extrême-droite que cette thèse est avancée. Toutefois, il est certain que c'est là que l'on rencontre souvent ces personnes qui prétendent douter raisonnablement.

Il y a quelques années, je pouvais chercher à démonter ces thèses, à tenter de convaincre. Aujourd'hui, je me tais et je sors de la discussion avec précipitation.
Je ne suis même pas sûr que tout cela ait pour but de réhabiliter le nazisme. Je me demande si la bêtise n'est pas la principale raison qui pousse certains à adopter ces thèses négationnistes. Si, la plupart du temps désormais, je refuse le débat, je n'en ressens pas moins un mélange de colère et de tristesse.

C'est vrai, je l'ai lu dans le journal

Horoscope du jour : Bélier

AMOUR : Sur le plan amoureux, bonne nouvelle : vos rapports avec votre partenaire s'arrangeront.
TRAVAIL : Une revalorisation de votre travail vous autorisera à forger de nouveaux projets.
SANTÉ : Vous sortez tout juste d'une grosse convalescence, alors ralentissez un peu le pas. Il vaut mieux reprendre doucement un rythme normal et retrouver sa santé pas à pas plutôt que d'aller trop vite et de replonger.
ARGENT : Concernant votre porte-monnaie, il a connu des jours plus propices. Les temps sont difficiles mais restez rigoureux(se) dans la gestion de votre argent et tout ira pour le mieux.


Horoscope du jour : Taureau

AMOUR : Côté cœur, vous bénéficierez d'une grande tranquillité en même temps que d'élans passionnés.
TRAVAIL : Dans votre travail, votre ambition est toujours aussi vive.
SANTÉ : En ce qui concerne la forme, vous éprouvez un regain d'allant, plus rien ne vous arrête : lancez-vous !
ARGENT : Côté argent, vous maîtrisez votre budget avec beaucoup de précision et vous vous renseignez auprès de qui de droit avant de prendre des décisions.


Horoscope du jour : Gémeaux

AMOUR : Sentimentalement, un climat passionné attisera vos sentiments cette semaine.
TRAVAIL : Au boulot, vous êtes bien parti(e) pour obtenir une belle prime. En effet, vous êtes devenu(e) important(e) pour votre société.
SANTÉ : Aucune inquiétude à avoir au sujet de votre santé. Aucune planète ne menacera ce secteur. Vous devriez donc vous sentir en pleine forme.
ARGENT : Côté finances, vous êtes agréablement doté(e). Vous avez travaillé dur et vous récoltez enfin les fruits de votre travail, félicitations !


Horoscope du jour : Cancer

AMOUR : Côté amour, les personnes mariées connaîtront aujourd'hui des moments qui ressemblent à ceux de leur lune de miel.
TRAVAIL : Le travail ne sera pas cause d'inquiétude pour vous aujourd'hui : vous excellez sur vos projets et l'atmosphère est au mieux !
SANTÉ : Journée tranquille sur le plan physique : vous vous sentirez en excellente forme. Vos fonctions de digestion et d'assimilation seront facilitées par la décontraction que vous afficherez.
ARGENT : Comment vont vos finances ? Vous opterez pour un comportement prudent et vous serez paré(e) à transiger sur certains achats inutiles si les circonstances l'exigent.


Horoscope du jour : Lion

AMOUR : Côté amour, les occasions de vivre des aventures romantiques seront nombreuses.
TRAVAIL : Au bureau, vous n'hésiterez pas à réviser totalement votre manière habituelle de fonctionner et vous n'en serez que plus productif(ve).
SANTÉ : Côté santé, ce sera un jour clément pour vous : ni douleur, ni coup de mou, vous vous porterez très bien aujourd'hui.
ARGENT : En ce qui concerne votre condition budgétaire, rien de désastreux à l'horizon, mais veillez tout de même à restreindre vos dépenses.


Horoscope du jour : Vierge

AMOUR : Du côté des amours, désirs enflammés en ce moment.
TRAVAIL : Au travail, dans l'ensemble, cette journée sera propice à la prise d'initiatives nouvelles et créatrices dont vous récolterez les fruits bientôt.
SANTÉ : Quant à votre santé, l'approche à suivre : se faire plaisir en déjeunant sainement !
ARGENT : Du côté des finances, votre famille pourrait vous gratifier de largesses qui vous permettraient, plus tôt que prévu, d'envisager un investissement immobilier.


