Il ne connaît rien à la physique, il n'a jamais rien étudié, il est parfaitement ignorant et c'est justement ce qui fait sa force. Là où les savants n'investiguent pas parce qu'ils ont appris que c'était impossible, Isidore creuse la question en toute liberté, sans le moindre a priori. Il est persuadé que le savoir bride l'imagination et que les vraies découvertes sont dues à des personnes comme lui, libres de tout dogme, ouvertes aux hypothèses écartées par la science.
Citoyen ordinaire, Isidore souffre de l'inflation des hausses de prix. Il fait le constat suivant : une automobile, c'est cher à l'achat, c'est onéreux à l'entretien, c'est dispendieux en carburant, en assurance, en péages. Afin de continuer à se déplacer, il lui faut trouver une solution simple et efficace. L'illumination lui vient sous la forme d'un rêve. Au matin, il est certain d'avoir trouvé. Isidore part d'une intuition simple. La planète Terre est riche en énergie diverses. Elle a du magnétisme, elle tourne, elle bouge, et tout cela sans que rien ou personne ne se charge de faire le plein d'un quelconque réservoir à carburant ou ne la branche sur une prise électrique. Et pourtant, elle tourne !
Lorsqu'il regarde la petite boussole posée sur sa table de travail, il voit bien que l'aiguille se dirige toute seule, par la seule force naturelle et inépuisable. Toutes les boussoles du monde utilisent la même énergie sans que la planète semble perdre cette énergie. La solution est là.
Deux simples baguettes constituées en partie de fer doux suffisent désormais pour faire voyager Isidore en lévitation. Seulement deux baguettes ? Non, bien sûr que non. Il y a tout de même un petit secret qu'Isidore se garde bien de dévoiler tant que son prototype qu'il utilise désormais au quotidien dans ses déplacements n'est pas vraiment au point.
Le procédé sera-t-il commercialisé ? Isidore ne veut pas en entendre parler. Il souhaite faire don à l'Humanité de son invention, la rendre publique. Comme il le dit si bien, « mon invention va révolutionner le monde ». Avec un clin d'œil plein d'humour, il s'amuse d'avoir une fois de plus mis la communauté scientifique dans l'embarras et de la conduire à remettre en question toutes ses certitudes. A l'annonce de l'invention d'Isidore, quelques chercheurs qui préfèrent rester anonymes avouent que, peut-être, mais il faudrait vérifier, tout cela aurait à voir avec des aspects de la physique quantique encore mal connus ou ignorés. Ou alors, ajoutent-ils avec prudence, peut-être aussi tout cela n'existe pas.
Ré-vo-lu-tion-naire !
De Lyon par sa mère, de l'Yonne par son père, Isidore Debout est inventeur. Sa dernière trouvaille va très certainement révolutionner nos vies.
1 De Waldo7624 -
Ben oui, mais où est le GPS ? Et la marche arrière, et la caméra de recul, et le pare-brise ? Tous les laveurs de pare-prise vont se retrouver chômeurs, ainsi que les fabricants d'essuie-glaces et de rétroviseurs... Et les roues de secours, hein ?... Non, là ça va trop loin.
2 De Michel -
C'est vrai et n'oublions pas les asphalteurs, les bitumeurs, les goudronneurs. Ce que je me demande vraiment, c'est comment le code de la route va s'adapter à ce changement de paradigme*. Va-t-on pouvoir verbaliser les léviteurs (ou lévitationneurs ?) pour vitesse excessive ? Quid de la formulation du constat amiable en cas d'accident ? Et d'ailleurs, en parlant d'accident, pourra-t-on léviter sans l'éviter ? Nos sociétés ne sont pas prêtes.
3 De Jeannot lou paysan -
C'est pas sourcier, mais presque!
4 De Waldo7624 -
Oui, c'est vrai que les goudronneux ne sont pas dans le caca.
Et le péage ?... que vont devenir les
pauvresgestionnaires d'autoroutes, sauf à grillager par dessus et sur les côtés afin que l'usager ne puisse échapper à l'entonnoir de fin de parcours en sautant par dessus.Par ailleurs, j'ai vainement cherché dans tous les coins à quoi pouvait renvoyer l'astérisque accroché à paradigme... s'il ne sert à rien, j'échangerais bien un petit coin de paradigme contre un coin d'ombrelle en vue du réchauffement. S'adresser au blogueur qui transmettra.
5 De Jeannot lou paysan -
Paradigme est à la mode. Chacun, qui est au fait du beau parler branché , se doit de le caser dans la conversation. Et dans le milieu professionnel c'est encore pire.
Je pense que Michel voulait ironiser là dessus, mais qu'il a oublié, vu qu'il n'est pas aussi lucide qu'à vingt ans.
Possible aussi qu'il souhaite créer un glossaire pour personnes âgées ne captant pas la teneur du ( beau) récit.
6 De Jeannot lou paysan -
Si en plus vous arrivez à caser efficient et empathie dans la même phrase, alors là, vous êtes le phénix des hôtes de ce blog.
7 De Michel -
@Waldo7624 : Je ne suis pas amateur de coin d'ombrelle. Je conserve mon astérisque.
@Jeannot lou paysan : Vous avez vu juste sauf que, me semble-t-il, je suis bien plus lucide qu'à vingt ans.
8 De Tournesol -
Quel génie ! Et sans bouillir !
9 De Jeannot lou paysan -
@ Michel :
Je ne parlais pas de la lucidité que vous acquérites en traversant la prairie au cours de longues années de doute, de certitudes reniées et d'échecs accumulés, mais bien de celle autorisée à un type de vingt ans par un intestin plus efficace et une meilleure résistance aux attaques sournoises des spiritueux.