Il n'y a pas trente-six solutions

Si le problème peut sembler insoluble, il ne l'est pas pour les décideurs les plus affûtés. Quel est le problème ? Il s'agit d'un problème d'injonctions contradictoires tout bête. D'un côté, on appelle la population à consommer moins et mieux, de privilégier le durable, le réparable, le local, le propre, l'écologique, le renouvelable. De l'autre, on croit en la politique de l'offre (contre celle de la demande) et on pense donc qu'il est nécessaire de faire consommer toujours plus. Afin de soutenir les entreprises, les emplois, l'économie et la croissance, il faut que l'on achète toujours plus et il faut donc que les entreprises produisent toujours plus pour satisfaire l'envie de consommer.
Ainsi, on incite à changer de véhicule pour un nouveau qui pollue moins, qui garantit une meilleure sécurité passive, qui est plus high tech, qui embarque de plus en plus d'électronique. On pousse à la transition numérique qui implique d'avoir des smartphones récents, des ordinateurs puissants. On oblige presque à faire installer des moyens de chauffage "écolos" comme les pompes à chaleur. On nous persuade qu'il est indispensable de se moderniser.
Et puis, il y a la question du budget de l'État. L'État, c'est nous, c'est l'ensemble des personnes rattachées d'une manière ou d'une autre à ce pays. L'État est censé gérer, prévoir, défendre, assurer le droit et la sécurité, l'éducation et la santé, organiser les infrastructures, la fourniture en énergie, les moyens de transport et les réseaux routiers, les communications, l'égalité entre tous dans tous les domaines. Bref, assurer le commun que l'on soit à Quimper ou à Mulhouse, à Toulon ou à Roubaix. Pour toutes les tâches qui incombent à l'État, il faut des finances. Pour ce faire, il y a l'impôt. Et il y a aussi les taxes dont la TVA.
Actuellement, l'idée est qu'il n'est pas question d'augmenter les impôts. C'est une question idéologique. L'impôt, c'est le mal. L'idée aussi, est qu'il faut faire des économies. L'État est fortement endetté et ça ne va pas. Il faut réduire les budgets, couper dans les dépenses. Pour autant, on prétend que l'on va continuer à faire (presque) autant avec moins. Tous, nous savons que nous ne ne sommes pas capables de faire autant avec dix euros qu'avec cent euros. C'est une chose que l'on comprend dès l'enfance.
Dès lors, puisqu'il est exclu de lever de nouveaux impôts ou d'augmenter l'assiette de ceux-ci, comment l'État peut-il s'y prendre pour construire un budget qui lui permette de voir venir ? Il y a des pistes. Moins d'impôts et plus de taxes, par exemple. C'est simple. On reparle d'une déjà vieille idée comme celle de la TVA sociale. L'État peut aussi choisir de se débarrasser de tout ce qui coûte trop en le confiant au privé. On récolte un peu de sous en vendant ces choses là et on en récolte encore en encaissant la TVA. Ainsi, on peut confier tout le secteur de la santé, des retraites, de la sécurité (encourager les polices municipales ou les sociétés de sécurité privées) aux acteurs du privé pour que des économies soient effectives. Détruire les services publics pour les remplacer par des entreprises privées qui seront libres d'appliquer les tarifs qu'elles souhaitent pour satisfaire l'appétit des actionnaires est une belle idée.
Une fois que cela est mis en place, les gens sont bien obligés de continuer à consommer leur électricité, de se faire soigner, de cotiser pour une hypothétique retraite. Les prix risquent bien de s'envoler mais il est des dépenses qui sont contraintes. On doit bien continuer à boire de l'eau, à consommer de l'électricité. Les gens ne consomment pas plus mais ils doivent dépenser plus et cela a pour principal intérêt qu'ils doivent faire le moins possible de bas de laine. Il faut faire cracher leur argent aux gens ! Après tout, l'économie n'est rien d'autre que la circulation des richesses, c'est un système un peu circulaire.
