A ce que l'on dit, il faudrait 1,7 planète pour satisfaire la consommation tout en garantissant le renouvellement des ressources. Ceci à l'échelle mondiale. Si toute la planète vivait comme les pays riches, dont nous sommes, il faudrait probablement plutôt entre 2,5 et 3 planètes.
Les pays riches consomment plus (beaucoup plus) que les pays pauvres. En 2021, 10% des personnes les plus riches détenaient 75% des richesses mondiales. Si l'on prend un gâteau, il y a une personne qui engloutit les trois quarts de la pâtisserie et les neuf personnes restantes se battent pour se partager le quart restant.
Une fois que cela est dit, on se sent un peu coupable de consommer tant et plus tandis que d'autres crèvent de faim et que la planète ne sera peut-être pas en mesure d'assurer la vie de tous dans quelques décennies ou siècles. Si l'on a un tantinet de conscience écologique, on se promet de faire attention, de moins consommer, de moins gaspiller, d'être économe, sobre, frugal. Si l'on a décidé que l'on en a rien à foutre des autres, que l'on mérite de consommer toujours plus, que l'on a droit à son petit confort, que l'on refuse de restreindre ses envies, que l'on a bien mérité tout ce que l'on peut consommer, que c'est un droit et, qu'en plus, vu son âge, de toutes les façons, sa vie tire sur la fin, alors, on ferme les oreilles et on rigole de cette histoire de "Jour du dépassement" en se remplissant la panse et en riant gras.
Mais, il y en a qui consomment peu non pas parce qu'ils sont sensibles aux causes écologiques mais simplement parce qu'ils ne le peuvent pas. C'est le cas des pauvres, qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs. Il conviendrait que les riches sachent remercier les pauvres pour leur dévouement.
Je suppose que pour bon nombre de personnes aisées, tout est question de mérite. Si ça va plutôt pas mal pour elles, c'est qu'elles le méritent. C'est plus glorifiant et plus déculpabilisant que de se dire que la plupart du temps, c'est surtout un sacré gros coup de chance. La chance d'être né là plutôt qu'ailleurs, d'avoir eu accès à des systèmes éducatifs et de santé, de ne pas être né handicapé ou dans un pays en guerre, d'avoir eu de la chance.
Les pauvres, les improductifs, les parasites du système, les laissés pour compte, les étrangers d'ailleurs qui fuient la misère, la guerre, la famine, les états totalitaires, ils n'ont que ce qu'ils méritent eux aussi. Quand on veut, on peut. Il suffit de traverser la rue et puis, il faut se donner les moyens, il faut de la volonté, du courage, de la hargne, de l'allant. Si ça reste pauvre, c'est bien parce que ça les arrange.
Lorsque l'on entend, à la radio, sans doute à la télévision, que l'on lit dans les journaux l'annonce de ce "Jour du dépassement", on se dit donc qu'il nous faut faire quelque chose et l'on se fait la promesse de faire un peu plus attention. Et pas un moment, on se dit que, finalement, nous autres, les gens des basses et moyennes classes de la société, nous ne jouons que pour une part infime dans ce problème et que, comble de malchance, ce sera nous qui subirons les premiers les effets de cela.
Normalement, nous devrions nous révolter contre les plus riches, contre les plus gourmands. Mais non, ce doit être dans la nature humaine de croire que ces riches, ces puissants, sont des objectifs à atteindre, des modèles, et qu'il faut tenter de les rejoindre tout en haut, d'avoir accès aux délices de la vie de riche.
Si le pauvre sait qu'il est pauvre, celui qui est juste sorti de la pauvreté ou celui qui a les moyens de se faire une petite vie confortable pense qu'il a gravi une marche vers la cime, qu'il va bientôt rejoindre l'élite, qu'il va jouer dans la cour des grands de ce monde. C'est fou de réussir à se bercer de pareilles illusions.
Ce que l'on nous dit, ce que l'on lit ou entend, ce n'est pas qu'il faut se révolter contre ceux qui bouffent les 3/4 du gâteau, c'est qu'il nous faut nous sentir coupables et responsables de la catastrophe à venir. Si l'on était honnête et cynique, on souhaiterait la disparition des pauvres, des milliards de personnes qui ne servent à rien. Parce que le problème est bien là. S'il n'y avait que des riches et même s'ils consommaient jusqu'à l'éclatement, tout irait très bien.
Heureusement qu'il reste des pauvres
Aujourd'hui, c'est le "Jour du dépassement", le jour de l'année où l'on a consommé toutes les ressources que la planète est capable de générer sur un an.
1 De Waldo7624 -
Voilà un texte qui devrait susciter bien des polémiques et des commentaires...
C'est un sujet intéressant à plus d'un titre.
Mais qui est "riche" et qui est "pauvre" ? C'est un peu comme l'intelligence ou la connerie, ça ne se mesure qu'à la comparaison. Et l'échelle est grande, d'autant plus grande suivant la place qu'on juge occuper sur la dite échelle...
2 De Jeannot lou Paysan -
Très chouette analyse. Je n'y vois rien à redire, tellement je suis d'accord (et un peu trop gras aussi, cependant ;-((
Juste rajouter que "quand on peut, on veut", ce qui rajoute au problème.