Horoscope du jour : Balance

AMOUR : Dans votre couple, il faut prévoir des difficultés, et même un coup de théâtre avoisinant la rupture.
TRAVAIL : Côté travail, les efforts que vous avez fournis sur le niveau professionnel porteront leurs fruits.
SANTÉ : Aucun souci majeur à craindre côté santé.
ARGENT : Côté finances, à vous la belle vie ! Vous serez plus que jamais décidé(e) à mener une existence aussi agréable que possible. En effet, l'amélioration de votre situation matérielle vous permettra de satisfaire certaines envies.


Horoscope du jour : Scorpion

AMOUR : Concernant les amours, vous aurez un sex-appeal du tonnerre et vous vous en servirez fort adroitement.
TRAVAIL : Au bureau, vous aurez de très bonnes idées à proposer à vos supérieurs. Ceux-ci vous écouteront avec intérêt. Mais pour être sûr(e) d'avoir gain de cause, adoptez un ton plutôt modeste.
SANTÉ : Aujourd'hui, vous devrez soigner particulièrement votre peau, car vous serez probablement exposé(e) à quelques problèmes dermatologiques.
ARGENT : Et puis, attention à votre compte bancaire ! Vous serez d'humeur légère, amené(e) à débourser sans compter pour votre plaisir ou pour faire des jaloux. Mais votre conseiller financier, lui, n'oubliera pas, et il ne vous fera pas de cadeau !


Horoscope du jour : Sagittaire

AMOUR : Côté amour, vous allez faire des ravages et inscrire à votre tableau de chasse une belle collection de cœurs.
TRAVAIL : Que retenir du travail ? Vous pourrez acquérir de nouveaux savoirs qui vous seront très précieux pour optimiser votre situation professionnelle.
SANTÉ : Niveau forme, votre santé atteindra des sommets ces jours-ci.
ARGENT : Du point de vue pécuniaire, les transactions seront excellentes. Vous aurez de nouveau des occasions de diversifier ou d'augmenter vos revenus.


Horoscope du jour : Capricorne

AMOUR : Côté cœur, amour et amitié pourraient se confondre.
TRAVAIL : Sur le plan professionnel, la journée s'annonce sereine. Vous pourrez mettre au point des projets ambitieux, élaborer des stratégies à long terme.
SANTÉ : Côté santé, vous serez en très bonne forme physique et psychique.
ARGENT : Qu'arrive-t-il côté finances ? Un déblocage bénéfique pourrait intervenir si vos objectifs restent astucieux et raisonnables.


Horoscope du jour : Verseau

AMOUR : Point de vue amour, vous ressentirez le besoin de vous rapprocher de votre partenaire.
TRAVAIL : La réussite pro est au rendez-vous cette semaine, vous êtes extrêmement efficace !
SANTÉ : Au niveau santé, le mot "manque de sommeil" ne sortira nullement de votre bouche aujourd'hui tellement vous vous sentez au top de votre forme.
ARGENT : Que se passe-t-il côté argent ? Journée favorable pour étudier de près la situation de vos finances.


Horoscope du jour : Poisson

AMOUR : Côté amour, certain(e)s accumuleront les aventures sans lendemain ; mais la plupart d'entre vous vont tomber éperdument amoureux(ses) et auront envie de s'impliquer sans limite.
TRAVAIL : Au bureau, votre ascension professionnelle ne passera pas inaperçue ; elle devrait même être rapide durant les mois à venir à partir d'aujourd'hui.
SANTÉ : Question santé tout va bien, même si vous pourriez être encore plus en forme si vous faisiez l'effort de vous coucher un peu plus tôt.
ARGENT : Niveau budget, vous devriez veiller à ne pas trop dépenser ce mois-ci si vous voulez conserver vos économies.

La science nous dit tout

En l'an 1022, le royaume de Francie est dirigé par Robert II le Pieux (wikipedia). Autrement dit, Robert II le Pieux régnait il y a pile-poil 1000 ans. Si je vous raconte ça, ce n'est pas pour étaler mon savoir. J'ignorais jusqu'à peu l'existence de ce Robert II et n'en vivais pas moins heureux. Il faut dire que ce roi est moins célèbre que d'autres.
Si je pense aujourd'hui à Robert II, c'est à cause du journal Sud-Ouest et d'un article publié par lui dans la rubrique « science et technologie ».

