Ah ! Elle est belle la France populaire de l'immédiat après-guerre ! Bravo ! Félicitations ! Bel exemple pour la jeunesse du pays. Vraiment. C'est d'une tristesse…
Nous sommes à Conflans-Sainte-Honorine dans les années qui suivent la guerre, dans les années 50. Le pays tente toujours de se relever, on construit des habitations mais, en attendant que ce soit construit, il a bien fallu reloger les sinistrés des bombardements. En 1947, mes arrière grands-parents, mes grands-parents maternels, ma mère et son frère quittent la Normandie pour venir en région parisienne, à Conflans-Sainte-Honorine, sur la rive gauche et investissent une maison bombardée inoccupée. Par opportunité, lorsqu'arrive l'heure du recensement des sinistrés, toute cette petite famille ne s'étend pas sur les circonstances de leur présence dans cette maison.
Des baraquements en bois sont construits pour abriter ces familles et c'est là que nous sommes sur cette photo que je vous présente aujourd'hui. Sur la gauche de la photo, c'est ma grand-mère. Juste à côté, nous trouvons Nénette et Lulu, fille de la sœur de ma grand-mère et son mari. Un peu en retrait, c'est ma mère et le dernier personnage, c'est mon grand-père. Je ne sais pas ce que l'on fête mais on a sorti les bouteilles et les biscuits. Tout le monde a l'air heureux et ça prouve que l'on peut ne pas être très argentés et pourtant ne pas pleurer à longueur de journée. C'était mieux avant, il n'y a aucun doute possible. Aujourd'hui, les gens chouinent pour un oui pour un non et c'est d'un pénible !
J'ai connu les pots en faïence ainsi que le moulin à poivre[1]. J'ai aussi connu la râpe que l'on aperçoit à gauche, en partie coupée. C'est l'ustensile indispensable pour faire les plenzé[2]. Ce sont des galettes de pommes de terre que l'on fait frire et que l'on mange chaude avec du sucre ou de la confiture. La seule personne qui savait les faire à la perfection, c'était mon arrière grand-mère. Par contre, je n'ai pas connu ce baraquement. Il a été détruit quelque temps avant moi. Certains autres ont subsisté jusque dans les années 70.
En observant cette image désuète, on note que l'on ne sort plus si facilement la bouteille de kirsch lorsque l'on reçoit. Aussi on applaudit le levée du coude du grand-père qui est parfait. Un vrai professionnel.
1 De Waldo7624 -
J'aime bien la batterie de cuisine avec l'étagère en dentelle et les pots à épices et le moulin à café, que l'on retrouvaient partout, dans toutes les cuisines de l'époque. Je me souviens que mon arrière grand-père me faisait monter sur la table de la cuisine pour jouer de la musique en tapant sur les casseroles ainsi pendues... (1951)
2 De Tournesol -
Je ne critiquerai pas…mais quand même.du kirsch fantaisie…! Oui,c’est très mal de critiquer mais la part lorraine qui est en moi pleure de frustration.
3 De Tournesol -
Bon ,je dois avouer que j’ai bu du Negrita en mon jeune temps.
4 De Jeannot lou Paysan -
Belle époque et très belle photo.
Pierre Perret a signé une autobiographie qui raconte entre autre cette époque d'après guerre. Le Café du Pont. Établissement tenu par ses parents.
Il y évoque sans complaisance le gros penchant de la population d'alors pour la bibine. C'est du lourd! Au vu des souvenirs de mes oncles et de contemporains adultes à l'époque, ça ne paraissait pas tellement exagéré.
Pourtant Pierrot a dû retirer son bouquin de la vente, me semble t-il. Les habitants du coin n'ont pas apprécié d'être ainsi stigmatisés et d'être, finalement, des descendants d' ivrognes.
Étant gosse, je me souviens très bien que les bouteilles sortaient facilement. Même la bouteille de mousseux dégueu et tiède, gagnée dans l'après-midi à la fête du village était descendue séance tenante.
Les gens avaient manqué de tout un long moment, alors ils ne crachaient pas dans la soupe. Tout bon moment était à prendre.
Pour confirmer, je me souviens des papys, dont mon beau-père, évoquant chaque année, à notre demande, le repas des anciens offert par la mairie.
Ils ne se souvenaient pas toujours de l'énoncé du menu, par contre on savait toujours s'il y avait eu du blanc, du rosé, du rouge, un trou normand, un kyr...etc...La partie la plus importante, c'était la bibine, à n'en pas douter.
5 De Waldo7624 -
L'apéro du dimanche était sacré. D'ailleurs, ça m'est resté, mais juste pour le dimanche, et les jours fériés, bien entendu. Je me souviens que, quand même, ma mère allait souvent se taper un (ou 2 ?) Martini, le soir en semaine chez le bougnat du coin, avec les voisines. Mais, aujourd'hui dans sa 99é année, ça n'a pas affecté sa santé.
6 De Tournesol -
Entendu il y a à peine 20 ans,à un baptême: les médecins,maintenant ,tu leur dis que tu bois 1,5 litre par repas,ils te traitent d’alcoolique.
Entendu dans les années ´80 ,dit par une patiente: mon mari boit ses sept bouteilles par jour.
- vous voulez dire qu’il est alcoolique?
Non,il boit que du vin,jamais d’alcool.
Dans les années ´70,un copain en stage à Laveran,l’hôpital militaire de Marseille, interroge un légionnaire : vous buvez combien?
- oh,pas plus de six unités de bière
- c’est quoi une unité ?
-bah,une caisse de 12.
7 De Waldo7624 -
@Tournesol : c'était pas l'adjudant Kronenbourg ?
8 De Tournesol -
Waldo 7624 :eh non ! Ou alors ils sont plusieurs.
9 De fifi -
Les courses :
1 boîte de Pilchards
1 paquet de Gitanes blanches filtre
1 bouteille de Valstar
1 litre de vin : du Sélection 12°.
10 De fifi -
Je crois que nous avions les mêmes verres, ils étaient de couleurs différentes avec une ceinture de cristaux de verre qui empêchait le glissement, pratique mais con à laver.
11 De Jeannot lou Paysan -
@Fifi: bien vu, les verres. Effectivement tout le monde en avait. Votre liste de courses est parfaitement représentative des priorités de la "ménagère".
12 De Waldo7624 -
@Fifi : exact pour les verres. Ils étaient aussi de couleurs, et sont aujourd'hui "collector". J'en ai encore quelques-uns. Bleu, orange, jaune...
13 De Lib -
Belle hérédité..!
Joli nid de birds