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Sans tête, sans bras et sans jambes

Vénus Jean-François Noble
Numérisation 3D


Il y a des années de cela, Jean-François Noble, plasticien de talent, me confiait un fichier de la numérisation 3D d'une de ses sculptures en pierre réalisée par un de ses amis. Ni Jean-François ni moi ne savions bien que faire de ce fichier. Or, cela ne vous aura peut-être pas échappé, depuis quelque temps je m'essaie à l'apprentissage de Blender, logiciel libre de 3D. Et alors, j'ai eu l'idée de tenter d'exploiter ce fichier.


Ce samedi, je vais chez Jean-François pour travailler sur ses dernières créations. J'aime beaucoup travailler avec cet artiste.

Une idée en suspens

Ce qui est tout de même un peu ennuyeux, c'est que pour une fois que j'ai une idée, je ne parvienne pas à faire le dessin qui irait l'illustrer. C'est peut-être bien que l'idée n'a pas encore assez mûri. Peut-être que lorsque j'aurai réussi à la formuler mieux, ce dessin me semblera évident.
Cette idée, elle n'est pas géniale mais tout de même, je ne la trouve pas si mal. A force de gommer les tentatives graphiques, j'en suis arrivé, un temps, à me dire que je pouvais tout aussi bien l'exposer en texte, sans qu'il soit besoin de l'illustrer, après tout.
Cela ne vous aura pas échappé, je suis tout à fait capable de produire et publier des dessins qui n'ont pas la plus petite trace d'idée pour origine. Je peux dessiner pour dessiner sans qu'il y ait de message et cela me convient parfaitement.
Depuis des décennies, j'ai pu constater que je rencontre trop souvent des problèmes à concilier idée et dessin. C'est un fait. D'autres y parviennent très bien et ça m'agace un peu. Evidemment, j'aurais pu faire comme certains qui se limitent à dessiner un personnage, presque toujours le même dans les mêmes situation et position et de placer une idée ou une pensée dans une bulle. Par exemple, j'y ai pensé, je pourrais utiliser un personnage comme la Peste et lui faire dire ce que à quoi j'ai pensé l'autre jour.
Cette idée encore verte, je ne lui trouve pas l'accord dessiné qui pourrait convenir. Je peux néanmoins vous la communiquer sans la développer. Je me suis fait la réflexion que la casse des services publics pouvait conduire à se priver de services. L'idée est de jouer sur les notions de "public" et de "privé" que l'on peut opposer. Cette idée est simple, elle repose sur ce que l'on peut constater. L'hôpital public qui fonctionnerait moins bien que le secteur privé, l'éducation qui serait plus efficace dans le privé et j'en passe. On nous dit que le public coûte trop. On ne nous dit pas combien coûte le privé pour le public.
Enfin bon, vous comprenez le truc.

Sculpture
Métal

Camion post apocalyptique

Le véhicule du jour est clivant. Soit on aime, soit on déteste. Moi, j'aime. Pour les "contre", il y a principalement l'argument qui dit que l'on ne doit pas détruire ou dénaturer les véhicules du patrimoine, les véhicules anciens, de collection. Ceux-ci disent que le respect de la plus stricte restauration à l'origine est la seule voie qui soit. Et on peut entendre cela.
Pour les "pour", on dit que l'on a bien le droit de faire ce que l'on veut d'autant plus si l'on a un véhicule, certes assez ancien, mais relativement commun et dans un état de quasi épave. Dans l'idée, la restauration à l'état concours d'un véhicule déjà bien présent dans des musées ou dans des collections privées est une option comme une autre et la relative rareté n'entre que peu dans l'équation.