Ce que l'on nous dit aujourd'hui de nous, c'est que notre espèce aurait dans les 300000 ans ( homme de Djebel Irhoud, aujourd'hui au Maroc ). L'homme de Cro-Magnon, lui, est beaucoup plus proche de nous avec ses 28000 ans. A priori, de ce que j'en ai compris, il n'y a pas grand chose qui nous distingue de cet ancêtre. Il me semble donc permis de penser qu'il n'y a pas de raison pour que nous puissions nous croire très différents des hommes et femmes de l'époque de Robert II le Pieux, il y a mille ans.
Et c'est là que le journal Sud-Ouest, relayant un papier de "Ça m'intéresse" jette un pavé dans la mare en nous apprenant ce que notre espèce sera dans 1000 ans. Nous ne serons pas là pour le voir mais je suppose que nous pouvons faire confiance à ce qui est écrit. Selon ces articles, à cause de l'utilisation du téléphone portable, nous allons être profondément modifiés. Et moi, je dis que ça fait du bien d'approfondir son savoir en lisant des choses pareilles. Même si ça fait un peu peur, tout de même, pour dire la vérité. Une entreprise sérieuse et au-dessus de tout soupçon a planché sur cette question éminemment importante de savoir à quoi donc que l'être humain il ressemblera dans 1000 ans et ça fout la trouille. Je vous mets une image avec des légendes en langue anglaise.


Ces recherches scientifiques de haut vol ont conduit à la modélisation d'un être humain de 3022 et, ne me demandez pas pourquoi, c'est une femme, Mindy, qui est sortie de la boîte à réfléchir. Un cerveau rétréci, un cou massif, un dos courbé, des doigts crochus et un coude plié à 90°. Pouah ! Qu'elle est laide ! On ne veut pas devenir comme ça, quelle horreur ! Cessons d'utiliser nos smartphones et autres ordinateurs portables. Disons le tout net, c'est de la connerie monumentale. Lorsque j'ai découvert ce "papier" de merde, publié dans une rubrique « science et technologie », j'ai rigolé. Si jamais j'avais eu à écrire quelque chose à propos de cette prétendue étude, je l'aurais sans doute fait sur le ton de l'ironie, de la moquerie, de la dénonciation de la connerie en action.
Le problème, c'est que même si ça m'a amusé de lire ces conneries, ces mensonges, ces absurdités, ça m'a aussi beaucoup agacé. Je ne me fais plus aucune illusion sur le fait qu'un journal tel que Sud-Ouest ne cherche plus depuis longtemps à viser la qualité de l'information mais là, tout de même, ils y vont fort. Il faut reconnaître à la décharge du journal que l'article n'est qu'une resucée de celui de Ça m'intéresse qui n'est lui-même qu'une resucée de celui du Daily Mail.

Les cons, ça ose tout

Prétendre que d'ici 1000 ans nous utiliserons toujours les smartphones, et même à une échéance de dix ans, c'est osé. Prétendre que l'usage de ce smartphone va aussi radicalement modifier notre anatomie qu'il conduira à la soudure des os du coude, c'est du grand art. Supposer que, à cause des écrans une nouvelle paupière va faire son apparition pour protéger la rétine de la lumière bleue, c'est d'une part oublier que le ciel est globalement plutôt bleu depuis, disons, un certain temps et que, me semble-t-il, l'évolution ne se fait pas exactement de cette manière. Ce n'est pas parce que l'homme a un jour découvert qu'il était bien d'utiliser une cuillère pour manger son potage qu'une cuillère est apparu au bout de la main. Ce n'est pas parce que nous tenons quelque chose dans la main que nos doigts deviennent crochus pour tenir des objets. Je suppose que l'Homme comme toute la lignée qui l'a précédé depuis que la main est apparue, s'est servi de cet outil pour tenir des choses. Une branche par ci, un caillou par là, une banane ou un navet… La main n'a pas attendu l'apparition du smartphone pour devenir utile et être utilisée. Faut pas forcément prendre nos ancêtres pour des cons finis.
Pour Sud-Ouest, cette histoire est une opportunité de remplir ses pages avec de la matière qui ne coûte rien ou pas grand chose. Je peux comprendre la logique économique. Il doit y avoir quelqu'un ou quelqu'une au sein de la rédaction qui passe son temps sur twitter à l'affût de nouvelles sensationnelles susceptibles de faire le buzz et qui, en quelques minutes, pond un papier (de merde) pour pas cher.
D'accord, hier, à la date de parution de la chose, nous étions un jour férié. Le grouillot de service se devait de nourrir les pages du journal et il n'avait pas trop le cœur à ça. Le problème, c'est que récemment, sur France Inter, j'entendais une autre information scientifique à mon avis un poil plus intéressante qui causait de la possibilité de refaire marcher des paraplégiques. Ça n'aurait sans doute pas coûté des masses de pognons de faire un papier sur cette information qui, en plus, aurait eu le mérite de ne pas être de la merde en barre. Après, d'accord, on peut préférer la désinformation à l'information. C'est un choix, une ligne rédactionnelle comme une autre.