3 De Michel -
Oui, c'est un peu ce que je dis. On a rapidement à se penser riche alors que l'on est juste au dessus de la moyenne. Dans mon esprit, être riche, c'est ne plus penser à la valeur des choses d'une autre manière que ce que cela représente dans son patrimoine. Pouvoir acheter une voiture neuve, ce n'est pas être riche (sauf à acheter une "jenesaisquoi" en or massif). Avoir une situation confortable, avoir une entrée d'argent mensuelle correcte, ce n'est pas être riche.
Dans l'exemple des 10% qui représentent les plus riches, on peut se dire que sept millions de Français ont 75% des richesses du pays. Ceux là sont riches.
4 De Tournesol -
Sur un plan purement philosophique,on appellera riche toute personne satisfaite de son sort ,et pauvre,toute personne envieuse du bien d’autrui,quelles qui puissent être ses possessions.
Dans un plan plus réaliste,l’idéal de l’honnête homme de la renaissance : avoir suffisamment de biens pour ne plus être astreint au travail semble bien suffisant.
5 De Dr Folamour -
Il y a bien trop de pauvres,voilà pourquoi ils ne peuvent avoir autant de gâteau qu’ils le souhaitent.Les progrès de la génétique permettent de régler élégamment le problème: actuellement on lâche dans la nature des moustiques stérilisés pour éradiquer l’espèce.Vous voyez ou je veux en venir?
Quelques bouffées radioactives à proximité des regroupements de pauvres et hop,plus d’enfants pauvres.
6 De Michel -
@Jeannot lou Paysan : "quand on peut, on veut". C'est vrai que ça apporte du problème au problème.
@Tournesol : Ben je ne suis pas d'accord avec ce plan purement philosophique. Ce serait dire que les épicuriens seraient riches ? On peut être satisfait de son sort par le seul fait de ne pas être malade, de ne pas crever de faim, de ne pas être contraint à dormir dans la rue, de ne pas être grevé de dettes… On n'en est pas riche pour autant.
Et puis, on peut aussi être pauvre sans être envieux. Après, l'idée de ne plus avoir à travailler pour atteindre un idéal me paraît presque un peu triste. Il faudrait définir le travail, bien sûr. Avoir à travailler à la chaîne dans une usine ou à trier les ordures dans les décharges, ce n'est pas comme avoir un travail choisi que l'on aime.
7 De Tournesol -
Michel,Waldo,Jeannot : oui,mais je préfère ma définition.Pour ma part,je pense que si les 10% détenant 75% des richesses étaient appelées : sangsues ou salopards ou ennemis de l’humanité,il y aurait peut-être moins de candidats et une meilleure définition des objectifs futurs… :-))
8 De Dr Strangelove -
Qualité requise pour être un bon châtreur de moustique : avoir une bonne vue.
9 De Tournesol -
Michel : je distingue le travail de l’activité et de l’effort.Un type qui sue pour avoir un beau potager n’est pas dans la situation du maraîcher qui doit faire tourner son exploitation.Un bénévole dans une association peut à tout moment rendre son tablier sans en subir de conséquences financière..un salarié ,non.
10 De Michel -
@Tournesol : L'Histoire récente (les trente glorieuses) montrent que le salarié a pu avoir le pouvoir de dire merde à son employeur et trouver un autre emploi dans la foulée. D'autre part, Marx explique la force du prolétariat. Le travailleur vend son temps, sa force, son savoir, au patron. Il faut qu'il ait conscience de cette force et qu'il puisse l'appliquer. De là à dire que le chômage et la crainte dudit est une bénédiction pour les patrons… C'est un peu con à dire, mais dans les pays du bloc soviétique, le chômage n'existait presque pas. Bon, ok, c'est un exemple à la con mais il sert tout de même au moins à montrer que l'on peut lutter contre le chômage (et de fait ne pas être du côté des patrons).
11 De Tournesol -
Michel : je dis pas non…mais ce n’est pas ce pouvoir de lutter contre le patronat qui a poussé celui ci à délocaliser?
Il n’y a pas eu que du mauvais en union soviétique,surtout si on compare avec la Russie tsariste.
J’ai commandé l’impasse Adam Smith…
12 De Jeannot lou Paysan -
"Et puis, on peut aussi être pauvre sans être envieux"
C'est ben vrai ça. J'ai connu ça dans mon enfance. Tout le monde alentour avait peu ou prou les mêmes (petits) moyens et aussi la même activité rurale. Personne donc pour susciter envie et jalousie, sauf peut-être si sa femme avait de gros tétons, mais ça... Ajoutons que personne ou presque n'avait la télé, cette grande vulgarisatrice. Et il me faut bien constater aussi une certaine pudeur de la part des nantis, que l'on peut aussi qualifier de prudence, allez savoir. Ainsi, le patron de mon paternel, un grand bourgeois possédant 500 hectares, et un énorme patrimoine immobilier, et qui vouvoyait épouse et enfants, pour vous situer, se déplaçait en 2CV fourgonnette, puis en Dyane à partir de 1968.