Je dis "un peu circulaire" parce qu'il y en a tout de même qui ne sont pas trop d'accord pour que l'argent tourne. Il y a les très très riches qui s'amusent juste à amasser. Leur argent est bloqué, ne sert à rien, ne sert à personne, ne sert pas à l'économie. Il est là juste question d'avoir de l'argent pour l'argent. C'est nul. Alors oui, j'en entends qui avancent que, tout de même, les ultra-riches achètent un yacht ou/et un jet privé, qu'ils se font bâtir des résidences incroyables, qu'ils boivent et mangent des vins exceptionnels et des mets rares et que tout ça mis bout à bout, ça génère bien des rentrées d'argent pour l'État via la TVA. Ce n'est pas faux mais reconnaissons que ces riches très riches arrivent nécessairement à un moment ou à un autre à un manque d'idées ou d'envies pour réussir à dépenser encore un peu plus pour le bien commun. Ces personnes manquent d'imagination. Par exemple, ils pourraient dépenser pour créer de nouveaux hôpitaux et payer les salaires de tout le personnel nécessaire à leur bon fonctionnement. Mais non, l'idée ne leur sied pas. Pour leur gueule, ils ont déjà assez d'actions dans les meilleures cliniques pour garantir les meilleurs soins de santé dont ils peuvent rêver. Les riches très riches ne sont pas altruistes et on ne peut pas les blâmer. S'ils l'avaient été, jamais ils ne seraient parvenus à devenir des riches très riches.
Il y a une certaine démesure que l'on a du mal à appréhender. Par exemple, le temps qu'une personne au SMIC gagne dix centimes d'euro, Bernard Arnault a empoché dix-sept mille euros[1]. C'est beaucoup plus. Et oui, ce très très riche a financé une partie de la reconstruction de la cathédrale que l'on sait. Je ne sais pas s'il était vraiment indispensable de la reconstruire, c'est un autre débat mais force est de reconnaître que ça n'entre pas directement dans le financement de l'État qui, normalement, devrait redistribuer une partie de son budget[2].
Puisqu'il n'est pas question de lever de nouveaux impôts ou d'en augmenter le taux ou l'assiette d'imposition, puisqu'il il exclu de prendre un peu d'argent à celles et ceux qui en ont plus qu'ils et elles savent en faire, il faut bien, à contrecœur bien sûr, piquer ce qui reste à grappiller aux plus pauvres et aux moins riches. Et parce que l'économie d'un pays est tout de même fort acoquiné avec les politiques qui ont le pouvoir à un moment donné, on comprend que, puisqu'il est tout de même avant tout question de préserver son électorat, de ne pas trop bousculer celui-ci. On se fout de déplaire à celles et ceux qui, quoi qu'on fasse, ne votera pas pour nous. Alors, faisons les poches de ceux qui n'idolâtrent pas les très très riches, qui peinent déjà un peu à boucler les fins de mois et qui peuvent survivre en se restreignant un peu plus.

Notes

[1] la Fortune de Bernard Arnault comparée

[2] sauf, bien sûr, dans un système libertarien qui implique que seules quelques questions vraiment régaliennes doivent être financées par l'État, État qui a pour vocation de disparaître totalement

X73

Panhard & Levassor est réputée être la plus ancienne marque de construction de véhicules à moteur à explosion, avant Daimler, Benz ou Peugeot. C'est en 1891 que débute la société. Si la production d'automobiles cesse en 1967 alors que l'entreprise a été rachetée par Citroën, la marque existe toujours plus ou moins dans le domaine de la fabrication de véhicules militaires.
Le modèle qui était présent à Marsac-sur-l'Isle ne se croise pas tous les jours. C'est une X73 panoramique (notez les vitres courbes de chaque côté du pare-brise). Elle est équipée d'un six cylindres "sans soupapes" produit sous licence Knight. C'est une automobile luxueuse des années 30 destinée à une clientèle argentée.

Panhard Levassor
Panhard Levassor X73 moteur sans soupapes licence Knight

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