Le véhicule du jour est clivant. Soit on aime, soit on déteste. Moi, j'aime. Pour les "contre", il y a principalement l'argument qui dit que l'on ne doit pas détruire ou dénaturer les véhicules du patrimoine, les véhicules anciens, de collection. Ceux-ci disent que le respect de la plus stricte restauration à l'origine est la seule voie qui soit. Et on peut entendre cela.
Pour les "pour", on dit que l'on a bien le droit de faire ce que l'on veut d'autant plus si l'on a un véhicule, certes assez ancien, mais relativement commun et dans un état de quasi épave. Dans l'idée, la restauration à l'état concours d'un véhicule déjà bien présent dans des musées ou dans des collections privées est une option comme une autre et la relative rareté n'entre que peu dans l'équation.
Le camion Ford présenté aujourd'hui est un modèle canadien qui a été produit à grande échelle. Chez nous, bien sûr, on le connaît peu. Certains sont arrivés chez nous, sur le continent européen, après la seconde guerre mondiale. Je ne connais pas exactement l'histoire de ce camion mais ce qui est certain, c'est que son propriétaire actuel est parti d'un modèle déjà bien attaqué par la corrosion. Sans doute aussi était-il incomplet.
L'idée de le transformer pour en faire une sorte d'œuvre d'art roulante a fait son chemin. Et le résultat me plaît et m'amuse. Le concept englobe l'imaginaire post-apocalyptique des films et histoires de zombies qui auraient entrepris de bouffer le cerveau des vivants même pas morts. On notera que leur plan est un peu faible. Que boufferont-ils une fois qu'ils auront converti toute la population mondiale des simples mortels en morts vivants ? Je ne suis pas sûr que ces zombies là réfléchissent si loin.
Il y a plein de détails amusants comme la tête de zombie coincée dans la grille de radiateur ou les animaux empaillés qui dépassent d'un peu partout. La carrosserie (ce qui n'est pas bouffé par la rouille) est badigeonnée d'un mélange d'huile de vidange et de gas-oil. A cela, deux raisons principales. La première est que ça freine la progression de la corrosion. L'autre, c'est que ça dissuade le curieux badaud de toucher l'œuvre. Ce n'est pas idiot.
Un petit détail que je trouve très ingénieux se voit dans les bouchons d'échappement accrochés le long des tubes gauches. A droite, on a préféré un échappement bas qui court le long de la cabine. Et pourquoi pas ? Les accessoires ont été dénichés au hasard des découvertes et intégrés au mieux. Pour la mécanique, on a viré le moteur d'origine pour le remplacer par un bon V8 de chez Chevrolet. C'est bien mieux pour le bruit.
Et puis, il y a la remorque qui permet d'amener la Harley Davidson traitée selon les mêmes principes ingénieux. Et puis, surtout, il y a le propriétaire, bricoleur inspiré, mécanicien de génie, qui n'est pas avare pour parler de sa création avec l'humour qui est de rigueur.
17 réactions
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1 De Tournesol -
Rigolo ! Si on peut pas faire ce qu’on veut avec ce qu’on achète !
2 De Sax/Cat -
@Tournesol : voire avec ce qu'on vole
3 De Waldo7624 -
Ouais, bof... Autant être sincère, au risque de passer pour un vieux con mais j'aime à endosser cette panoplie. Donc, l’œuvre, mon c.l ! Si ça, c'est une œuvre, rien que mes oreilles sont un chef-d’œuvre ! D'abord et déjà, les symboles faisant référence à l'armée, même US, c'est rédhibitoire. C'est laid, grossier, lourd, agressif, disgracieux, carnavalesque et j'en passe...
Dessiné par un artiste tel que celui qui tient ce blog, là, je ne dis pas. Dans ce cas, oui, le dessin aurait alors mérité de figurer dans un petit recueil (vendu pas cher) à la gloire des horreurs auxquelles la planète aura échappé puisque c'était imaginaire. Mais là, en vrai... Non !
Le but est atteint, c'est clivant. Mais pas dans le sens où il faut restaurer l'engin, non, il faut l'envoyer au successeur de César, qu'il en fasse une vraie œuvre d'art. Mais là encore, faut aimer...
4 De Tournesol -
Une œuvre d’art se définit comme une œuvre dont le but ent de provoquer une réaction.ici ça a marché.
