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Plus de puissance

Indian a été le plus important fabricant de motocyclettes des États-Unis d'Amérique pendant plusieurs décennies. Son obstination à vouloir conserver des solutions techniques obsolètes ont pu précipiter sa chute. Au début des années 50, la marque est au plus mal. Elle est rachetée, revendue, finit par produire un peu de tout et de n'importe quoi, apposant sa marque sur des cyclomoteurs italiens ou taïwanais (sous licence Honda).
Il faut attendre la fin des années 90 pour qu'une énième tentative de résurrection apparaisse comme un peu sérieuse. Dans un premier temps, on conçoit une motocyclette équipée d'un moteur S&S mais il faut attendre les années 2010 pour que, sous l'égide de Polaris qui détient déjà la marque Victory, Indian renaisse réellement.
Mon point de vue sur ces nouvelles machines est que Indian a beaucoup trop joué sur le côté rétro en allant jusqu'à maquiller son moteur en bon vieux moteur à soupapes latérales. Alors, je comprends que tout cela puisse plaire. L'ensemble qui vise à concurrencer frontalement Harley-Davidson adopte des solutions bien plus modernes. Les performances sont meilleures, la fiabilité peut-être aussi. Cependant, je n'aime pas ces nouvelles Indian. C'est un point de vue personnel.
A Marsac-sur-l'Isle, il y avait une belle machine qui doit dater de quelque part entre la fin des années 10 et le début des années 20 du siècle précédent. Elle était accompagnée d'un side-car et l'ensemble était à vendre 35000 euros. Le moteur est le célèbre Powerplus. Un bel attelage qui doit mériter le prix demandé.

Indian Powerplus
Side car Indian Powerplus

Side car boche

BMW R12
BMW R12 détail


Cette motocyclette naît dans l'Allemagne nazie. C'est un fait incontestable tout autant que le fait que BMW n'est pas une marque connue pour son opposition au régime nazi. Une fois que cela est rappelé, on peut considérer que cette moto reste une moto, un objet manufacturé qui n'a a priori pas d'opinion politique. Qu'elle ait pu être utilisée par des militaires allemands ne lui donne pas directement, à mon avis, d'intentions idéologiques.
Il est possible que cette motocyclette ait été récupérée par la CMR dans l'immédiat après-guerre. La France doit reconstruire son industrie et motoriser les administrations nationales. On récupère tout ce qui peut servir, les stocks laissés par les Allemands et on bricole. Il n'est pas impossible que cette motocyclette soit passée par ce CMR et qu'elle ait été attelée à cette époque. Il est tout aussi possible qu'elle ait été attelée par la suite.
C'est motorisé par un moteur deux cylindres à plat de 750cm3 à soupapes latérales, une technologie déjà ancienne mais qui se justifie par la simplicité mécanique et la bonne solidité. Ce n'est pas très puissant mais ça bénéficie d'un couple moteur satisfaisant.

side car BMW R12
BMW R12 attelé

Il s'agit de l'une des dernières motocyclettes de chez BMW à arborer un cadre en tôle emboutie. Elle ne dispose pas de suspensions arrières mais a déjà une fourche télescopique.

krafträder in technik und leistung voran
Des motos en avance sur la technologie et la performance

Locomotion soviétique

L'idée d'ajouter une troisième roue à ce que l'on nomme motocyclette est née lorsque le premier poivrot s'est retrouvé dans une mauvaise posture après avoir essayé en vain de regagner sa couche en s'aidant de son véhicule à deux roues peu stable dès lors que le taux d'alcoolémie dépassait une certaine limite qu'il convient de ne pas dépasser selon les sommités médicales promptes à faire des recommandations au sujet de la préservation de la santé de leurs semblables.
Ça, c'est ce que l'on aime à raconter aux oreilles crédules en employant un ton docte et pontifiant. Pour tout dire, en vérité, l'idée de l'ajout de cette troisième roue à la motocyclette arrive dans l'histoire après que l'on a eu l'idée d'ôter la quatrième roue originelle. En effet, le tout premier prototype de ce que l'on appellera par la suite "motocyclette", la Daimler Reitwagen (ou voiture d'équitation) de Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach, éminents inventeurs du glorieux empire germanique, propose d'entraîner ce véhicule à l'aide d'un moteur à combustion interne et ceci dès 1885. Cet engin infernal, basé sur une forme de draisienne, est équipé de deux roues d'un diamètre inférieur chargé d'assurer l'équilibre de l'ensemble. Ainsi, il n'est pas inutile de préciser que la première moto avait quatre roues et d'ainsi rétablir la vérité que toute personne sensée sait intuitivement à savoir que quatre roues, c'est mieux que deux.