Je vous donne un lien pour la copie d'écran de l'article de Sud-Ouest (au cas où celui-ci ne serait plus accessible un jour prochain). Et surtout, n'oubliez pas de jeter votre portable le plus vite possible, avant qu'il soit trop tard !

Les radins ne font pas grand cas de l'inflation

C'est l'un des sujets de l'été. Il y a les fortes chaleurs, il y a le coup de main de Macron à Uber, il y a l'Ukraine et il y a l'inflation. L'inflation, c'est ce qui fait que les prix augmentent. Ce n'est un souci que pour ceux qui ont la sotte idée de consommer, finalement.

Les prix s'envolent (disent les journalistes littéraires férus en métaphore). C'est un fait, tout augmente. Sans parler du prix des carburants, il suffit d'aller faire ses courses pour constater que les pâtes ont pris quelques dizaines de centimes d'euro dans la gueule, que le moindre morceau de bidoche est réservé aux riches, que les fruits et légumes sont devenus des produits de luxe. Du coup, un panier pour lequel on payait une petite quarantaine d'euros il y a quelques mois demande que l'on sorte les plus de cinquante euros de sa bourse. Bon.
Deux attitudes possibles. Soit on se lamente, on rouspète, on blâme ; soit on fait avec en se disant que, finalement, on s'en fout, qu'il faut bien bouffer et qu'il suffit de revoir ses ambitions à la baisse. Il suffit de bien regarder les étiquettes et de choisir le moins cher. De toutes façons, vous n'étiez déjà certainement pas en position de choisir le meilleur et le plus cher. Descendre un peu plus en gamme ne va pas vous tuer. Et puis, si jamais, par malheur, ça vous tuait effectivement, dîtes-vous que c'était écrit, qu'il fallait bien que ça finisse par arriver un jour. Je ne vais pas dire qu'il n'y a pas mort d'homme puisque ce serait contradictoire mais admettons que notre mort ne soulèvera probablement pas de torrents de larmes trop conséquents. Peut-être que cela occasionnera un léger émoi dans notre entourage proche mais on nous oubliera vite fait bien fait, soyons en certain.
Autrefois, il était de bon ton de pester contre la société de consommation. Je m'en souviens bien. Je ne suis pas un perdreau de l'année. On disait que la publicité nous rendait con, on disait qu'il ne fallait pas prêter l'oreille au chant des sirènes du consumérisme. Et puis, on acceptait sa condition. Si l'on était dans la catégorie dite modeste, on consommait en conséquence. On buvait du Kiravi, on avait du cassoulet en boîte et des pâtes qui ne se montait pas le col. C'était un autre temps, on avait ses petits bonheurs sinon ses petits dérivatifs.
Dans cet autrefois qui n'était pas toujours rose, on avait encore le goût de l'époque de Zola dans le gosier. On allait au bistro pour se payer un petit plaisir liquide ou deux. On ne rêvait pas de grands crus ou de bières IPA, on se contentait de ce que son porte-monnaie permettait (ou l'ardoise). Une Kronenbourg ou un petit ballon servi au comptoir, c'était le top. Si on avait conscience d'être limite pauvre, on savait que l'on était pas le seul dans cette situation. On faisait avec et on se retrouvait entre presque pauvres dans le quartier ou le village où l'on résidait. Les commerces s'adaptaient à la population et on n'y proposait rien de trop luxueux. Si l'on n'avait qu'une bicyclette ou un cyclomoteur on se disait que c'était déjà mieux que d'aller à pieds. Et si l'on avait une 2cv d'occasion, on se disait que c'était une chance. Par contre, bien sûr, à cette époque on ne flashait ni sur le dernier smartphone ni sur la paire de chaussures de sport à la mode.
Moi, vu que je suis contre le passéisme et que je vis dans mon époque, je ne regrette ni le café "au Vouvray" que je n'ai d'ailleurs jamais connu ni le poste de TSF qui grésillait. Par contre, tout de même, je constate le mal que fait la publicité et les influenceurs. En quelques dizaines d'années, on nous a mis dans la tête qu'il faut consommer du beau et du bon, du riche et du cher. Ça crée un malaise, du malheur, du ressentiment. C'est que l'on nous demande de ne plus accepter notre sort. On nous met dans la tête des idées de consommation hors de notre portée. On passe pour un plouc de la pire espèce si l'on n'a pas la présence d'esprit de consommer un peu à la manière des riches. On n'a même pas conscience de ce que c'est que d'être riche. On n'a pas fait "math sup math spé" et on ne se rend pas compte de ce que c'est qu'un milliard d'euro. Pour autant, on veut vivre dans l'illusion que l'on peut s'approcher de la vie des aisés en faisant ses courses à l'Intermarché (ou au Leclerc, chez Auchan…) du coin. On a lu, vu, entendu que tel ou tel produit était épatant, que le goût ou l'odeur ou la forme de tel ou tel produit était ce qui se fait de mieux et on en veut. On consomme ce qui fait "marqueur social" sans se rendre compte que nous sommes et restons des peigne-culs de première, des loquedus bas de gamme, de l'humain bas-de-gamme, du méprisable surchoix. On veut paraître et on ne fait pas illusion.