Le camion Ford présenté aujourd'hui est un modèle canadien qui a été produit à grande échelle. Chez nous, bien sûr, on le connaît peu. Certains sont arrivés chez nous, sur le continent européen, après la seconde guerre mondiale. Je ne connais pas exactement l'histoire de ce camion mais ce qui est certain, c'est que son propriétaire actuel est parti d'un modèle déjà bien attaqué par la corrosion. Sans doute aussi était-il incomplet.
L'idée de le transformer pour en faire une sorte d'œuvre d'art roulante a fait son chemin. Et le résultat me plaît et m'amuse. Le concept englobe l'imaginaire post-apocalyptique des films et histoires de zombies qui auraient entrepris de bouffer le cerveau des vivants même pas morts. On notera que leur plan est un peu faible. Que boufferont-ils une fois qu'ils auront converti toute la population mondiale des simples mortels en morts vivants ? Je ne suis pas sûr que ces zombies là réfléchissent si loin.
Il y a plein de détails amusants comme la tête de zombie coincée dans la grille de radiateur ou les animaux empaillés qui dépassent d'un peu partout. La carrosserie (ce qui n'est pas bouffé par la rouille) est badigeonnée d'un mélange d'huile de vidange et de gas-oil. A cela, deux raisons principales. La première est que ça freine la progression de la corrosion. L'autre, c'est que ça dissuade le curieux badaud de toucher l'œuvre. Ce n'est pas idiot.
Un petit détail que je trouve très ingénieux se voit dans les bouchons d'échappement accrochés le long des tubes gauches. A droite, on a préféré un échappement bas qui court le long de la cabine. Et pourquoi pas ? Les accessoires ont été dénichés au hasard des découvertes et intégrés au mieux. Pour la mécanique, on a viré le moteur d'origine pour le remplacer par un bon V8 de chez Chevrolet. C'est bien mieux pour le bruit.
Et puis, il y a la remorque qui permet d'amener la Harley Davidson traitée selon les mêmes principes ingénieux. Et puis, surtout, il y a le propriétaire, bricoleur inspiré, mécanicien de génie, qui n'est pas avare pour parler de sa création avec l'humour qui est de rigueur.

Ford One Ton 1947
camion Ford

Cela valait-il le coup de faire ça avec une 2cv ?

A l'origine, il y a une 2cv réalisée par un artiste sculpteur dont j'ai oublié le nom si jamais je l'ai un jour connu. C'est mon frangin qui a acheté cet exemplaire. Il représente un couple, lui est peintre, elle est amoureuse. Et puis, il y a le chien qui a fait des bêtises. Parce qu'ils sont cools, ils ne lui en tiendront pas rigueur. Enfin, c'est ce que j'imagine. Habituellement, on pense que les conducteurs de 2cv sont des personnes cools. C'est faux. J'en ai connu qui étaient d'immondes personnes, des salopards, des immondices. Mais bref, au départ, il y a une photo réalisée dans de mauvaises conditions et je ne savais qu'en faire.
J'ai eu l'idée, justement, d'en faire quelque chose, histoire de dire que je n'aurai pas déclenché pour rien. J'ai utilisé un logiciel de traitement d'images et je me suis amusé à réaliser l'idée que j'avais en tête. Je vous laisse regarder le résultat entre l'avant et l'après en cliquant sur l'image suivante.

2cv d'artiste
Une jolie voiture avec un équipage sympathique

Les grands esprits

Moi, je ne m'en suis jamais caché, je l'ai d'ailleurs expliqué à plusieurs reprises, mon dada, c'est les fantômes, les spectres, les esprits, les revenants. Si j'ai vu et revu l'excellent film de cinéma nommé Ghostbusters, ce n'est que pour mieux apprendre comment les chasser, les fantômes. Et j'ai appris à savoir, vous pouvez me croire. C'est ainsi que je me suis mis en quête de matériel conçu pour cette activité essentielle et nécessaire. Et quel endroit est le mieux désigné pour trouver ce matériel de pointe à des prix accessibles ? Leboncoin.fr, bien sûr ! Le rendez-vous des escrocs, des pigeons, des vendeurs de n'importe quoi et des acheteurs compulsifs. J'y suis allé.

Avec dextérité et empressement, je tapote sur le clavier de l'ordinateur. Je cherche les instruments qui vont me permettre de mettre la main sur un fantôme vrai de vrai, du pur jus de l'au-delà, du fantôme effrayant qui hante bien comme il faut.
Ce qui est merveilleux, c'est qu'il ne me faut pas trop longtemps pour qu'une annonce apparaisse concordante en tous points à mes attentes. En plus, ce n'est pas loin, à peine à une quinzaine de kilomètres de chez moi. C'est un signe du destin ou je ne m'y connais pas.
Bien sûr, j'aurais préféré trouver une ambulance Cadillac comme celle du film, mais il faut bien commencer par quelque chose et tant pis si c'est moins glorieux. Donc, ce commencement, ce sera, comme le détaille l'annonce, un télé objectif modèle "Panasonic Lumix DMC-GH1". Diable ! Ça met en appétit, ce truc là. A 150 euros, et d'autant plus qu'il est en bon état, c'est une rudement bonne affaire.
Pour preuve que le matériel fonctionne, le vendeur (qui nous nous contenterons d'appeler Steve) a réalisé des vidéos pour sa chaîne YouTube. Et, comble de bonheur d'outre-tombe, il est vendeur d'autres matériels. Pour le fun, je vais vous laisser chercher par vous-même les annonces de ce Steve qui vit en Dordogne, dans une ville qui se trouve presque à la limite de la Corrèze (mais pas très loin tout de même). Si vous n'êtes pas manchots, vous trouverez. En attendant, je me permets de vous montrer une copie d'écran de cette belle annonce qui me fait saliver d'envie.



