Tirer la couverture

Hier, j'ai eu l'idée d'écrire un livre. À un certain moment, après plusieurs heures à chercher un sujet et une idée, j'ai décidé de commencer par faire la couverture.

Il faut bien commencer par quelque chose. Comme on dit : il y a un début à tout. Je ne sais pas comment font les autres, mais chacun sa méthode de travail. Il paraît que l'on trouve des auteur·e·s qui écrivent d'abord une première phrase ou un premier mot et que le reste suit. C'est une méthode et je ne la critique pas.
Moi, j'ai ma façon de penser. Hier, cette façon, c'était de commencer par la couverture. J'aurais pu choisir de faire un dessin mais ça m'aurait encore pris plusieurs minutes et j'étais assez pressé d'envoyer mon livre à l'imprimeur. Alors, j'ai fait une photo. Tout de suite, la question a été de choisir ce que j'allais photographier. Là, mon regard se porte sur une paire de tenailles. Ça ou autre chose, après tout, hein, vu que je n'avais aucune idée de ce que mon nouveau livre contiendrait, je me dis que ça peut faire l'affaire.
J'ai ma photographie. Je détoure l'objet et je me retrouve un peu Gros-Jean comme devant si vous me permettez l'expression. Ou alors, aussi, on pourrait dire que je suis comme une poule trouvant un couteau. Mais peu importe. Je suis décontenancé. Ne serais-je pas en train de faire fausse route ? Je doute. Peut-être aurais-je mieux été inspiré de photographier un tournevis ou une clé de 13.
Il se fait tard. Je ne vais pas passer la journée à photographier des objets pour la couverture d'un livre qui n'existe même pas encore. Une paire de tenailles, ça ira bien. Juste, il faut que je fasse avec et que je justifie la chose. J'ai assez de mauvaise foi en réserve pour justifier tout et son contraire. Je fais confiance à ma cervelle pour trouver une idée.
Seulement, on ne va pas se mentir, une paire de tenailles, toute seule, ça ne vous fait pas une belle couverture. Sauf s'il s'agit d'un livre sur les tenailles mais là, je manque de matière, je n'y connais rien. Dans la précipitation, parce qu'il ne faut pas lambiner, je me dis que tant pis, je vais me contenter de mettre de la couleur sous les tenailles et que ça fera la blague. J'essaie le rouge, le jaune, le vert, le mauve, et je m'en remets au hasard. L'un dans l'autre, honnêtement, ça aurait pu être pire.
Il est bientôt l'heure de passer à autre chose. Le temps passe à une vitesse, c'est fou. Allez, un titre. Ça me vient à l'esprit tout de suite, comme ça, un éclair de génie. Par contre, je ne peux pas signer de mon nom. Qui je suis, moi, pour écrire un livre sur un sujet que je maîtrise si mal ? Peu importe, je me trouve un pseudonyme crédible. Enfin, pour mettre toutes les chances de mon côté, je choisis le nom d'un éditeur qui fasse sérieux.
Tard. Il est déjà bientôt moins le quart. Il faut accélérer. Ce que je vais faire, c'est d'envoyer la couverture chez l'imprimeur et lui dire que le texte arrivera plus tard, qu'il ne se fasse pas de souci. C'est encore le mieux à faire, il me semble. ça me laisse un peu de temps pour regrouper des informations. Au pire, je peux puiser dans mes souvenirs. Je sais qu'une rage de dent, ça fait mal. C'est un peu mince. Je ne vais pas me torturer l'intérieur de la bouche pour retrouver les sensations, je ne suis pas masochiste à ce point. Il faut se décider. Je vais écrire la première ligne. Je peux commencer par une succession de "Aïe" et de "ouille". En tirant un peu à la ligne, peut-être que je peux faire une première page rien qu'avec ça. Le lecteur sera mis en condition. Allez. Je m'y mets.

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