Chaque année l'épicier partait 15 jours à La Bourboule, et c'est le seul exemple de farniente qui nous était donné, sinon que le fils des voisins s'était retrouvé militaire dans les commandos à Collioure, un endroit un brin paradisiaque pour nous, mais commando, merde! Et même les tantes et mes oncles fonctionnaires à Pantruche descendaient passer leur mois de congés dans la famille, visitant les uns et les autres et donnant un coup de main à la fenaison ou à la moisson.
Bref, pas de quoi nous bouleverser les paradigmes. Et tout simplement, nous savions parfaitement ce qui n'était pas pour nous , et n'en faisions pas un problème. Étions-nous sages? Étions-nous résignés? J'ai lu quelque part un sujet, un peu caricatural sans doute, sur les caïds de banlieue, qui accumulent des richesses, et finalement n'en font qu'un usage bling-bling à base de supercars tout en restant cloîtrés dans leurs barres d'immeubles, affalés devant un écran géant avec le dernier survêtement Nike à la mode.
Tu parles d'un rêve.
13 De Waldo7624 -
@Tournesol : à une époque où l'on appelle (par exemple) un nain : une personne à la verticalité contrariée, votre définition sangsues ou salopards ou ennemis de l’humanité est obsolète.
Il faut aller explorer les chansons de Brassens, Brel, Ferré, etc. pour connaître le vrai nom des choses.
14 De Sax/Cat -
Être riche c'est pouvoir s'acheter n'importe quoi (Ferrari, smartphone en or ou autre connerie).
Être intelligent c'est ne pas le faire.
15 De Waldo7624 -
@Michel : Dans l'exemple des 10% qui représentent les plus riches, on peut se dire que sept millions de Français ont 75% des richesses du pays. Ceux là sont riches.
Êtes-vous bien sûr des chiffres ? Connaissez-vous les noms, situations, etc. des 10% et des 90% ? Le curseur de la barre, est-il judicieusement placé ? Et selon quels critères ? Quand on commence à cataloguer les gens, ça sent la société qui se délite, qui part en couilles... voyez en 42, on a beaucoup catalogué. Dire que ça n'a pas évolué dans le bon sens serait un euphémisme.
Alors, bien sûr, tout ça n'est que statistiques, mais les statistiques montrent que 90% des statistiques sont fausses, c'est bien connu.
Oui, c'est vrai, ça donne une image... Mais est-ce que les mauvais sujets des banlieues sont le reflet de toute la jeunesse de ces banlieues ? Vite, un Karcher...
16 De Audie Mathe -
15 réactions! La vache!
17 De Tournesol -
Sax/Cat : j’adore votre définition de l’intelligence .
Waldo 7624 : j’ai oublié : affameurs du peuple.
18 De Waldo7624 -
Si l'on considère que c'est une bonne définition de l'intelligence que de ne pas s'acheter de Ferrari, d'abord ça me satisfait en me permettant de penser que je dois avoir un bon QI (puisque j'ai depuis longtemps résolu de ne pas m'acheter de Ferrari -même d'occasion-), ensuite je fais un constat rassurant sur la répartition de l'intelligence sur la planète : vu le nombre de gens ayant pris la même bonne décision, on va s'en sortir à coup sûr !
19 De Michel -
@Waldo7624 : Oui. Alors selon l'étude publiée en 2020 sur la répartition du patrimoine des ménages, il apparaît que les 1% les plus riches détiennent 31% du patrimoine. C'est assez énorme.
Il ne faut pas confondre statistique et sondage. Les statistiques sont assez rarement fausses mais il faut reconnaître que les journalistes (et les politiques) les manipulent joyeusement pour leur faire dire n'importe quoi.
Source : vie-publique.fr
20 De Waldo7624 -
Oui aussi. Eh bien il reste, pour les 99%, 69% à se partager, alors faut pas se plaindre, c'est un bon nombre. La regrettée J. Birkin l'avait d'ailleurs trés bien chanté.
21 De Waldo7624 -
Et pour les statistiques, une étude publiée en 2020, ça veut probablement dire basée sur des éléments recueillis antérieurement, peut-être même avant le covid, voire avant la disparition du regretté Raymond Poulidor ! Alors, voyez bien qu'on ne peut se fier à des statistiques faisant référence à des temps révolus...
Vous n'avez pas le monopole de la mauvaise foi !!
22 De Waldo7624 -
22 commentaires, j'voudrais pas dire, mais qui prévoyait une forte polémique sur le sujet dès potron minet à 11h28 ? Hein ?... Alors, pour les statistiques...
23 De Michel -
Vous savez que j'ai le pouvoir de faire mentir vos prédictions en dépubliant une bonne vingtaine de commentaires de quelques clics de souris ?
24 De Waldo7624 -
Vous n'oseriez pas, il y a des témoins ! Ce serait la fin d'une réputation d'incorruptibilité immaculée... Et l'opprobe sur ce site exemplaire !
25 De Michel -
Je dirais même plus. Ce serait l'opprobre. Opprobre et au figuré, bien sûr.
26 De Waldo7624 -
Oui, ben après 23 h, à mon âge, on peut perdre ses rep'R...