Qu'auriez-vous fait à ma place ? Hein ? Je vous demande. J'ai acheté le télé objectif en question. Je l'ai acheté et je ne me suis pas arrêté là. Parce que, pour vous dire la vérité, ça faisait déjà quelques années que je me doutais bien qu'il devait y avoir des esprits farceurs chez moi, rapport au bazar et au désordre qui ne peuvent pas être d'origine humaine et normale, j'ai testé l'outil chez moi, le cul posé sur la chaise. Les résultats n'ont pas tardé à apparaître. D'abord, j'ai senti comme de la sueur glaciale s'écouler le long de mon épine dorsale. Et puis, soudain, un courant d'air a fait bouger une feuille de papier pourtant parfaitement immobile deux secondes auparavant. Enfin, j'ai été pris d'une colossale envie de pisser.
Ni une, ni deux, j'agrippe l'appareil et le braque vers quelque part, à l'intuition. Bien m'en a pris ! Je suis en mesure de vous présenter en avant première une image photomagiquastique garantie sans trucage et sans retouche de la princesse qui vivait dans mon humble demeure il y a quelques siècles (au doigt mouillé). Demain, j'achète un guéridon pour communiquer avec cet esprit.

Bradypus

Que peut nous apprendre wikipedia sur ce sujet ?

Le bradypus mange majoritairement des feuilles. Comme ce régime alimentaire n'est pas très riche en nutriments, son corps s'est habitué a économiser de l'énergie. Il peut ainsi grimper des arbres sans effort, et sa chaleur corporelle est très basse. Lorsqu'il mange, il mâche très lentement, puisque son système digestif met du temps à tout digérer. Il peut ne déféquer qu'une seule fois par semaine et ne pas manger pendant un mois. Il ne possède pas une vue très précise. Ses yeux sont d'ailleurs très petits. Il n'émet aucun son excepté lorsqu'il se reproduit. Cela lui donne un caractère très silencieux et discret. Il peut dormir quelque 18 heures par jour.

Le bradypus, ou paresseux, vit en Amérique centrale et du sud. C'est un animal lent, d'apparence placide. S'il ne semble pas bien méchant ou dangereux, il convient de noter que sa conversation est ennuyeuse et qu'il n'a pas grand chose à dire à propos de la coupe du monde de football. Moi non plus. C'est un animal qui vit dans les arbres où il trouve aisément les feuilles dont il se nourrit.
Autrefois, il y a tout de même quelques millions d'années (un peu plus ou un peu moins), le continent américain était constitué de deux parties bien dissociées. Entre ces deux parties, il y avait de l'eau. Alors, s'il était possible que les oiseaux passent d'une terre à l'autre, les animaux terrestres, eux, étaient cantonnés qui au nord, qui au sud. Et cela causait beaucoup de tristesse chez les animaux avides de voyage et de découvertes de paysages inconnus.
Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'à une époque, ce que l'on nomme aujourd'hui Amérique du Sud s'est retrouvée séparée de l'Amérique du Nord après que ces deux territoires s'étaient détachés de l'Afrique. Sur ces territoires, au départ (qui a dû durer un peu), la faune de ces Amériques étaient celle que l'on trouvait en Afrique. C'est logique, finalement. Et alors, bon, voilà que, profitant des caprices de la croûte terrestre, les terres prennent leur indépendances les unes des autres. Bye, bye, on file plus à l'ouest !
Le voyage prend son temps mais toujours est-il qu'à partir du largage des amarres, les animaux sont bien obligés d'évoluer à leur manière d'un côté et de l'autre de ce qu'il convient bien d'appeler désormais océan Atlantique. Il faut noter qu'en ces temps lointains, les moyens de communication, téléphones satellitaires, Internet, ou même câble télégraphique trans-océanique, n'étaient encore que de vagues idées mal définies. Enfin bref, chacun vit sa vie comme il l'entend et personne ne trouve à y redire pendant pas mal d'années.
Et puis, un matin, voilà que les deux sous-continents américains se rapprochent et qu'un passage s'ouvre entre le sud et le nord. Pour pas mal d'animaux, c'est une aubaine ! Enfin, on va pouvoir voir du pays, retrouver les cousins perdus de vue, faire du tourisme. Du côté de Panama et de son isthme, c'est le grand chassé-croisé, il y en a qui montent, d'autres qui descendent. On peut supposer qu'il y a dû y avoir un peu comme des embouteillages mais les chroniques de l'époque ne nous sont pas parvenues. Cet événement a un nom, c'est le "Grand échange faunique interaméricain" (ou Great American Interchange) et on en apprendra plus ici que sur ce blog.
Et alors, c'est là que ce qui semblait être l'ouverture sur une nouvelle ère pleine de promesses réjouissantes tourne au cauchemar. C'est que, du sud comme du nord, à force de diverger n'importe comment, l'équilibre qui avait été, bon an mal an, trouvé entre prédateurs et proies est bouleversé et que ça dégénère. Certains qui se pensaient peinards se font croquer par des méchants débarqués d'on ne sait où, de vils étrangers, des "pas comme nous". Si je n'ai pas tout à fait tout compris des tenants et aboutissants de toute cette affaire, il me semble qu'il y a eu du chambard et d'âpres luttes de part et d'autre.