Il fut un temps où le side-car avait les faveurs des classes moyennes basses que les tarifs éloignaient de la possibilité de rouler en automobile. Ils intéressèrent aussi les militaires qui voyaient en lui un véhicule à même de se déplacer relativement rapidement et de pouvoir avoir un passager chargé d'éventuellement manier une arme tandis que le pilote faisait en sorte de conserver une trajectoire relative à la machine. Avec la démocratisation de l'automobile et l'apparition du marché de l'occasion, nombre de civils délaissèrent le side-car au profit de l'automobile. Moins avisées[1], les armées persistèrent un temps à réclamer de ces engins malcommodes et désuets. C'est ainsi que dans notre beau pays de France, on eut les fameuses Gnome-Rhône AX puis AX2 juste avant la seconde guerre mondiale[2]. Outre-Rhin, les BMW et autres Zündapp furent de tous les champs de bataille. de l'Europe de l'ouest aux plaines de Russie et aussi en Afrique du nord.
Après guerre, les soviétiques s'emparèrent des chaînes de montages et des secrets technologiques de l'Allemagne nazie et produisirent de rutilants side-car propres à affronter les rigueurs climatiques de l'immense territoire. Si les premiers modèles s'inspiraient beaucoup des BMW R71, les ingénieurs communistes travaillèrent ardemment afin de motoriser l'URSS. Il est à noter que pendant ce temps, le side-car était devenu un véhicule de loisirs dans les pays civilisés et que, peut-être à part des livreurs de journaux dans Paris, peu sont ceux qui ont continués à réclamer ces machines.
Il existe un débat assez futile sur les origines du side-car. Est-il réellement né dans le Royaume-Uni ? Certains le disent mais n'apportent aucune preuve formelle. Je pense pour ma part qu'il y a eu invention concomitante en plusieurs pays industrialisés. Toutefois, on note qu'il existe deux écoles en matière de side-car. D'un côté, nous avons de nombreux constructeurs de motocyclettes qui produisent des attelages et de l'autre, nous avons d'aussi nombreux de constructeurs de paniers[3] qui proposent aux possesseurs de motocyclette d'équiper leur monture après coup.

Pour la question de la production de side-cars de l'autre côté du rideau de fer, pour nous autres, citoyens du monde libre, nous avons les Dnepr et Ural en plus des MZ ou Jawa-Velorex. On peut sans doute ajouter quelques Jupiter attelées et, plus loin, en Chine, les CHANG JIANG 750[4]. Tous ces engins ont été plus ou moins régulièrement été importés en France avec un succès plus ou moins important. Les plus aboutis ont peut-être été les MZ que l'on pouvait voir assez souvent. Après la chute de l'URSS, un marché du side-car russe a émergé et l'on a pu voir des machines Ural ou Dnepr arriver et faire le malheur de nombre de personnes pensant pouvoir rouler sans se préoccuper de trop les entretenir.
Plusieurs sorciers affirment avoir fiabilisé ces attelages Ural et Dnepr et avoir parcouru de nombreux milliers de kilomètres à leur guidon. Je ne dis pas que cela est faux mais je ne peux pas m'empêcher de me demander pourquoi on peut s'infliger pareille peine. Parce que, disons-le, si la fiabilité n'est pas le point fort de ces machines[5], les performances sont ridicules. Par exemple, pour un Dnepr 750 à soupapes latérales, la documentation précise que la consommation d'essence est de l'ordre des six litres aux cent kilomètres… en roulant à 45 km/h. Les Ural plus récentes et à moteur culbuté doivent consommesr quelque chose comme huit litres aux cent kilomètres en roulant à 80 km/h. C'est mieux mais ce n'est tout de même pas de nature à faire rêver.
Il reste que ce genre de véhicules permet de rouler autrement, de se démarquer. On parvient au même résultat au volant d'une Ferrari.

