Motobécane est une marque assez ancienne. Elle a commencé par de petites pétrolettes avant de produire de vraies machines intéressantes. Après la seconde guerre mondiale, elle produit quelque temps de la 125cc avant de se diriger vers la fabrication exclusive de cyclomoteurs. Les productions d'avant-guerre, parfois assez prestigieuses, sortent des mémoires.
Lorsque l'on a une recette qui marche, pourquoi en changer ? Le cyclomoteur ne peine pas à trouver sa clientèle, il n'y a pas d'efforts à fournir pour que ça se vende, on produit de la Mobylette à tour de bras, en améliorant à petites touches la formule et on se contente de ça.
Vers la fin des années 60, la jeunesse de France en attend un peu plus. Elle s'émancipe, elle ne veut plus de la grisaille de cette après guerre gaullienne, de cette société plan-plan. Il y a un mai 68 qui est passé, il y a de la musique rock dans les oreilles, du cinéma nouveau dans les yeux, une nouvelle "culture" pleine de promesses de révolutions enchantées. Les jeunes ne veulent plus de Mobylette bleue et lorgnent les productions venues du Japon.
Chez Motobécane, on se dit qu'il est temps de faire du moderne et on planche sur une 125 puissante susceptible d'attirer cette jeunesse. Le résultat, c'est un vélomoteur bien intéressant par certains points mais aussi bien décevant par d'autres. Il ne suffit pas de vouloir faire moderne pour y parvenir. Il a bien ses arguments, ce vélomoteur, avec son bicylindre deux temps qui développe bien de vrais chevaux.
Hélas, lorsque l'on est une marque telle que Motobécane qui cultive avec délectation le désuet et l'assurance prétentieuse de n'avoir rien à faire de particulier pour vendre, on refuse de trop se remettre en question. Si l'on avait eu l'idée absurde d'écouter les désirs de la clientèle visée, l'histoire eût pu être toute différente. Mais non ! On va faire à notre idée parce que, n'est-il pas, nous sommes les meilleurs.
Avec beaucoup de mépris et condescendance, on voit les machines venues de l'autre bout du monde sans jamais se questionner. En fait, on les regarde en détournant les yeux. On ne veut pas les voir. On vit dans le déni total. Ça n'existe pas.
Alors, et on aurait pu le prévoir, l'aventure du bicylindre deux temps de chez Motobécane durera juste quelques années, juste le temps de permettre à la marque de débuter sa longue marche vers la faillite.
A Bilhac, il y avait une Motobécane LT à vendre. Le prix n'était pas indiqué.
Mal aimée
Aujourd'hui, dans le meilleur des cas, Motobécane est ce constructeur qui a produit ses cyclomoteurs à la mode que l'on s'arrache à des prix fous pour parader aux côtés d'autres cyclomoteurs en tous points semblables. Les vieilles mobs si encensées en nos jours modernes étaient pourtant moquées il n'y a pas si longtemps. Durant des décennies, la marque Motobécane n'était connue que pour ses Mobylettes.
1 De Jeannot lou paysan -
Joli résumé. L'ironie est mesurée juste comme il faut. On manque de pragmatisme par chez nous, si on ne manque pas d'arrogance. Notez, j'ai possédé toutes les 125 bicylindres de l'époque, sauf celle-ci, et j'avoue le regretter aujourd'hui, car j'ai compris trop tard que c'était une bonne machine, accastillage mis à part.
2 De Tournesol -
Elle avait surtout un défaut d’image et un look ringard.
3 De fifi -
A cette époque, je n'avais pas les moyens de me payer la 49,9, alors la 125.
4 De Waldo7624 -
@Fifi : en 69 une mob bleue coutait un peu moins de 1000 Frs, c'était un peu plus que mon mois de salaire. Et un Solex, environ 400 Frs.
5 De fifi -
@ Waldo 7624 :
J'ai pu avoir les deux plus tard, d'occasions bien entendu.