Mais revenons à notre sujet

Alors que les ancêtres de nos paresseux pouvaient être vraiment plus gros et qu'ils ont eu l'idée d'aller en Amérique du Nord pour voir si les feuilles y étaient meilleures (au passage, je ne peux pas passer sous silence qu'un paresseux actuel se déplace à la vitesse de dix mètres à l'heure et que le voyage à dû prendre plusieurs générations), on se prépare à donner un nom un peu moins péjoratif. Il faut reconnaître que personne n'aime se faire traiter de paresseux ou de fainéant. Et donc, on s'arrête sur aï. Personnellement, je pense que l'on aurait pu trouver mieux et, toujours à mon avis, je me dis que si l'on avait vraiment voulu se débarrasser de ce qualificatif peu reluisant de "paresseux", on aurait pu ou dû faire un peu plus d'efforts. Finalement, il aura fallu attendre 1842 et Owen pour qu'un nom correct soit trouvé avec "Phyllophaga".

Mais revenons à notre sujet une fois de plus

Au départ, il y a eu une connaissance qui m'a envoyé un lien vers un site émanant du département du Loiret (France) et qui n'est pas sans rapport avec le aï pour peu que l'on soit anglophone plutôt que francophone. Je m'explique. Cette connaissance, graphiste, me communique un lien vers un site Internet se proposant de créer des illustrations à l'aide de l'Intelligence Artificielle (IA en français mais bien AI en langue anglaise). Alors, me suis un peu amusé avec la chose et cela a donné deux images que je vous montre ci-après.




Chacun se fera son idée sur la question et, au choix, sera émerveillé ou effondré. Sur le principe, c'est simple. Vous entrez des mots-clés et le système vous sort une image. Ce n'est vraiment pas le meilleur générateur d'image existant et il en est qui vous font de l'imagerie de haute volée. Pour mon correspondant, cette AI est une vraie menace pour les illustrateurs, photographes, peintres et autres. Et il est vrai que, bientôt peut-être, il sera facile de produire des illustrations tout à fait convaincantes de quelques clics de souris. C'est le progrès, c'est de la haute ingénierie, c'est fabuleux. Je ne suis pas contre.


Vous pouvez expérimenter la chose en allant sur cette page.

Art, blockchain, NFT, pâtes et survie des artistes

Les NFT ou "jetons non fongibles" sont ce qui fait de mieux en matière de modernité futuriste de demain. Les NFT, donc, s'appuient sur une "blockchain" ou "chaîne de blocs" qui garantit l'unicité de l'objet numérique et assure au propriétaire l'authenticité de la preuve d'achat à travers le temps et l'espace (sauf à trop s'approcher d'un trou noir hyper massif, bien entendu).
Ainsi, aujourd'hui, désireux de faire entrer ce blog dans l'ère du post-modernisme numérique et virtuel et, parce que je me dois d'être le plus honnête avec vous, de garantir ma survie physique en assurant mon approvisionnement en pâtes, je mets en vente un dessin tout neuf et totalement inédit.




