Dessin immonde et répugnant

moto moche
Ne nous contentons pas de faire du laid, osons l'immonde !



Je ne cherche pas à m'excuser mais simplement à m'expliquer. Il est arrivé que je suis tombé sur un pinceau oublié. J'ai dû l'acheter il y a longtemps, peut-être l'utiliser, et enfin le mettre de côté et l'oublier. Allez savoir pourquoi et comment, je l'ai redécouvert et je me suis mis en tête de l'essayer. J'ai tracé un dessin et je me disais en le. faisant qu'il était tout de même bien horrible et mal foutu. La sagesse aurait conduit à ce que j'arrêtasse illico cet exercice coupable et que je retourne me coucher avec l'espoir d'oublier toute trace de ce méfait. Au pire, j'aurais pu ou dû ouvrir une bouteille d'alcool fort et m'abrutir afin de garantir l'oubli souhaité.
Mais voyez comme je suis dénué d'intelligence et de volonté, je n'en fis rien. Au contraire, mû par une force mauvaise, je persistais et m'enferrais. J'allais boire la honte et le déshonneur jusqu'à la lie, aller de l'avant en bravant les réprobations qui n'allaient pas manquer, perdre les quelques crédits que je pouvais encore avoir auprès de la communauté des dessinateurs très tolérants et prêts à accorder leur pardon à mes productions qui déshonorent une profession respectable. Je ne pourrai pas accuser une soudaine maladie qui aurait été à l'origine de mon manque de discernement. J'étais conscient de mes actes, j'en suis responsable, je suis coupable de cela.
Dans ce désir pressant d'essayer ce pinceau, à la manière d'un pauvre hère possédé par un démon ensorceleur, je perdais tout sens commun et, je vous dois de l'avouer, alors que je voyais le désastre surgir sous la mine, je ricanais. Oui, j'avais ce rictus qui déforme les faces pourtant déjà ingrates en un amas de chairs flasques encore plus abominables et effroyables. J'en bavais de plaisir malsain, j'avais du plaisir à saccager ainsi une feuille de papier qui n'avait jamais pu imaginer se rendre complice d'une pareille exaction graphique. Un ultime sursaut me commanda de me saisir enfin de ce pinceau et de le plonger rageusement dans le flacon d'encre de chine. Les yeux révulsés et alors que je sentais une froide sueur courir le long de mon échine, je repassais ce tracé repoussant à la pointe de ce foutu pinceau que je ne parvenais pas à lâcher. J'étais possédé, j'étais sous influence, le Vaudou avait pris possession tant de mon corps que de mon esprit. Je pensais à Donald Trump et je rêvais que la France trouve un maître semblable à lui, je psalmodiait des incantations sataniques, j'avalais des saucisses véganes crues, j'implorais la mansuétude d'Emmanuel Macron, je conspuais les idoles qu'hier je vénérais encore, je m'engageais à lire l'intégrale du Marquis de Sade réécrite pasr Enid Blyton, à écouter le Boléro de Ravel à l'envers, à boire mon urine, à aller tracer des signes diaboliques dans les églises. J'étais devenu l'incarnation vivante du Malin, un être mauvais, méchant, cruel. Et puis, je me suis évanoui.

Trois jours après, je me réveillai nu au milieu d'un bois. J'étais frigorifié et je ne me souvenais de rien. Je me demandai alors ce que je faisais là. Il est de notoriété publique que l'on ne me voit pas souvent dans les bois et encore moins nu. Un brouillard épais et bienvenu me permit de rejoindre mon domicile sans que quiconque puisse me voir. Épuisé, je ramassais mes hardes et m'habillait. Je me fis du café. Sur la table où je posai mon bol, j'aperçus ce dessin. Je réprimai un reflux gastrique et un cri d'effroi.
Depuis, j'ai consulté un célèbre exorciste et ça va un peu mieux. Je suis encore un peu faible, je sursaute au moindre bruit, j'ai peur d'un peu tout. Pour finir l'exorcisme, il m'a été indiqué qu'il me fallait terminer le dessin, le mettre en couleur et le poster sur mon blog. Alors, et ce n'est pas gentil, une des personnes qui le verra apparaître sur son écran sera à son tour possédé et moi, je serai libéré de mes tourments.

Ajouter un commentaire

Les champs suivis d'un * sont obligatoires

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

Haut de page