Le problème avec la majorité des gens qui pensent, c'est qu'ils pensent penser comme il faut et être à la source de pensées lumineuses. Ils sont tellement persuadés que leurs pensées sont bonnes qu'ils tiennent à les partager voire même à les imposer. Les gens qui pensent pensent trop souvent que leurs pensées doivent pouvoir être acceptées comme des pensées incontournables et essentielles auxquelles ont se doit de souscrire sans lire les lignes de petits caractères cachées en bas de page.
On pourrait penser que les gens qui pensent sont assez avisés de garder leurs pensées pour eux et qu'ils n'ont pas la volonté de faire chier leur entourage avec ça. Il doit exister des gens assez intelligents pour agir ainsi. Je n'en doute pas. Sans que je puisse quantifier, il me semble néanmoins qu'ils sont nombreux, les penseurs qui essaient à toute force de vous embringuer dans leurs délires et lubies. Il en existe même qui sont tellement chiants que, par lassitude et faiblesse, vous finissez par accepter de les suivre un instant. Parfois même, ces penseurs cessent de penser leur truc pourri sans vous prévenir et vous laissent continuer seul. A un moment, bien entendu, vous vous demandez pourquoi vous êtes dépositaire de cette pensée à laquelle vous n'adhérez pas, qui n'est pas la vôtre, qui même est contraire à vos idées. Et là, vous vous apercevez que l'initiateur est passé à autre chose. Vous vous retrouvez comme un con avec une pensée de pacotille.
Je ne suis pas contre la pensée. Ça peut être amusant ou utile. Je suis contre les penseurs qui, à la faveur d'une bribe de pensée bancale et mal pensée survenue un peu comme on lâche un pet foireux, pensent tenir une pensée incroyablement bien pensée et qui, juste parce qu'ils ne voient pas comment ils vont pouvoir exploiter cette pensée, pensent qu'ils doivent s'entourer d'autres gens pour la réaliser.
Parmi ces gens, il y en a qui ont des finances et qui paient. On les appelle des entrepreneurs. Le plus souvent, ce sont tout de même des gens qui n'ont pas la pensée qu'il conviendrait de payer ceux qui vont tenter de donner forme à leurs pensées stupides. J'en ai croisé plusieurs fois, des comme ça. Je me souviens par exemple, j'étais jeune, d'un type qui se pensait penseur et inventeur de génie et qui m'avait mis le grappin dessus pour que je lui fasse des trucs qui allaient révolutionner le monde (au moins) et apporter richesse et considération. Il m'avait dit le peu qu'il savait de sa pensée et m'avait laissé faire avec ce peu. C'était attendu, tout ce que je pouvais lui proposer n'était jamais en accord avec le fond de sa pensée particulièrement creuse.
Il y a aussi les penseurs qui pensent savoir ce que les gens pensent ou ce qu'ils devraient penser. On en rencontre beaucoup parmi les politiques, de ceux-là. Et il en existe toujours un certain nombre qui sont prêts à suivre le penseur. Ils font leur la pensée du politique et sont disponibles pour la défendre bec et ongle même si, la plupart du temps, la pensée est très vague, très floue. Plus la pensée d'origine est fumeuse et simpliste, plus elle sera à la portée du plus grand monde. Ça peut être une pensée généreuse (mieux distribuer les richesses, en finir avec la faim dans le monde, guérir toutes les maladies, instituer le droit fondamental à l'amour et au bonheur dans la constitution) ou une pensée hargneuse (supprimer les pauvres, les étrangers, les handicapés, les "pas comme nous", les autres, les opposants politiques, les moches, les idiots). Toujours, il s'en trouvera pour lever les bras de joie à la gloire de la pensée de ce penseur providentiel.
