En ces années 50, chez SIMCA, on se dit que ce serait bien de proposer quelque chose d'un peu plus luxueux à la clientèle. Ce qui est à l'ordre du jour, c'est l'Aronde, née SIMCA 9, qui est équipée, du moins dans un premier temps, du moteur de la SIMCA 8, un petit 1200 d'origine FIAT.
Chez SIMCA, avant même de racheter FORD SAF et de s'installer à Poissy (Seine & Oise), on estime que la modernité, le luxe, l'esthétique, sont à aller chercher de l'autre côté de l'Atlantique, aux États-Unis d'Amérique. Alors, on s'inspire des lignes américaines en les adaptant à la taille des automobiles européennes. La SIMCA Aronde est aux normes de cette ligne dite "ponton" en vogue dans les années 50. Finies les ailes protubérantes. Désormais, elles sont intégrées à la carrosserie.
Si cette Aronde peut être considérée comme la première vraie SIMCA, elle doit encore beaucoup à la maison-mère italienne. Face à la concurrence française (la Traction avant chez Citroën, la Frégate chez Renault et la 203 chez Peugeot), SIMCA propose une automobile qui a des arguments convaincants : une ligne bien plus moderne que celles de chez Citroën et Peugeot, un moteur bien plus expressif et agréable que ceux de chez Peugeot ou Renault. Du coup, le succès est au rendez-vous et l'Aronde se vend très bien.
Mais voilà, on veut proposer du luxueux. L'idée est de partir de l'Aronde et d'en faire un coupé. On se débarrasse des portes arrière, on supprime les montants pour que rien ne dépasse lorsque l'on baisse les vitres et voilà notre petite auto se donnant des airs tout de suite plus séduisants. Au passage, tout de même, on dote l'Aronde d'un moteur un poil plus puissant.
A la fin de cette décennie, chez FIAT, on travaille en relation avec Pininfarina pour produire un nouveau cabriolet luxueux et sportif. Pour le modèle de base, on retrouve pratiquement le même moteur que sur l'Aronde. On ne peut bien sûr pas comparer l'Aronde et cette Fiat 1200. Toutefois, quelques années plus tard, SIMCA tentera de concurrencer FIAT avec deux modèles basés sur la P60, construits par FACEL-VEGA, le coupé Plein-ciel et le cabriolet Océane, qui sont de vraies réussites esthétiques.
Si la France n'était pas en reste en matière de voitures de luxe et de grand luxe avant guerre, il semble que, hormis tout de même l'exceptionnelle DS Citroën apparue en 1955 et les FACEL VEGA, il y ait eu comme un excès de retenue chez les constructeurs français, une sorte de refus de l'ostentation, un désir de passer inaperçu. Dans le cas de la Grand Large que nous voyons aujourd'hui, rien n'indique trop fort son côté luxueux (relatif tout de même). Bien sûr, il existait aussi les coupé de ville et cabriolet Week-end construits par FACEL mais c'est une autre histoire. De fait, vue de face, la Grand large ne se distingue pas beaucoup des autres Aronde.
1 De Waldo7624 -
Bravo pour la mise en valeur de cette belle auto, quoi qu'on en dise. Dans les années 50, j'avais un oncle qui en avait une bleu outremer. C'était alors une voiture considérée comme luxueuse, et elle positionnait socialement (bourgeois un peu aisé, fonctionnaire bien placé. Rare dans les arrondissements du N-E de Paris, plutôt Asnières, Levallois...) Nous qui roulions en Juva 4, métro Jaurès, nous étions admiratifs.
Curieusement, la P60 n'a pas eu le même impact sur la population de l'époque, peut-être dépassée par des modèles d'autres marques plus modernes. Les dérivés coupé et cab cités ont été (et restent), il est vrai, de belles réussites esthétiques.
2 De Jeannot Lou Paysan -
Ma! J'ai toujours aimé les Simca au-delà du raisonnable, alors qu'elles ont quand même beaucoup de défauts. J'en ai même
utiliséusé deux. Et les Fiat, souvent équipées de brillantes mécaniques à l'époque de mes 20 ans, m'ont toujours paru mériter mieux que ce qu'en disent les badauds.Et merci pour le texte vulgarisateur de qualité.
3 De Tournesol -
L’aronde…mon père en a eu une dans les années ´60…nostalgie…
La Fiat me plait beaucoup.
4 De Jeannot Lou Paysan -
Je reconnais les roues de la Fiat.
Figurez-vous que fin 76, alors que je ne jurais que par la moto, l'agent Fiat de mon patelin, qui voyait d'un œil narquois et dubitatif ma détermination de motard face à l'arrivée imminente de l'hiver, me fit cadeau d'une Fiat 1500 de 1962. Je dus seulement payer les pneus. Une chouette bagnole avec déjà des disques à l'avant, des doubles optiques comme une Chevrolet Corvair et seulement 100000 bornes au compteur, qui indiquait la vitesse non avec une aiguille mais au moyen d'un ruban rouge. Sur le tableau de bord, en toutes lettres de métal chromé était écrit Millecinquecento! Ma première caisse, que je ne tardais pas à squatter H24 malgré sa gloutonnerie. Les roues étaient exactement les mêmes que celles de ce cabriolet. Spécificité étrange, les goujons de roue du côté droit avaient un pas à gauche. Un truc essentiel à savoir.
Je ne tardais pas à descendre le moteur en cognant le carter inférieur dans un chemin creux et en perdant l'huile. Incroyable mais vrai, un entrepreneur en TP du même patelin (Boisseuil en HV) avait la même caisse, accidentée, avec un bon moteur. Nouveau cadeau contre une bouteille de whisky et une boîte de cigares (c'est bien parfois de bosser dans un resto), et avec des potes et l'aide de l'outillage du garage, en un dimanche le moulin fut changé. C'est un feu passé au rouge qui mis fin à cette aventure formatrice d'un peu plus de trois mois. J'y avais acquis plusieurs leçons. D'abord qu'il est plus agréable de rouler sous la pluie en voiture, ensuite la mécanique automobile dont j'ignorais alors beaucoup plus de choses qu'aujourd'hui, puis la concentration nécessaire lors de mes sorties en ville, et enfin le tarif abusif des assurances vis à vis des jeunes conducteurs imprudents.
5 De Waldo7624 -
@Jeannot lou Paysan : belle histoire !
6 De Jeannot Lou Paysan -
Vraie surtout.
7 De Waldo7624 -
Je ne pensais pas le contraire...
8 De Nestor Burma -
Fiat lux, hein?