La motocyclette que pilote Eugène, si elle n'a rien de la machine taillée pour la piste, suffit amplement à ce qu'il peut demander à un véhicule chargé de le mener d'un point A à un point B. Parce qu'il ne roule jamais de nuit, parce qu'il est partisan du "moins c'est mieux", Eugène roule, au mépris de la réglementation, sans le moindre dispositif imposé par la législation encadrant les équipements obligatoires des deux roues à moteur d'une cylindrée modeste. Parce qu'il n'emprunte (et uniquement sur de courtes distances) que des routes à peine secondaires peu fréquentées, parce que, aussi, les gendarmes ont d'autres chats à fouetter (pense-t-il), il va, l'âme sereine, par les chemins, le nez au vent (sauf toutefois lorsque les frimas hivernaux l'encouragent à porter un cache nez).
Mais parlons un peu de cette motocyclette. D'une cylindrée exacte de 155cc, elle ne rentre pas dans la catégorie des vélomoteurs et est bien ce que l'on appelle une motocyclette, une vraie. Ce moteur à quatre temps délivre une puissance d'environ deux chevaux 1/4 les beaux jours. Si cela peut paraître bien faible, il ne faut pas négliger le fait qu'Eugène ne pèse pas bien lourd et qu'il n'est, de toute manière, pas très friand de vitesse.
Une à deux fois par semaine, il démarre et enfourche sa pétrolette pour s'en aller visiter Marguerite, son grand amour de toujours, au village d'à côté. Elle aura, comme toujours, préparé du thé (il préfère le café) et une assiette de biscuits au gingembre (il préfère le saucisson à l'ail). Ils passeront ainsi, dans le petit salon si cosy, un moment simple et calme à papoter de tout et de rien, de la marche du monde comme des derniers ragots à la mode, des derniers examens médicaux et des études du petit dernier. Bien avant la fin du jour, par prudence, Eugène prendra congé et repartira dans l'autre sens, du point B au point A et remisera sa charmante et indéfectible petite moto jusqu'à la prochaine fois.
9 réactions
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1 De Liaan -
Eugène a des faux airs de Norbert.
Quel Norbert ?
Celui de "Norbert et Kary" (Cari, Cary ? je ne sais plus l'orthographe du nom du comparse de Norbert)
"Norbert et Cary" racontait l'histoire de Norbert, un type normal qui craque un jour où tout lui semblait hostile. Nous étions dans les années 1960. Il faisait un temps exécrable, ce jour là, la circulation automobile était si engluée que Norbert laissa tout tomber, voiture, boulot, logement, pour aller s'installer dans une ile du Pacifique, du côté de Tahiti, où il décida de s'installer. Sur place, il fit la connaissance de Kary (décidément, je n'arrive pas à écrire son patronyme correctement, ma mémoire flanche. Il suffirait que je questionne mon moteur de recherche préféré, à savoir Duck-duck-go pour connaître l'orthographe exacte de ce Cari...). Bref, ce récit me revient en mémoire en voyant la tête d'Eugène. L'histoire était racontée en bandes dessinées dans l'hebdomadaire Pilote dans la décennie 1960, écrite et mise en image par Godard (oui, celui de La Jungle en Folie). Inutile de vous dire que la vie métropolitaine de Norbert n'a duré que le temps de trois ou quatre vignettes, on le retrouve immédiatement installé dans ces iles paradisiaques. Il y eut un assez grand nombre d'albums de BD narrant les aventures de Norbert et Kari.
2 De Liaan -
Voilà, dans le doute, j'ai bouffé quelques giga-octets, et participé à la surconsommation d'énergie participant au réchauffement climatique pour confirmer l'orthographe de ce fameux "Kari". Voici ce que j'en retiens :
Norbert et Kari est une série de bande dessinée créée par Christian Godard publiée de 1963 à 1970 dans Pilote et en 1981 dans Gomme!, éditée en albums de 1974 à 1989 par Hachette, par Glénat, puis par Le Vaisseau d'Argent. Elle met en scène le jeune Polynésien Kari et son ami Norbert, qui a décidé de fuir Paris, exaspéré par les conditions de vie métropolitaines.
(source Ouiki).
À ce propos, je ne suis pas allé sur Ouiki : le moteur de recherche Duck-duck-go te permet de lire un bref résumé de ce qu'en dit Ouiki sur un sujet, sans pour cela interroger Ouiki. Les recherches sur Duck-duck-go sont anonymes. C'est appréciable.
3 De Jeannot lou Paysan -
Y me plaît bien Eugène. La décroissance sera d'autant plus aisée à ceux qui l'auront toujours pratiquée comme étant un mode de vie normal. Ainsi, la génération de mes parents, et celles avant eux, ne se serait pas déclarée "libérée" après un confinement payé à rien faire, et la perspective de pouvoir reprendre l'avion n'aurait pas suscité chez eux de barrissements tels que nous avons pu en entendre: "enfin! Nous allons pouvoir revivre! Respirer à nouveau!"
Un peu mieux, nous aurions cru assister à la libération d'Auschwitz. Et ce n'est pas fini. La suite s'annonce intéressante.
Je hais tous ces khons dépourvus de pudeur et civisme.
Et n'en aime Eugène que davantage ;-))
4 De Antonio -
Presque un billet par jour !
C'est le retour à l'ancien régime, sous Macron 1er, le temps où je m'appelais Jacky...
Être une heure, une heure seulement... (pour faire écho à la 3)
5 De Jeannot lou Paysan -
Antonio ( avec, ou San ?),
Ça tombe bien, malgré l'ambiguïté de votre écho, c'est une de mes chansons de Brel préférées.
C'est déjà ça !
6 De fifi -
WAOUH ! En plus, il y a deux valves.
7 De Antonio -
"C'est déjà ça..." Souchon, j'aime bien aussi (Abderrahman martin david...) mais Jacky, j'adore, sans ambiguïté ! C'est toujours ça...
8 De Tournesol -
Être raisonnable,c’est bien,mais c’est raisonnable….la démesure a ses attraits :-))
On pourra opposer la vision de José Maria de Heredia :
C’est là que satisfait de son destin borné
Gallus finit de vivre où jadis il est né
Va tu sais à présent que Gallus est un sage ( Villula)
A celle chantée par Brassens :
Et quand vient le moment de mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs,c’est là que je suis née
Je meurs près de ma mère et j’ai fait mon devoir (Les oiseaux de passage )
J’adorais Norbert et Kari,mais je préférais Martin Milan .
9 De Tournesol -
Les oiseaux de passage,poème de jean Richepin.