Après,je ne dirais pas que c’est beau,mais j’aime bien le bizarre.
5 De fifi -
J'aime bien, mais je me posais cette question : Il est passé aux mines ce véhicule. Parce que rouler vitre baissée avec les quatre sorties de pot à ras la cabine, il y a où tousser,
d'ailleurs, je crois entendre tousser ;-))
6 De Jeannot lou Paysan -
Bouh! M'est avis, malgré le respect que je dois à l'artiste, que c'est un poil moins compliqué de commettre ce patchwork que pour réaliser un ensemble aux harmonieuses proportions. Après, il n'y a plus qu'à revendiquer une démarche audacieuse et s'inscrire au salon des refusés.
Tiens, ça me coûte, mais je suis presque d'accord avec 7624.
7 De Waldo7624 -
@JlP : ça vous a coûté combien ? (si ce n'est pas indiscret...)
Je comprends la provoc' et j'aime à répondre par une autre. Cela dit, en matière d'art, il ne faut pas confondre originalité et esthétique. En ce qui me concerne, je rapproche la notion d'art de celle de l'esthétique. Du trait, de la couleur, des proportions... L'artiste s'efforce donc de concilier tout ça dans une œuvre qui réjouit les cœurs et enchante les regards ou les esprits. Quand on n'a rien d'autre pour s'exprimer que l'originalité, c'est bien, mais ce n'est pas forcément de l'art.
Poil au zigomar.
8 De Michel Loiseau -
Je m'oppose à l'idée que l'art doit être esthétique. La décoration n'est pas forcément de l'art. Ça peut, je ne le nie pas, mais ce n'est pas vrai tout le temps. Mettre une gondole qui clignote sur un poste de télévision ancien, ça peut être de la décoration (on ne discutera pas des goûts) à une certaine époque ; ça peut aussi être de l'art si c'est une installation d'art contemporain qui envisage restituer l'esthétique des années 70, dans un contexte, dans un cadre.
Je suis cependant d'accord pour dire que l'originalité n'est pas l'art non plus ou pas toujours non plus.
9 De Waldo7624 -
Et moi je crois qu'une gondole qui clignote sur un poste de télévision ancien, pour rapprocher ça d'une vision artistique quelconque, il faut vraiment chercher longtemps le bon angle, ou avoir ingurgité une bonne dose d'un produit euphorisant !
10 De Waldo7624 -
Et puis, la décoration, ce n'est pas forcément de l'art. Par exemple, les officiers russes (et d'autres nationalités) qui arborent fièrement moult décorations, n'ont rien d'artistes. C'est même un peu lourdingue !
11 De Tournesol -
Je reste sur l’idée que l’art est le résultat d’un désir de provoquer une réaction.Pas forcément une création harmonieuse et gratifiante,elle peut être dérangeante.Je pense par exemple à Penderecki et son » Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima « qui est un modèle de disharmonie,mais il voulait rendre le malaise que ce massacre lui inspirait. C’est assez réussi.
Paradoxalement sa musique plaisait beaucoup à certains de mes patients psychotiques,c’est d’ailleurs grâce à eux que j’ai connu ce compositeur.
12 De Tournesol -
Dans le même ordre d’idées, » tres de Mayo » , » les massacres de Chio » ou « Guernica « ne sont pas des œuvres à mettre dans sa chambre à. Ou cher pour faire de beaux rêves…
13 De Michel Loiseau -
Dans l'idée du morceau de Penderecki, je pense à "different trains" de Steve Reich. Dans ces deux cas (mais il en existe bien d'autres), l'art est convoqué pour dire ce que les mots, les images, ne peuvent dire. C'est l'indicible que l'art explore souvent. Un paysage, il est difficile de le décrire avec des mots simples et simplement descriptifs. L'art qu'il soit pictural, poétique ou musical, y parvient
14 De Waldo7624 -
@Tournesol : vous avez raison, mais l'originalité ne doit pas être un prétexte à qualifier. J'oubliais l'univers musical dans le domaine artistique, pourtant de grande importance. Et pourquoi pas le domaine gustatif...
15 De Tournesol -
Chambre à coucher…
16 De Michel Loiseau -
Le gustatif comme art ? Il faudra m'expliquer.
17 De Waldo7624 -
...On parle parfois de l'art culinaire...