Finalement, tout ça c'est de la faute à la gauche. Depuis Mitterrand, les bobos n'ont eu de cesse de monter en puissance. J'en connais des tonnes des crétins qui croient que leur bonheur réside dans les achats qu'ils peuvent faire. J'en connais même, et je les plains, qui croient que l'achat de produits contrefaits trouvés sur Internet ou dans des magasins faits exprès pour eux peuvent faire illusion. Des gens qui pensent indispensable la machine à faire des cafés espresso mais qui considèrent que les capsules avec du bon café dedans, ben, c'est trop cher. Alors, ils achètent du café de merde et ils vous font tout un cirque avec leurs petites tasses "de luxe" et leur infâme lavasse puante.
J'en ai rencontré des gens qui vous offrent un whisky d'exception accompagné de pistaches iraniennes et qui vous servent du bœuf de Kobé avec sa petite purée de rattes "à la Robuchon" et son Bourgogne excellentissime (et biodynamique). Moi, je ne suis pas bégueule, je profite, j'avale. Je vais même me fendre de compliments dans l'espoir d'avoir du rab. Je sais qu'un ragoût quelconque peut être aussi bon et qu'un Bergerac suffit bien à mon plaisir. Faut pas chercher à péter plus haut que son cul mais c'est vrai que l'on peut s'amuser à jouer à se croire un instant appartenir au beau monde. On peut être snob, j'aime bien. Pour moi, il y a une critique de notre société dans le snobisme. C'est presque de l'agit-prop.
Posséder et consommer, ce n'est rien de plus que ce que ça dit. Ce n'est pas avoir le pouvoir, c'est répondre aux injonctions de la publicité et des riches. Je suis mal placé pour critiquer la possession et la consommation. Je suis envahi par les objets de consommation. Je ne compte pas les ordinateurs, les appareils photos, les bouquins, les appareils divers, les véhicules. Je me suis laissé submerger. Je n'ai pas fait gaffe, je me suis laissé aller. Si j'avais le courage de faire un vrai tri, de me séparer de tout ce qui ne sert pas ou plus, ça ferait du vide. Je me suis laissé prendre au piège de la consommation. Combien de bouquins que je ne relirai jamais ? Combien d'engins que je n'utiliserai probablement jamais plus ? J'en ai acheté des saloperies sur des coups de tête ! Je n'en suis pas fier. J'ai faits des achats en me persuadant que je faisais une bonne affaire sans voir que je faisais juste marcher la machine capitaliste et libérale. On m'a dit que tout serait mieux après l'acquisition de cet objet. J'y ai cru, j'ai payé. Parce que je ne voulais pas me rendre à l'évidence, je me suis persuadé que j'avais fait le bon choix. Quel con je suis. Ce qui me rassure, c'est qu'il y a bien plus con que moi.
L'inflation, ça gêne ceux qui pensent que la consommation est le but ultime de la vie. Il faut bien consommer pour survivre mais rien ne dit qu'il faille consommer cher et rien ne dit non plus qu'il faille survivre longtemps. Surtout, rien ne dit que consommer vous fera vivre plus vieux et plus heureux.


La photo utilisée pour ce billet a été volée sur un site découvert récemment et qui est une mine de documents iconographiques en lien avec Paris. Photographies de la Commission du Vieux Paris

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