Et la troisième roue arriva

Si l'idée n'est pas nouvelle, des archéologues de renom date son apparition au second âge du fer, il aura fallu attendre le 21e siècle de l'ère chrétienne pour qu'elle se concrétise enfin.

La science peine à trouver un consensus sur le sujet. Globalement, les chercheu·ses·rs s'accordent pour dire que la roue n'a pas toujours existé. Cependant, encore récemment, lors du congrès sur la mobilité circulaire qui s'est tenu à Genève le 12 avril dernier, les débats furent houleux entre les tenants de l'apparition des chemins précédant l'invention de la roue et celles et ceux qui penchent pour une création des voies de communication terrestres en conséquence de la difficulté à faire rouler une roue dans une nature laissée à elle-même avec son lot de broussailles, buissons, arbres, lianes, hautes herbes et tutti quanti.
La roue, c'est avéré, existe dans l'antiquité. Quelques représentations graphiques montrent sans doute possible qu'elle était utilisée. Par contre, comme le fait justement remarquer Jean-Charles Sequin de la Lacot (CNRS), l'art pariétal occidental ne montre aucune trace de cet objet dans ses représentations peintes ou gravées. Est-ce pour autant que la roue était inconnue en ces époques lointaines ? Peut-on raisonnablement considérer que nos lointains ancêtres étaient ignorants de la technique conduisant un cercle à pivoter autour d'un axe tout en se déplaçant linéairement de la valeur de deux fois le rayon multiplié par la constante dite d'Archimède ? Ce n'est pas si simple que cela et, d'ailleurs, rien ne prouve que le nombre π soit si nécessaire que cela à l'élaboration d'une roue.
Des études fondamentales démontrent qu'une approximation de la valeur de π, quelque part entre 2,9 et 3,2 (à 0.5 près) donne des résultats convenables et qu'une roue archaïque a pu préexister à la civilisation grecque antique. Bien que le sujet fasse aujourd'hui encore controverse, il n'est pas impossible que lors de l'une des premières sorties d'Afrique, Homo erectus (et quoi que cela puisse dire) ait fait usage de la roue pour transporter plus aisément ses petites affaires. Les preuves manquent mais ce n'est pas impossible.
Faisons un bond dans le temps, passons sur l'invention de la brouette attribuée à Blaise Pascal et sur celle du char à bœufs que l'on devrait à un bouvier bernois de Copenhague. Nous sommes à présent au crépuscule du 19e siècle et on a l'idée d'associer un moteur à combustion interne à la roue. Rapidement, on admet que c'est casse gueule et qu'il pourrait être intéressant d'ajouter une voire deux ou trois roues au dispositif. Sitôt les plaies et bosses soignées, on se remet au travail. Voilà ce que l'on appellera automobile (de auto et de mobile) née.
Encore balbutiante, l'invention devra attendre bien des décennies avant que n'apparaisse le moteur dCi, la vanne EGR et le filtre à particules (lointain rapport avec la noblesse et la Révolution française). Dès lors, les événements s'enchaînent et les mouvements écologistes les plus extrêmes entrent en guerre contre ces instruments diaboliques qui détraquent le climat plus sûrement qu'un troupeau de mammouths en rut. Finalement, après d'âpres batailles, le camp des sauveteurs de la planète et de la biodiversité remporte le combat et décrète le moteur à combustion interne persona non grata. L'électricité est promue. Mais la roue persiste, elle.
Le 17 juin 2023, à 9h11, Marcel Grandillot, inventeur, présente au monde sa machine à se déplacer. Malgré les moqueries et les classiques critiques, il démontre que son véhicule est ce que l'on a fait de mieux en terme de mobilité transverse depuis longtemps. Ce véhicule, s'il n'a pas suivi le chemin de la modernité en faisant usage d'un moteur électrique, mise sur le progrès indéniable (et reconnu) de l'utilisation d'une troisième roue placée dans un plan euclidien de toute beauté. On peut, si l'on n'est pas spécialiste, considérer que Marcel n'a fait que réinventer la motocyclette, qui plus est d'une manière un peu stupide, et que le véhicule n'a guère d'intérêt si ce n'est celui d'intéresser les manufacturiers de pneumatiques. Pourtant, les avantages du véhicule présenté sont nombreux et complexes en plus de préserver du réchauffement climatique et de la montée des eaux.
Nul doute que nous croiserons très prochainement ces nouveaux véhicules partout dans nos villes et nos campagnes !

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