Pour acquérir ce dessin aux dimensions originales de 2156 par 2265 pixels au format png (profil colorimétrique Greyscale-D50) de qualité supérieure, je ne demande que la somme de 0,002 bitcoin convertible en monnaie sonnante et trébuchante à me remettre en main propre ou par virement bancaire (me contacter pour recevoir un RIB authentifié).
Evidemment, cela va de soi, seul le premier ou la première à se manifester pourra se prévaloir du titre de propriétaire incontestable de cette œuvre picturale et sera détenteur·rice du certificat d'authenticité approuvé par les plus hautes autorités.
Vous êtes donc dès tout de suite invité à me contacter à l'adresse de courrier électronique bitcoin@michel-loiseau.fr

L'attrait du laid

Peut-être parce que je me considère assez laid moi-même, j'ai une attirance certaine pour les choses laides. Principalement les objets et aussi, parfois, pour les personnes au physique certes disgracieux mais ayant un petit je ne sais quoi qui attire la curiosité et l'intérêt. Pour être honnête, une fois n'est pas coutume, je dois préciser que je n'aime pas toutes les formes de laideur et que certaines dépassent même mes capacités à me foutre de tout et du reste. Le laid clinquant, le laid de mauvais goût, le laid du "beauf" qui pense faire beau, le laid pompeux, le laid dû à la pauvreté, tous ces laids là me peinent ou m'affligent.
Dans les nombreuses catégories de la laideur, il en est une qui peut éventuellement me plaire pour peu que cette laideur ait été mûrement réfléchie, pensée, étudiée. Pour ce qui nous concerne aujourd'hui, je veux parler de la laideur assumée qui puise son inspiration dans le mouvement steampunk, de la laideur aristocratique autant qu'unchronique, de cette laideur faite de tuyaux et de métal, d'engrenages et de cadrans de pression. Lorsque la culture steampunk s'en vient à rencontrer l'art du "rat's bike", ça donne des résultats étonnants qui me laissent quelque peu perplexe. J'ai eu l'occasion de croiser une machine et je ne sais trop qu'en penser.

De loin, on ne peut pas dire que c'est beau. De près, on sait que c'est laid. La curiosité prenant le dessus sur mon envie de déguster une banana split à la terrasse de ce glacier à la mode des beaux quartier de la capitale, je me suis approché de ce qu'il convient malgré tout d'appeler une motocyclette. Je n'en avais encore jamais croisé de semblable. Au tout début, j'ai pensé à une Harley-Davidson bricolée par un malade mental qui aurait trouvé un marteau et une paire de pinces. Un psychopathe qui aurait dépecé une vache pour en faire une parure de carrosserie. Mais non, ce n'était pas une Harley-Davidson du tout. La présence d'un arbre de transmission sur le côté gauche de la machine me le fit comprendre sans coup fénir.
Il restait à déterminer quel pauvre engin avait été mis à contribution pour la création d'une pareille saloperie merveille mécanique. Mes connaissances en la matière se résumant à peu voire à pas grand chose, je me décidais, sous le regard médusé des passants hagards, à me pencher pour zieuter les entrailles de la bête. Je pus lire que le moteur (et par extension une partie conséquente des organes) provenait d'une Suzuki. Probablement d'une Intruder (qui, traduit de l'anglais vers le français, nous instruit un peu mieux de l'incongruité de la chose). Bref, j'étais comme deux ronds de flan à regarder la bécane de cuir et d'acier lorsqu'un quidam tout ce qu'il y a de plus quelconque entreprit de tailler une bavette sur le thème de "kècessaicètemoto". Allez savoir, j'étais peut-être dans un bon jour, je lui répondis ce que je vous dis un peu avant. Il me rétorque que, tout de même, ça copie pas mal une Harley. Je réponds que c'est une inspiration certaine. Et là, deux pingouins avec des piercings partout sur la tronche débarquent et l'un d'eux (celui encore en état de causer) avance qu'à son avis à lui, c'est bien une Harley. Moi, je m'en bats les couilles, en fait. Mais bon, j'aime pas laisser les gens dans l'erreur. Je dis une fois de plus que non, que c'est une moto japonaise de marque Suzuki. Là, il m'est répondu par lui que, lui donc, a eu une Aprilia 125. Je dis que ce doit être pas mal et j'espère vraiment que l'on va en rester là. Mais non ! Pensez-vous ! Il embraye avec une demande d'un peu de monnaie pour se payer quelque chose à manger. Bon. Je fouille mes poches, je n'ai pas envie de donner l'un des billets de 500 euros qui traînent au fond et gratte les pièces qui gisent encore plus profondément. J'en prends une petite poignée et je donne tout en disant que je n'ai plus rien pour ma banana split, à présent.

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