Si, l'un dans l'autre, nous en sommes tous réduits à penser à un moment ou à un autre, c'est là une partie de la malédiction du genre humain, nombreux d'entre-nous savons que la bonne pratique est de conserver ses pensées par devers soi et de ne pas faire chier autrui plus que de raison. Pour préserver sa santé mentale et ses nerfs mis à dure épreuve, il convient de résister aux injonctions des penseurs intrusifs et insistants. Osons dire aux penseurs de peu de valeurs que l'on se fout de leurs pensées pourries ! Apprenons à voir la malhonnêteté intellectuelle des penseurs pauvre d'esprit et d'intelligence. Ne nous laissons pas embarquer dans des combats qui ne sont pas les nôtres, préférons la liberté de pensée à l'adoption de pensées pré-digérées d'origine douteuse. Pensons pour nous, en silence, dans son intimité.
La pensée est aussi une jolie fleur
Imaginons un instant que vous pensiez. Et là, je préfère vous prévenir, je ne doute pas un instant que vous n'avez jamais eu la moindre idée de quoi que ce soit qui vous ait été propre, qui ait été novatrice, exclusive, inédite. Enfin bon. Admettons que vous pensiez. En ce cas, vous produisez une pensée et, à moins que vous ne l'écartiez immédiatement, vous la conservez et vous la jugez bonne. Vous êtes très certainement dans l'erreur.
1 De Tournesol -
Voilà qui est bien pensé !
2 De A. Rodin -
Maintenant que j'y pense...
3 De Jeannot lou Paysan -
Diantre! Vous allez compliquer la vie à beaucoup de monde.
Ceux qui pensent pour les autres, et ceux qui ont besoin qu'on pense pour eux. Où suis-je dans ce fourbi? Voilà qui donne à
penserréfléchir.4 De Waldo7624 -
Rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant, selon Pierre Dac. (mon maître à... penser). D'où l'interrogation soulevée à 13:18 ! Peut-on penser sans réfléchir (hélas oui, selon le texte du jour) ou doit-on réfléchir à ce qu'on doit penser avant toute chose ? Ou bien les deux sont-elles (la pensée et le réflexion) intimement liées de façon à obtenir une pensée cohérente et pas chiante pour l'entourage (proche pour le quidam, plus vaste si l'on fait de la politique à titre professionnel) ? La question soulevée par le philosophe Michel
de Montaigned'Azerat n'a pas fini de nous interroger...5 De Sax/Cat -
Ça me fait penser à un sujet de philo (pas au bac, pendant l'année) : peut-on penser par soi-même ?
Il faudrait déjà savoir si on peut penser quand on est en terminale.
6 De fifi -
En tant que Libre Penseur, j'men va vous raconter s'que disait Michel B, un copain de l'école primaire ( P....n, ça remonte ) et fils d'agriculteur :
" Je pense que si t'avais ta panse avec ma panse, ça f'rait une sacrée panse ".
Je sais, ça pète pas haut, mais avec ce post d'aujourd'hui, j'ai re-pensé à un pote.
Donc merci, ce Blog est bien utile.
C'était, la pensée du jour.
7 De Jeannot lou Paysan -
je ne doute pas un instant que vous n'avez jamais eu la moindre idée de quoi que ce soit qui vous ait été propre, qui ait été novatrice, exclusive, inédite.
Ben...rien n'est moins sûr. Ainsi, moi, j'ai souvent pensé à tenter de faire pousser des cèpes, notamment en utilisant les déchets résultant de leur nettoyage et en essayant de reproduire leur biotope. Certes, cette idée, qui toujours et encore m'obsède, est motivée par la gourmandise et l'appât du gain. Cela manque de noblesse. Il ne s'agit pas ici d'inventer un vaccin, ou d'insuffler à mes contemporains une hauteur de vue qui les sortirait du consumérisme dans lequel ils se complaisent.
Et pas sûr non plus que ce soit inédit, exclusif et novateur. Mais j'y pense ;-))
8 De Tournesol -
Jeannot lou paysan : hélas,j’ai eu la même envie,mais mes essais n’ont pas été couronnés de succès…
Pour avoir fréquenté les milieux de la recherche médicale,je vous rassure : quand ce n’est pas l’appât du gain,c’est le désir de gloire - ou de reconnaissance- voire l’obtention d’un poste qui sert de moteur à la plus part des recherches.
J’en ai connu quelques uns qui ayant trouvé une fois quelque chose se sont assis dans leur réputation et se sont contentés de la rentabiliser.