Side-car Dnepr
l'efficacité du flat-twin à soupapes latérales

Notes

[1] les militaires ne brillent pas par l'intelligence

[2] elles ne permirent pas de contrer l'offensive allemande

[3] c'est le nom que l'on donne à cet accessoire accolé à la motocyclette dans le jargon

[4] très inspirés des BMW R71

[5] il paraît que les dernières URAL sont enfin utilisables sans trop de souci

Le contrôle et la Bavaroise

A Bilhac, j'ai vu un side-car BMW qui ne passerait peut-être pas le contrôle technique.

Ce ne sont pas les phares à longue portée et même peut-être pas les roues qui semblent bien provenir d'une 4cv Renault qui seraient un problème. C'est le moteur. Bien que les carters aient été limés pour masquer la cylindrée réelle, si l'on s'y connaît un minimum il saute aux yeux que ce n'est pas là le moteur d'origine.

On ne va pas chinoiser

Hier, en marge de[1] la manifestation contre la réforme des retraites, à Périgueux, tandis que le cortège s'étiolait une fois de retour au point de départ, je me dirigeais vers l'une des extrémités de la place Tourny lorsqu'un véhicule peu habituel attirait mon regard et l'objectif de l'appareil photo.

Note

[1] expression très appréciée des journalistes de toute sorte

De loin, comme ça, dans un premier temps, je me dis que c'est un side-car Ural. A y mieux regarder, toutefois, en plissant légèrement les yeux, je m'aperçois qu'il manque tout de même les cylindres du flat-twin pour que ce soit un parfait attelage russe. La curiosité piquée à vif, je prends mon courage à deux mains pour activer mes pieds vers ce véhicule.

Un bicylindre vertical, à refroidissement liquide. Bon. Qu'est-ce donc que ce truc ? Le nom m'indique assez rapidement qu'il s'agit d'un produit chinois. Chang-Jiang, ça ne sonne pas comme une marque auvergnate. Bref, je fais rapidement le tour de la chose et je note quelques bizarreries comme les selles séparées et suspendues qui ne font pas très moderne ou le système de suspension de la roue arrière de la motocyclette. Il semble que l'on ait affaire à un hardi mélange entre modernité et classicisme mal digéré. Le bloc moteur est de facture moderne, c'est évident. La partie-cycle fleure bon les années 50 ou 60. Le gros réservoir paraît avoir été posé là sans se soucier le moins du monde de l'esthétique. Mais après tout, qui suis-je pour discuter de l'esthétique ?

Bon. Je suis là avec mon appareil-photo, ça ne me coûte pas très cher de presser la commande de l'obturateur. Je double la prise de vue pour plus de sécurité et je considère avoir fait le tour de la question. Je quitte Périgueux pour revenir à Azerat.

Il faut aller sur le site de la marque pour en apprendre plus. C'est donc un moteur bicylindre de 650cc double arbre à cames et huit soupapes alimenté par un système d'injection Bosch qui propulse le side-car. D'après ce que j'ai lu dans un essai du truc, ce moteur serait un Kawasaki revisité. Au passage, j'apprends qu'avec l'adoption de la norme euro 5, le moulin perd des chevaux tout en conservant le couple. Je suis d'avis que ça ne doit pas être handicapant. J'imagine que ce side-car n'est pas pour celles et ceux qui souhaitent atteindre de folles vitesses.

Si les side-cars m'amusent, il me semble que ça n'a pas grand intérêt autre que celui de rouler autrement, différent, de se démarquer de la masse et de faire parler les curieux. Avec ces véhicules exotiques se pose toujours la question de la fiabilité et de la disponibilité de pièces détachées. Je comprends que ce side-car néo-rétro puisse attirer certaines personnes et je me dis que si elles y trouvent du plaisir, c'est très bien comme ça. Ceci étant dit, je trouve l'ensemble assez clinquant et peu homogène. Une question de goût dont on ne discute pas.

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