Un petit dessin pour rien

Hier, c'était le salon du livre du Lardin-Saint-Lazare organisé par l'association Ha!Ha!Ha! Editions et la mairie du Lardin (Saint-Lazare, donc, que l'on se contentera désormais de nommer "Lardin" ou "Le Lardin"). Il y avait une trentaine d'auteurs et d'autrices, beaucoup d'habitué·e·s et quelques têtes nouvelles. C'était sympa, il y avait une exposition du cercle philatélique du Lardin, un invité d'honneur (Thierry de Carbonnières) et, surtout, des visiteurs en assez grand nombre.

Moi, j'étais là principalement pour vendre mes motocyclettes farfelues, un petit livre qui est actuellement en promotion et que tous devraient posséder, ne serait-ce que pour caler une table. Je n'y croyais pas beaucoup. Il faisait un temps moche comme on en attend en novembre avec beaucoup de grosses averses. La nuit avait été l'occasion pour la tempête Domingos de s'exprimer et je me disais qu'avec tout ça, les gens allaient rester au chaud chez eux. Bon. Je me suis planté et ça prouve une fois de plus qu'il ne faut pas faire confiance en mes prévisions.
Dans la grande salle des fêtes du Lardin, les tables (lourdes et en assez mauvais état (j'en sais quelque chose parce que j'ai participé à leur mise en place et à leur rangement)) formaient un grand U et nous, les membres de l'association Ha!Ha!Ha! Editions, nous étions tout au fond, à côté de l'invité vedette. Je m'attendais à une longue journée ennuyeuse mais les visiteurs sont venus et certains se sont intéressés à mes motocyclettes. D'abord, deux femmes, peut-être bien la mère et la fille, qui se disent intéressées. Leur apparence ne laissaient en rien supposer qu'elles pouvaient être intéressées par le sujet de la motocyclette, fut-elle farfelue. Comme ça, de prime abord, je les aurais imaginées plus sujettes à apprécier la littérature sérieuse, voire à la forme romancée de quelque récit imaginé par de sérieux·ses aut·eurs·rices. Mais voilà qu'elles m'expliquent connaître des motards, l'un roulant en Triumph, l'autre en BMW. Je propose de faire un dessin en guise de petite dédicace, elles acceptent et je me mets à dessiner comme je peux deux évocations de BMW et de Triumph, histoire de rester dans le thème. Mine de rien, ça prend un peu de temps et je les vois revenir plusieurs fois se rendre compte par elles-mêmes de l'avancée du laborieux travail par moi être en train de se réaliser. Proche de la fin de la dernière touche donnée au second dessin, l'une d'elles me demande à voir le premier dessin. Elle rigole et me félicite et ce n'est pas désagréable. Je termine le second dessin, il semble les satisfaire tout autant, elles me paient les deux livres (actuellement et encore pour longtemps en promotion) et s'en vont vers d'autres aventures.

Plus tard dans la journée, c'est une autre femme qui vient s'interroger sur ce barbu aux cheveux longs qui griffonne sur un bout de papier en attendant que le temps passe. Elle ouvre mon bouquin, le feuillette et m'annonce qu'elle va me l'acheter. Je propose la dédicace, elle me dit que c'est pour un de ses amis qui roule en Buell qui est archéologue au Eyzies. Pendant que je dessine, nous causons un peu, de choses et d'autres. A un moment, elle me dit qu'elle suppose que je dois forcément être motard. Je lui dis que non, pas du tout, que j'aime simplement les motos, plutôt les anciennes, pour l'esthétique, pour le bruit qu'elles font, pour les bizarreries des machines. Elle se dit contente de mon dessin et assurée que son ami sera ravi de le voir. Je la remercie, elle paie.

Parfois, je me dis que je me suis trop enfermé dans ces dessins de moto. Je sais bien que ça ne plaît pas à tout le monde. De même, je sais que je ne suis certainement pas le meilleur dans cet exercice. On m'a parfois un peu reproché de ne pas dessiner fidèlement des motos existantes, de n'en faire qu'à ma tête, de ne pas respecter la technique comme elle doit être pour qu'une machine puisse réellement rouler. Honnêtement, je m'en fous. Pire. Si on me reproche de me planter sur tel ou tel détail, vous pouvez être presque certain que je vais m'attacher à persister dans l'erreur, juste pour faire chier. J'aime bien dessiner des motos parce que ça m'amuse et que ça ne m'est pas trop difficile. Après, que mes dessins ne plaisent pas aux puristes, ma foi, ce n'est pas très grave. L'expérience récente de ce salon lardinois montre que pour certains, c'est plus l'idée de la moto (et peut-être de l'humour) que la moto elle-même qui importe. Les trois personnes qui se sont intéressées à mes dessins ne sont pas motardes mais, sans doute, elles ont une certaine sympathie pour ce que représente la moto et je suis un peu dans le même état d'esprit.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : https://blog.michel-loiseau.fr/index.php?trackback/515

Haut de page